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Entre liens séculaires et intégration communautaire en Afrique
Découverte
Entre liens séculaires et intégration communautaire en Afrique
Ange Banouwin 🇧🇯
Ange Banouwin 🇧🇯
October 04, 2025

La cohésion au sein des communautés de pays différents qui se retrouvent sur un même territoire en Afrique peut être liée à des liens séculaires. C’est le cas entre des peuples du Burkina Faso et les Tchadiens. Deux pays qui partagent des liens de proximité, sans être frontaliers, bien que se retrouvant tous dans la même zone géographique : le Sahel. 

Agé de 10 ans à l’époque, N’Doram* est arrivé au Burkina Faso par le biais de son frère aîné qui au terme de ses études supérieures dans le pays y travaillait comme enseignant. « Je ne me souviens plus exactement de notre parcours, mais je sais que depuis N’Djamena, nous sommes allés à Kousseri, une petite ville camerounaise située à une dizaine de kilomètres de la frontière tchadienne. Puis, nous avons traversé Maiduguri, ensuite Kano au Nigeria, puis le Niger avant d’arriver enfin au Burkina Faso. En résumé, nous avons voyagé à travers le Cameroun, le Nigeria, le Niger, avant d’atteindre notre destination », relate-t-il.

A cette époque, début des années 2000, se souvient-il, il n’y avait pas encore de menaces terroristes, ce qui rendait les voyages moins angoissants. Cependant, au Nigeria, des bandits de grand chemin étaient présents.  

N’Doram a vécu à Pô, une ville située au sud, non loin de la frontière avec le Ghana. « J’ai grandi au pied du Pic du Nahouri, l’un des sommets les plus élevés du pays. C’est là que j’ai effectué mes études primaires et secondaires. J’étais en classe de 5e lorsque mon grand frère a été affecté à Ouagadougou. Depuis, je vis dans la capitale où j’ai terminé mes études secondaires et où j’ai poursuivi mes études universitaires », raconte-t-il. 

Il mène une vie ordinaire, comme n’importe quel citoyen au Burkina. « Je partais à l’école, comme tous les enfants de mon âge, puis je suis allé à l’université. Je fréquente les mêmes lieux et partage les mêmes expériences que tout le monde. Entre amis, camarades, collègues, et condisciples, l’ambiance est agréable. On partage un verre, on déguste notre ‘’benga’’ (haricot) avec appétit, et la vie suit son cours. La majorité de mes amis sont Burkinabè, et j’ai en réalité très peu d’amis tchadiens, ce qui s’explique par le fait que j’ai grandi au Burkina Faso », dit-il. 

« Au Burkina Faso, les gens sont chaleureux et accueillants. Partout, on ressent cette gentillesse et cette bienveillance. Entre amis, on se rend visite régulièrement. Le racisme et la discrimination n’y ont pas vraiment leur place », ajoute-t-il.

Cependant, les Tchadiens se retrouvent souvent lors d’occasions festives ou sociales : mariages, baptêmes, funérailles, maladies… De plus, un lieu appelé QG de l’Afrique Centrale, créé par un groupe de jeunes Tchadiens, leur sert de point de rencontre régulier. Il s’agit d’un restaurant où l’on trouve des plats tchadiens et burkinabè. Un endroit atypique, entouré de nombreux arbres qui évoquent une petite forêt, jouxte même la forêt protégée de Bangré Wéogo, située en plein centre de Ouagadougou. 

Une parenté identitaire sur les traces des origines

N’Doram reste marqué par ses expériences au Burkina. Particulièrement la proximité de son pays d’origine et celui d’adoption. « D’après l’histoire, les Gourmatché et les peuples du Sud-Ouest du Burkina Faso seraient originaires du Tchad. Il existe d’ailleurs une forte ressemblance entre nos cultures, ainsi que dans certains régimes alimentaires. Ainsi, lorsque les gens apprennent que je suis Tchadien, ils m’appellent affectueusement “grand-père”, ce qui me réjouit énormément », confie-t-il avec enthousiasme.

Il raconte une de ses expériences : « Un jour, alors que je me trouvais à Gaoua, une ville du Sud-Ouest, un homme s’est approché de moi et s’est mis à me parler en Gourmatchéma. Je lui ai expliqué que je ne comprenais pas la langue. Il était incrédule, convaincu que j’étais Gourmatché et que je devais donc forcément parler cette langue. Surpris par mon ignorance du Gourmatchéma, il m’a avoué que je ressemblais fortement aux Gourmatché. Je lui ai répondu en souriant que c’était normal, car je suis Tchadien, donc le “grand-père” des Gourmatché. Cette remarque l’a beaucoup amusé, et moi aussi ». 

N’Doram affectionne l’hospitalité africaine, une réalité largement partagée dans l’ensemble du Grand Sahel, dont il réprouve le contraste observé dans d’autres régions du monde. 

*Nom d’emprunt


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