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Sur les routes de la migration : quand la presse devient outil de veille
Découverte
Sur les routes de la migration : quand la presse devient outil de veille
Youssouf Abdoulaye Haidara 🇳🇪
Youssouf Abdoulaye Haidara 🇳🇪
November 04, 2025

Agadez, carrefour historique des routes migratoires, se trouve aujourd’hui au centre d’un débat mêlant drame humain, sécurité et responsabilité médiatique. Journalistes, souvent témoins des pires violences mais aussi des actes de solidarité, se voient proposer une formation destinée à renforcer leur capacité à documenter les parcours migratoires sans instrumentaliser les personnes en situation de mobilité. Une initiative du Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme en partenariat avec Alternative Espaces Citoyens Agadez qui vise à donner aux professionnels des outils juridiques et méthodologiques pour identifier les violations, protéger les sources et aborder les récits avec dignité. Sur le terrain, entre zones de départ et points de transit, les reportages influencent décisions politiques, réponses humanitaires et perceptions publiques. Former les journalistes, c’est donc améliorer la qualité de l’information mais contribuer à la prévention des abus et à l’alerte rapide en cas d’urgence. En renforçant compétences et déontologie, ces sessions cherchent à transformer les reportages en instruments de veille et plaidoyer, à humaniser les chiffres et à offrir une narration plus précise des souffrances et des résistances qui traversent la région.

Le rôle central du journaliste

Le choix de cibler les journalistes est stratégique.

“Il n’y a pas mieux que les journalistes pour sensibiliser sur les souffrances de ces personnes vulnérables, sur leur vulnérabilité justement face à certaines personnes, certains trafiquants,” explique M. Seydou Assane Coordonnateur Régional Alternative Espaces Citoyens Agadez. L’idée principale derrière ce rassemblement est d’équiper les professionnels des médias pour qu’ils puissent remplir au mieux leur mission d’information et, par extension, de protection des droits humains.

Les journalistes invités provenaient des régions de Zinder, Tahoua, et Agadez. Ce choix n’est pas anodin, car ces régions représentent les principaux points de départ et de transit pour les migrants, qu’ils soient en route vers le nord ou sur le chemin du retour. La réalité quotidienne dans ces zones expose les migrants à des dangers constants, amplifiant l’importance d’une couverture médiatique éclairée et responsable.

Une nécessité double : informer et former

La formation s’est concentrée sur deux axes essentiels pour M. Seydou Assane : “informer et former.”

“ Informer : L’objectif était de mettre à niveau les journalistes sur l’ensemble des droits humains, avec un accent particulier sur les droits des personnes vulnérables que sont les migrants.

Former : Cela concernait la manière de traiter ces sujets. Il ne suffit pas de connaître les faits ; la façon de rapporter l’information est primordiale pour éviter de nuire davantage aux personnes déjà en situation de précarité.”

“L’idée était qu’ils soient formés et informés,” insiste le Coordinateur Régional de l’AEC.

La dure réalité des migrants et des trafiquants

M. Seydou Assane décrit les trafiquants comme des individus qui organisent les déplacements des migrants en leur imposant des prix très élevés. Pire encore, ces pratiques exposent régulièrement les migrants à tous les dangers. Le fait que les trafiquants opèrent eux-mêmes dans l’illégalité signifie qu’ils sont prêts à abandonner ces migrants dans le désert au moindre risque d’être découverts. Selon le coordonnateur d’AES/Agadez, “de telles situations se produisent souvent, nécessitant l’intervention des militaires en patrouille. Ces forces armées sont régulièrement les premières à découvrir des migrants en détresse et à les sauver d’une mort certaine. Ce sont ces histoires, ces souffrances et ces vulnérabilités que les journalistes ont la responsabilité de rapporter avec exactitude et sensibilité” ajoute Seydou Assane.  

Vers une protection accrue

Les journalistes sont les mieux habilités à sensibiliser l’opinion publique et les décideurs sur les souffrances et les dangers vécus par les migrants. Aussi, pour Seydou Assane pour que ces professionnels de l’information puissent réussir leur mission ( qui est aussi une mission de protection des droits des migrants), ils doivent être correctement formés et informés.

“L’objectif à long terme est de faire des journalistes des acteurs efficaces dans le plaidoyer et la veille en matière de droits des migrants, une population souvent déshumanisée et exploitée. Leur rôle ne se limite pas à la simple narration, mais s’étend à la surveillance et à l’alerte contre les abus et les violations”.

L’initiative du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme à Agadez constitue donc une étape importante. En renforçant les capacités des journalistes de Zinder, Tahoua et Agadez, elle vise à améliorer la qualité du reportage sur la migration, à humaniser les chiffres et, par conséquent, à contribuer à une meilleure protection des droits des personnes en transit.


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