
Le nom de Sika résonne fortement parmi les internautes tchadiens. Cette jeune femme, connue pour son activisme engagé, secoue régulièrement la toile au Tchad en dénonçant avec vigueur la mal gouvernance et les profondes injustices sociales qui gangrènent son pays. Installée au Canada depuis plus d’un an, Sikata Nguemta poursuit son combat à distance, tout en éprouvant une profonde douleur face à l’immigration des jeunes Tchadiens, contraints de quitter leur terre faute de perspectives d’avenir.
Communicante passionnée, militante infatigable pour la justice sociale, Sikata s’investit également dans les questions cruciales de souveraineté africaine, de dignité humaine et d’émancipation des femmes. Originaire du Tchad, Sikata incarne une jeunesse engagée et plurielle. Elle multiplie les formes d’engagement : écriture, création de contenus, plaidoyer. Elle croit fermement que la parole a le pouvoir de changer les trajectoires individuelles et collectives, d’éveiller les consciences et de briser le silence.
Pour elle, ce combat est avant tout une « quête de dignité » dans une société qu’elle décrit comme « profondément inégalitaire ». Dans un tel contexte, garder le silence équivaut à devenir complice des injustices. « Être témoin du népotisme, de la marginalisation des femmes, du sacrifice de la jeunesse, et ne rien faire, ce n’est pas une option pour moi », affirme-t-elle avec détermination.
Sikata est une personnalité affirmée, parfois polémique, qui ne laisse personne indifférent. D’une voix posée mais ferme, elle dérange certains, ce qui lui vaut menaces et pressions répétées. Mais loin de se laisser intimider, elle dénonce un climat de peur savamment entretenu pour empêcher toute aspiration à un avenir meilleur. Elle clame haut et fort son attachement à la liberté, refusant que la peur devienne la norme.
Depuis son exil à plus de neuf mille kilomètres de son pays, Sikata Nguemta observe la situation avec un mélange d’inquiétude et d’espoir. Elle qualifie de tragédie le départ massif des jeunes Tchadiens vers d’autres horizons, souvent au péril de leur vie. « Aucun jeune ne quitte sa terre par plaisir. Ce sont des rêves brisés, des espoirs déplacés », déplore-t-elle. Elle insiste sur le fait que lorsque la jeunesse quitte un pays, c’est tout l’avenir de cette nation qui s’envole. Toutefois, elle nuance en reconnaissant que partir n’est pas toujours un choix idéal, mais parfois une nécessité pour survivre, respirer et se reconstruire. Elle encourage donc les jeunes à partir uniquement si la situation l’exige, mais toujours avec un objectif clair et en restant connectés à leur patrie.
Sikata ne cache pas non plus sa colère face aux traitements discriminatoires que subissent les Africains dans certains pays du continent : difficultés pour obtenir des cartes de séjour, visas, refoulements, rapatriements… « C’est révoltant et profondément douloureux », s’indigne-t-elle. Attachée aux valeurs africaines d’hospitalité et de solidarité, elle considère comme une honte que des Africains soient chassés d’autres pays africains. Cette réalité lui inspire une tristesse profonde, mais aussi une détermination intacte à continuer son combat pour un continent plus juste et solidaire.