C’est une annonce historique pour la libre circulation en Afrique. Le Kenya a officiellement supprimé l’obligation de visa pour tous les citoyens africains, ainsi que pour la majorité des pays de la Caraïbe. Une décision qui redéfinit les contours de la mobilité continentale et fait figure de modèle pour de nombreux États africains.

Depuis le début de l’année, les ressortissants africains (à l’exception de la Libye et de la Somalie, pour des raisons sécuritaires invoquées par Nairobi) peuvent entrer au Kenya sans visa, sans formulaire, sans frais d’autorisation de voyage électronique (ETA). Il suffit désormais de présenter un passeport en règle à l’arrivée.

Cette mesure permet aux Africains non membres de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) de séjourner jusqu’à deux mois, et aux citoyens de la CAE (Burundi, Rwanda, Ouganda, Tanzanie, Soudan du Sud) de rester jusqu’à six mois, conformément aux règles de libre circulation régionale.

Vers une Afrique plus mobile : un modèle à suivre ?

Le président kenyan William Ruto avait promis, lors du sommet africain sur le climat qui s’est tenu du 4 au 8 septembre 2023 à Nairobi, que le Kenya serait un pays sans visa pour les Africains dès 2024. C’est désormais chose faite, et l’initiative pourrait inspirer les autres membres de l’Union africaine qui peinent à appliquer la libre circulation des personnes, pourtant inscrite dans l’Agenda 2063.

En 2023, seuls la Gambie, Seychelles, Rwanda et désormais le Kenya ont totalement supprimé les visas pour tous les pays africains.

Des effets attendus sur le tourisme et la coopération

Le gouvernement kenyan voit dans cette ouverture un levier de croissance pour le tourisme, les échanges commerciaux, la mobilité des talents et l’unité africaine. Le secteur touristique, moteur économique clé du Kenya, espère une hausse significative du nombre de visiteurs africains.

Une leçon pour l’Afrique de l’Ouest et le Togo ?

Alors que les jeunes togolais aspirent de plus en plus à voyager, étudier ou faire du commerce en Afrique anglophone, la mesure kényane pourrait ouvrir des opportunités nouvelles, notamment dans l’éducation, les affaires ou la culture.

Mais elle invite aussi à s’interroger sur la lenteur de mise en œuvre du protocole de libre circulation de la CEDEAO, les contraintes bureaucratiques qui pèsent encore sur les déplacements en Afrique de l’Ouest, et la cohérence des politiques migratoires nationales face aux défis de mobilité intra-africaine.

Un signal fort pour une Afrique plus unie, plus mobile et plus solidaire.
Et si le Kenya montrait la voie d’une véritable citoyenneté africaine sans frontières ?