Migo Natolban, originaire de Koumra, au sud du Tchad, est une figure marquante de la diaspora africaine au Canada. Arrivé il y a vingt ans, il s’est imposé comme animateur, écrivain, entrepreneur médiatique et fondateur de la web radio Réseau des Citoyens. Ce média se veut un espace de liberté face au verrouillage de l’espace médiatique tchadien. À travers cette plateforme, Migo donne la parole à ceux qu’on entend rarement, encourage les débats citoyens et exige une transparence dans la gouvernance publique. En peu de temps, le Réseau des Citoyens est devenu un média incontournable au Tchad.

Connu de la plupart des internautes tchadiens, Migo est une personnalité controversée. Il est admiré pour son courage et son franc-parler, mais aussi critiqué pour ses prises de position. Il s’est illustré par son opposition au régime d’Idriss Déby, dénonçant régulièrement les injustices. « Mon rôle n’est pas de plaire à tout le monde, mais d’assumer mes responsabilités face à l’histoire. Je suis un homme libre, constant dans mes principes, mais évolutif dans mes méthodes », affirme-t-il. Ses interventions lui valent critiques et menaces dans un contexte où la liberté d’expression reste fragile.

Certains observateurs estiment toutefois qu’il s’est adouci depuis l’arrivée au pouvoir de Mahamat Idriss Déby, ce qu’il réfute fermement : « C’est une lecture réductrice. Mon engagement n’a jamais été contre une personne mais contre un système ». Il précise que son militantisme est constant et orienté vers la justice sociale. Son combat vise à construire des sociétés inclusives, où les citoyens, notamment les jeunes, peuvent s’exprimer et vivre dignement.

Concernant la migration, Migo la considère comme un droit humain fondamental. Partir n’est pas un échec mais une quête de dignité. Il dénonce les conditions qui poussent les jeunes Africains à fuir leur pays. Pour lui, « l’Afrique doit devenir un choix, pas une contrainte ». Il appelle à des réformes profondes en matière d’éducation, d’emploi et de gouvernance pour que les jeunes n’aient plus à quitter leur terre natale faute de perspectives.

L’immigration, pour lui, n’est pas un rêve idéal. Il met en garde ceux qui souhaitent s’installer au Canada : « Il faut y aller avec un projet clair, une volonté d’apprendre, de s’intégrer et surtout de rester connecté à son continent ». Il estime que le Canada peut être un tremplin, mais que le véritable défi reste la contribution au développement de l’Afrique.

Migo ne s’est pas arrêté à la critique. Depuis quelques années, il travaille à la mise en place d’un ambitieux projet : la Cité de la Diaspora, prévue à N’Djamena. Il s’agit d’un quartier résidentiel et économique destiné à encourager le retour des Tchadiens de la diaspora, favoriser l’investissement et créer de l’emploi. Il sera doté d’écoles, de centres culturels, de commerces et de logements modernes répondant aux standards internationaux. Ce projet symbolise sa volonté de passer de la parole à l’action.

En parallèle, Migo prépare la publication en 2025 de son ouvrage ‘’Décoder l’avenir : Comment l’IA façonne le futur de l’éducation et de l’emploi en Afrique’’. Dans ce livre, il expose les bouleversements provoqués par l’intelligence artificielle sur les systèmes éducatifs et le marché du travail africain. Il propose également des pistes pour que l’Afrique puisse anticiper ces transformations et en tirer profit. L’objectif de cet ouvrage est d’inviter à une réflexion stratégique sur les mutations technologiques et leurs implications.

Malgré les obstacles, Migo garde espoir pour le Tchad et le continent africain. Il croit fermement au potentiel de son pays, à condition de résoudre les problèmes structurels tels que l’éducation, l’emploi et la sécurité. Tant que ces défis persisteront, les jeunes continueront de fuir. Il estime que le changement viendra par l’engagement citoyen et la participation active des diasporas au développement de leurs pays d’origine.

Migo Natolban est un activiste et professionnel des médias engagés socialement, dont le parcours atypique mêle militantisme, journalisme et travail professionnel. Son influence est réelle dans la diaspora tchadienne et au-delà, mais son combat pour la justice et la liberté d’expression le place au cœur de controverses politiques et sociales dans un contexte national tendu.