
L’actualité migratoire ne se résume pas aux naufrages et aux chiffres de départs. De la Gambie au Tchad, du Sénégal à la Méditerranée, des voix s’élèvent, des alternatives s’inventent et des résistances s’organisent. Cette revue de presse met en lumière les initiatives positives, les combats pour les droits et la nécessité de regarder les mobilités humaines autrement.
En Gambie, vingt jeunes, dont neuf femmes, ont bénéficié de subventions de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) afin de lancer ou développer des projets entrepreneuriaux dans des secteurs clés tels que l’agriculture, l’artisanat ou la mode. Une initiative qui met en lumière la capacité des nouvelles générations à inventer des alternatives économiques sur place, face à un contexte où la tentation du départ reste forte. Selon un rapport de Caminando Fronteras, plus de 1 800 personnes ont trouvé la mort ou ont disparu en tentant de rejoindre l’Europe entre janvier et mai 2025, un drame qui illustre le manque de voies légales et sûres de migration.
Au Tchad, la troisième édition du cours d’été de l’OIM consacré à la migration et au climat s’est achevée à N’Djamena début septembre. Ce programme a réuni des jeunes de différentes provinces pour les sensibiliser aux liens entre mobilité humaine et bouleversements environnementaux. Objectif : former de véritables ambassadeurs capables de défendre, dans leurs communautés, une approche lucide et constructive de la migration dans un pays à la fois de départ, de transit et d’accueil.
Au Sénégal, les autorités affirment avoir interpellé près de 2 000 personnes au premier trimestre 2025 dans le cadre de leur stratégie de lutte contre la migration dite irrégulière. Mais ces chiffres révèlent surtout l’ampleur du désir de mobilité qui traverse la région et les limites des réponses centrées sur le contrôle. Les initiatives officielles peinent à répondre aux aspirations des jeunes, malgré l’annonce d’une vision de long terme « Sénégal 2050 ».
En Mauritanie, les garde-côtes ont porté secours à 171 personnes en route vers les Canaries, victimes d’une panne en mer. Si les autorités mettent en avant l’aspect sécuritaire de leur intervention, ce sauvetage rappelle aussi que les migrants, venus de divers pays d’Afrique de l’Ouest, continuent de braver les dangers faute d’alternatives sûres. Huit d’entre eux, dans un état critique, ont été hospitalisés à Nouakchott.
En Méditerranée, l’ONG italienne Mediterranea Saving Humans a rassemblé des preuves de l’implication de militaires libyens dans des opérations de trafic d’êtres humains. Les clichés pris par un journaliste embarqué montrent des hommes armés, cagoulés et en uniforme. Ces documents, transmis à la justice italienne et à la Cour pénale internationale, confirment les témoignages de nombreux exilés sur la complicité des autorités libyennes dans ce commerce.
À Genève, le 12 septembre, un ouvrage inédit a été présenté : « Le livre de la honte ». Rédigé par des collectifs de réfugiés en Libye, au Niger et en Tunisie, il rassemble une centaine de témoignages accusant le Haut-Commissariat aux Réfugiés de graves manquements dans sa mission de protection. L’ouvrage dénonce notamment la répression des mobilisations, le silence imposé aux réfugiés et la coopération de l’agence onusienne avec les politiques européennes de confinement. Un travail qui donne directement la parole aux premiers concernés.
À Montreuil, près de Paris, un nouveau campus porté par l’organisation eachOne ouvre ses portes pour accompagner réfugiés et nouveaux arrivants dans leur insertion professionnelle. Une école qui s’inscrit à rebours des discours de rejet, en pariant sur la formation et l’intégration économique comme clés d’une société plus inclusive.
En Espagne, la justice a condamné l’ancienne déléguée du gouvernement de Ceuta et l’ex-vice-présidente de la ville pour avoir expulsé illégalement 55 mineurs marocains en 2021. Ce jugement, qui les rend inéligibles pendant neuf ans, rappelle que la protection des enfants migrants doit primer sur les calculs politiques et les décisions arbitraires.
Aux îles Canaries, le navire humanitaire Open Arms a jeté l’ancre pour deux mois. Au-delà de ses missions de sauvetage en Méditerranée, l’ONG veut ici sensibiliser la population locale à la réalité de la route atlantique. Des conférences et des visites pédagogiques sont prévues afin de replacer l’humanité des exilés au cœur des débats, face à une instrumentalisation politique de la migration de plus en plus marquée en Europe.
Enfin, l’Organisation internationale pour les migrations alerte sur une hausse de 34 % des mouvements migratoires vers la péninsule arabique au premier semestre 2025. Malgré les dangers, chaleur extrême dans le désert de Djibouti, débarquements forcés, violences de passeurs, des dizaines de milliers de personnes poursuivent leur route. Une réalité qui souligne à la fois la gravité des situations dans les pays d’origine et la résilience des migrants, prêts à tout pour un avenir meilleur.