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Le rapport Alarme Phone Sahara dévoile un alarmant record des expulsions en 2024 par l’Algérie
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Le rapport Alarme Phone Sahara dévoile un alarmant record des expulsions en 2024 par l’Algérie
Youssouf Abdoulaye Haidara 🇳🇪
Youssouf Abdoulaye Haidara 🇳🇪
April 28, 2025

À la frontière entre l’Algérie et le Niger, le désert se transforme en champ de bataille humain. Le rapport 2024 d’Alarm Phone Sahara dévoile une tragédie sans précédent : des expulsions brutales et des pertes en vies humaines. Sous le joug d’une alliance controversée entre pays du Maghreb, ces déplacements forcés exacerbent la vulnérabilité des migrants subsahariens, livrés à eux-mêmes dans un décor impitoyable. Ce constat alarmant interpelle et exige une réaction urgente pour restaurer dignité et justice sur ces terres désertiques.

Des expulsions mortelles

Alarm Phone Sahara rapporte plusieurs décès survenus en 2024 à la frontière entre l’Algérie et le Niger. Parmi eux, cinq personnes, laissées dans le désert entre Point Zéro et Assamaka, ont succombé en mai. En outre, trois autres migrants, dont une petite fille de trois ans, sont morts au dispensaire d’Assamaka, tandis qu’un homme pakistanais expulsé est décédé en octobre après une courte maladie. Ces tragédies illustrent les dangers des expulsions dans des zones désertiques où les migrants sont abandonnés blessés, malades ou épuisés.

Par ailleurs, Alarm Phone Sahara dénonce les conditions brutales des convois d’expulsions. Par exemple, en août 2024, 1 018 personnes, dont 38 femmes adultes et 193 enfants mineurs, ont été expulsées en convoi officiel, alors que 339 autres ont été abandonnées dans des convois non officiels. Ces chiffres montrent l’ampleur de la problématique et les différents formats des expulsions, souvent marqués par des violations des droits humains.

Une coordination régionale au prix des droits humains

Les expulsions massives résultent de la coordination accrue entre les pays du Maghreb (Tunisie, Algérie et Libye), qui, encouragés par les politiques européennes, renforcent les arrestations et refoulements. Depuis avril 2024, une alliance maghrébine a été mise en place pour réprimer les flux migratoires sur les routes transsahariennes. Cette approche coordonnée vise à freiner l’arrivée de migrants, mais au prix de leur sécurité et dignité.

Selon les chiffres recueillis par Alarm Phone Sahara, des convois « officiels » comptant 8 666 personnes ont été enregistrés entre août et décembre 2024. Parmi ces expulsés, de nombreux enfants et adolescents nigériens. Alarm Phone Sahara révèle également que 2 940 personnes ont été abandonnées dans le désert en convois « non officiels », contraintes de marcher jusqu’à Assamaka sous des conditions éprouvantes.

Conditions précaires au Niger

Une fois expulsés, les migrants se retrouvent souvent bloqués dans des localités comme Agadez et Assamaka, sans ressources suffisantes pour continuer leur route ou retourner chez eux. En raison des capacités limitées des centres d’accueil de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), nombreux sont ceux qui vivent dans la rue ou dans des ghettos informels. Les programmes de retour volontaire, bien qu’existants, avancent lentement, obligeant les migrants à rester dans des situations de précarité prolongée.

Le rapport d’Alarm Phone Sahara met en évidence des exemples de cette réalité. Le 6 décembre 2024, 799 personnes ont été expulsées en convois officiels vers Assamaka. Parmi elles, 585 hommes, 38 femmes, 64 filles mineures et 47 garçons mineurs. Des convois non officiels ont également vu l’arrivée de 65 personnes, dont une majorité de ressortissants nigérians et maliens. Ces déplacements massifs témoignent des défis logistiques et humanitaires que le Niger doit gérer.

Conséquences de la tension diplomatique entre les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) et l’Algérie sur les migrants subsahariens

Depuis la destruction d’un drone malien par l’armée algérienne entre la nuit du 31 mars au 1er avril 2025, la tension est montée entre ces deux pays d’une part et d’autre part. Elle s’est étendue sur les deux pays de l’AES. Dans ce climat de crise, le renforcement des mesures migratoires peut affecter particulièrement les migrants subsahariens. Aussi, l’on doit s’attendre à des expulsions massives des migrants subsahariens vers le Niger. Pour l’ONG Alarm Phone Sahara, l’ensemble des organisations doivent se préparer pour porter assistance aux migrants qui seront expulsés vers le désert nigérien. 

Un appel urgent à l’action

Alarm Phone Sahara appelle à la cessation des expulsions dans des conditions dangereuses, à une aide humanitaire digne et suffisante, ainsi qu’à l’ouverture de voies sécurisées pour la migration. L’ONG souligne également la nécessité de réformer les accords entre pays du Maghreb et membres de l’Union européenne afin de respecter les droits humains des migrants.

En 2024, la migration transsaharienne a continué d’exposer les failles des politiques migratoires actuelles. Ce rapport soulève des questions cruciales sur l’humanité et l’efficacité des pratiques en cours. Les chiffres révélés montrent l’ampleur du défi et l’urgence d’agir pour protéger ces vies en quête de survie.


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