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Gbègo, un marché réputé pour son melting-pot au Bénin
Découverte
Gbègo, un marché réputé pour son melting-pot au Bénin
Ange Banouwin 🇧🇯
Ange Banouwin 🇧🇯
October 04, 2025

A Porto-Novo, ville située à une trentaine de kilomètres de Cotonou, se situe le marché dénommé : Gbègo. Du nom du quartier où il est implanté qui signifie renaissance en langue locale Gun, c’est l’un des principaux marchés de la capitale politique du Bénin. A Gbègo, la nature des articles n’est pas l’unique originalité. Ces principaux tenanciers restent également une particularité. 

Cette mi-journée de septembre 2025, c’est un soleil de plomb qui luit à Porto-Novo. De part et d’autre de l’artère principale qui mène au  marché Gbègo, pilule des boutiques de vente de tous genres : électroménager et mobilier de maison, plomberie… Aussitôt arrivé à l’entrée principale, plusieurs démarcheurs accourent criant à la volée : « Vous désirez quoi ? Venez par ici ; suivez-moi…».

Trois communautés animent le marché Gbègo à Porto Novo au Bénin. Les nationaux sont compris entre 5% et 10% selon les propos recueillis et recoupés. Les plus nombreux sont les Nigériens, les Haoussa  comme on les désigne ici. Après eux, on distingue en termes d’effectif, les Igbo du Nigéria. 

Les Béninois sont majoritairement réputés pour être des maintenanciers et réparent des électro-ménagers, notamment les téléphones portables, ordinateurs et autres. Les Haoussa  sont spécialisés dans la vente de tissus, chaussures, des fringues etc,  et les Igbo dans la vente des téléphones portables, des électroménagers et du matériel d’électricité : ampoules rallonges, interrupteurs…    

« Les quelques béninois que nous sommes, sont des maintenanciers. Quelques-uns d’entre nous ont des boutiques aussi », indique Claudio Zinsou, le président des marchands Béninois. « Disons que les grandes activités, c’est les Igbo et les Haoussa qui le font. Parce qu’ils vont au Nigeria. Ils ont la facilité d’y aller pour ramener des marchandises », précise-t-il.  

D’un espace communautaire en centre d’affaires

L’espace ou se situe le marché Gbègo était la devanture de certaines habitations avant de devenir un grand centre commercial. « Quand on regarde, on observe que c’est la devanture de certaines maisons et c’est devenu un marché. Avant, il y avait des vendeuses de tomates, de poissons, et des maisons familiales. Avec le temps, l’espace a été alloué aux étrangers. Certains héritiers ou leurs enfants sont à l’étrangers, d’autres à cause de leurs études ne sont plus sur place », dit Ishola Lalèyè, un des anciens de nationalité béninoise. Communément appelé Aladji Ishola, il est l’un des maintenanciers de Gbègo. 

Zinsou, sexagénaire se souvient d’une époque : « Avant, moi j’étais à la Place Bagnole et on nous a délogé pour ici. Cela remonte à plus de trente ans ». 

Lalèyè, note que des commerçants ont été réinstallés sur l’espace actuel, au moment où on devait construire un parc  automobile à l’endroit où ils  étaient, qui est désigné « Alaga » (Gare ferroviaire de Porto-Novo-ndlr).

A Gbègo, la spécificité des produits qu’on y trouve, généralement en provenance du Nigéria, ou de Cotonou, et la diversité des communautés qui l’animent, restent ses attraits. Certains des marchands ont passé déjà plus de deux décennies sur les lieux et/ou se sont mariés avec des Béninois. D’autres ont construit leur propre maison à Porto-Novo, ont des enfants qui y sont nés et parlent des langues locales du pays, et vont à l’école. 

Du mécanisme de Peacemaker à Gbègo

Les communautés des différents pays cohabitent sans grandes discordes, à Gbègo. « Ici, il n’y a pas de problème entre les différentes communautés.  On ne dit pas que tel est Béninois, l’autre est ceci ou cela », dit Lalèyè.

« S’il arrive qu’il y ait des différends, une partie doit savoir raison garder pour maintenir l’harmonie », explique  Zinsou. C’est à ce prix que l’homme tenancier d’une boutique de vente d’articles divers, témoigne de son leadership pour la quiétude avec ses pairs de différentes communautés. 

Il précise qu’ils ont des occasions de réjouissances comme on en compte dans nombre d’associations d’acteurs du même secteur, dans cette ville réputée pour ses réjouissances populaires. 

Outre le mécanisme de conciliation mis en place pour régler les différends et extirper de leurs rangs des fauteurs de troubles et autres personnes de mauvaise foi, Djafarou Bawa, président des Nigériens, la communauté la plus représentative du marché relève également le lien d’affaire.

« C’est le business qui nous unit plus. Chacun pratique sa religion. Parfois, on va acheter des marchandises ensemble à Cotonou ou au Nigeria. Certains vont également au Niger.  Et quand on parle du Bénin, du Niger, et du Nigeria, on parle de la CEDEAO », souligne-t-il. Aujourd’hui avec les nouvelles donnes géopolitiques, il souhaite que les dirigeants puissent trouver un terrain d’entente. 

« Nous n’avons pas de problèmes ici. Pour régler les différends, une fois par mois, chaque communauté tient une réunion avec son président et s’il y a des problèmes on l’évoque, après entre président on cherche les solutions », dit à Dialogue Migration, le président des Igbo,  Tony Okfar.

« Le fait de vendre les même articles fait qu’il y a souvent la concurrence sur les prix. Sinon on n’a pas de problèmes particuliers », précise-t-il. En attendant que leurs initiatives face au phénomène des démarcheurs qui influencent leurs affaires soient concluantes, les marchands de Gbègo font leurs affaires et le bonheur de leur clientèle.  


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