
Pour alerter “sur des rafles et abus”, la Fédération des associations et groupements des Sénégalais en Mauritanie (Fagsem) avait observé un arrêt de travail de 48h la semaine dernière. En réaction, le ministère des Affaires étrangères annonce avoir trouvé, avec Nouakchott, une solution “juste et durable”. C’est là un nouvel épisode de la situation complexe que vivent des ressortissants de sénégalais établis dans ce pays au nord du Sénégal.
La situation est redevenue subitement compliquée pour une bonne partie de Sénégalais vivant en Mauritanie. Ces derniers jours, la Fédération des associations et groupements des Sénégalais en Mauritanie (Fagsem) a observé un arrêt de travail sur toute l’étendue du territoire mauritanien. C’est une réaction aux “rafles et mauvais traitements dont sont victimes de nombreux ressortissants sénégalais, en dépit des accords bilatéraux récents entre le Sénégal et la Mauritanie”. “Certains de nos compatriotes ont été interpellés à domicile, d’autres sur leur lieu de travail ou dans la rue”, renseigne la Fagsem. Face à cette situation inédite, le Sénégal déclare avoir mené, de concert avec Nouakchott, des concertations ayant abouti à une solution qui ne laisse des parties en rade et susceptible d’être durable.
Une application provisoire de l’accord sur la mobilité des personnes entre les deux pays est prévue à partir de ce 25 juillet , selon le ministère sénégalais de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères. “En raison de la situation difficile que vivent plusieurs Sénégalais établis en Mauritanie, les autorités sénégalaises et mauritaniennes ont entrepris des concertations afin de trouver une solution juste et durable à ce problème” annonce un communiqué du même ministère.
Au terme des discussions entre les autorités des deux pays, “il a été retenu que l’application provisoire de l’accord sur les conditions d’entrée, de séjour et d’établissement des personnes et de leurs biens entre la République du Sénégal et la République islamique de Mauritanie, signé le 2 juin 2025, [va démarrer] le 25 juillet 2025”.
L’intervention du ministère
Afin de soulager ces concitoyens au-delà de nos frontières, le ministère des Affaires étrangères a plus ou moins accéléré la cadence. Le département ministériel géré par Yacine Fall souligne, à la suite des échanges avec Nouakchott, que les Sénégalais se rendant en Mauritanie seront «dispensés totalement du paiement des frais relatifs» à leur séjour. En outre, ces Sénégalais résidant en Mauritanie pour une durée supérieure à trois mois doivent accomplir les démarches nécessaires pour l’obtention de la carte de séjour. “Ils devront se présenter aux lieux dédiés à cet effet, munis de leur carte nationale d’identité ou de leur passeport en cours de validité, ainsi que de leur carte consulaire, et payer un montant de 300 ouguiya (environ 4200 francs Cfa )’ précise le ministère sénégalais.
Il affirme que les autorités des deux pays “s’engagent à veiller à l’application rigoureuse dudit accord”. Dakar salue par ailleurs la «bonne collaboration» dont a fait preuve Nouakchott, “dans l’esprit des excellentes relations d’amitié et de fraternité qui lient les deux pays”. Le ministère de l’Intégration africaine et des affaires étrangères invite la communauté sénégalaise vivant en Mauritanie à “respecter scrupuleusement” les lois et règlements de leur pays d’accueil.
Il les assure de “l’empathie” et de la “solidarité” des autorités du Sénégal à leur égard. “L’ambassade du Sénégal en Mauritanie travaillera […] avec les autorités mauritaniennes et la communauté sénégalaise pour assurer à nos compatriotes de bonnes conditions de séjour en Mauritanie”, ajoute la missive du 17 juillet.
Les solutions de la Fagsem
Pour revenir vers la Fagsem, aujourd’hui on souhaite la “fin des rafles et arrestations abusives, de respecter les documents légaux détenus par nos compatriotes et d’élargir l’accès aux centres de dépôt de la carte de séjour”, tout en invitant “les autorités sénégalaises à renforcer l’assistance consulaire aux Sénégalais vivant en Mauritanie” Elle “appelle les autorités mauritaniennes et sénégalaises à appliquer effectivement les accords bilatéraux relatifs à la circulation et au séjour de leurs ressortissants respectifs”. Car selon l’organisation, “Les relations entre nos deux peuples sont profondes, forgées par l’histoire, la culture, la religion et la géographie. Il est de notre devoir collectif de préserver cette cohabitation pacifique, comme le rappelle très souvent le chef de l’Etat mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani”, assure la Fagsem.