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Phénomène migratoire, la banlieue aux premières lignes de la sensibilisation 
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Phénomène migratoire, la banlieue aux premières lignes de la sensibilisation 
Mamadou Diop 🇸🇳
Mamadou Diop 🇸🇳
March 29, 2025

La sensibilisation autour de la migration est une affaire de tous. Cela semble être bien assimilé en banlieue dakaroise. C’est dans ce cadre de la lutte contre l’immigration irrégulière à Keur Massar (département de Dakar, Sénégal) que l’Académie Banlieue Culture, Konrad Adenauer et la Génération Solidaire Sénégalaise ont organisé, en février à Keur Massar un atelier d’échange pour impliquer des Badiénou Gokh dans la sensibilisation pour la promotion des alternatives territoriales. 

Les “badjénou gokh”, littéralement “marraines de quartiers”, sont à la base chargées d’assister les femmes enceintes, veillant à ce qu’elles fassent régulièrement leurs consultations prénatales. Elles veillent aussi à ce que les femmes enceintes soient assistées d’un professionnel de santé lors de l’accouchement. L’on se demande alors sans doute comment ce concept, imaginé il y a une quinzaine d’années par l’ex-président de la République Me Abdoulaye Wade, intervient dans les questions migratoires. Et bien en banlieue notamment on semble pouvoir apporter des réponses à cette interrogation. D’autant que la migration intéresse tout le monde. 

Ainsi, pour lutter contre l’émigration irrégulière dans le 46ème département du Sénégal frappé par la pauvreté et le chômage des jeunes, l’Académie Banlieue Culture (ABC), Konrad Adenauer et la Génération Solidaire ont organisé un atelier sur : « Implication des Badienou Gokh dans la sensibilisation sur la migration irrégulière et la promotion des alternatives territoriales ». L’objectif est d’intensifier la sensibilisation sur la migration et l’implication des Badiénou Gokh, à cause de leur proximité avec la jeunesse. Car au-delà des plus ‘classiques’ chefs de quartiers, autres voix sociales jouissant d’un certain voisinage avec les jeunes, plus exposés aux envies d’ailleurs, ces braves dames peuvent aussi avoir leur mot à dire pour leur faire entendre raison aux candidats. 

A l’occasion de cette rencontre, plusieurs solutions ont été identifiées. Il s’agit selon le président de l’ABC de développer une industrie locale en mettant en place une chaîne de valeur dans les secteurs de l’économie pour permettre aux jeunes de travailler et de générer des richesses. Amath Sarr a plaidé pour la mise en place d’un réseau sur la migration à Keur Massar en vue de proposer des stratégies de lutte contre le fléau. Il a invité les acteurs à mettre l’accent sur les migrants de retour pour réussir le combat. 

Keur Massar est un département caractérisé par une forte densité et un manque d’engagement politique pour soutenir la population c’est pourquoi aujourd’hui, il est devenu une potentielle zone de départ pour la migration irrégulière. Le jeune département a toutes les caractéristiques d’une cité-dortoir. Et à un moment donné, les besoins les plus élémentaires peuvent pousser à un réveil parfois brutal, se transformant en un cauchemar dans le mirage de l’Eldorado. « Le chômage endémique, l’absence de politique d’accompagnement et d’orientation et un manque d’opportunités constituent la principale cause de l’émigration irrégulière », a

affirmé Monsieur Sarr. Toutefois, reconnaît l’acteur social, cette situation de précarité ne devrait en aucun cas être une excuse pour aller vers l’aventure, l’inconnu. “Avec notre structure, il nous a paru évident que les canaux pour mener à bien la sensibilisation sont intarissables. C’est ainsi qu’associer les Badienou gokh à cette lutte apparaît comme un énième rempart à échafauder pour éviter à de milliers de jeunes de la banlieue notamment et d’ailleurs à ne pas périr en mer ou dans le désert inhospitaliers”. 

En même temps, faut-il encore le rappeler avec les nouvelles politiques mises en place par l’extrême droite en Europe et aux USA, la situation est devenue ces dernières années difficile pour les migrants africains qui vivent dans ces pays. Ainsi, beaucoup de migrants ont choisi de retourner au bercail pour investir et participer à la lutte contre la migration irrégulière. Selon Amath Sarr toujours, cette prise de conscience qui permet ce retour aux sources, est une certaine aubaine dans cette grande offensive de la sensibilisation. “Il faut sensibiliser les jeunes et impliquer les migrants de retour qui ont vécu des difficultés lors de leurs séjours à l’étranger dans les campagnes de sensibilisation. C’est cette stratégie qui va produire des effets dans les communautés. Ils peuvent dissuader les candidats et les pousser à chercher d’autres solutions », a expliqué le représentant du président du Conseil départemental de Keur Massar. 

Yeumbeul, pour la prochaine étape

En outre, cette activité est la deuxième organisée par ABC en une semaine, après celle sur le retour des migrants à Yeumbeul Nord. En effet, dans cette partie aussi importante en banlieue dakaroise, l’Académie Banlieue Culture (ABC) a tenu une table ronde communautaire intitulée « Wax Tānn Ci Dém Dikk (traduction : discuter de la migration) » sur la migration de retour. Cet événement s’inscrit dans le cadre de la campagne de communication pour une réinsertion réussie des migrants de retour et pour une migration sûre et ordonnée. Là aussi, l’accent a été mis sur ceux qui prennent le chemin inverse. “Avec l’ensemble de la communauté, nous avons eu une discussion très enrichissante mettant en exergue les difficultés auxquelles sont confrontés les migrants de retour dans leur réinsertion sociale ainsi que les différents mécanismes à mettre en place au niveau local”. 

Des solutions ont été proposées pour accompagner ces migrants. Parmi elles, la mise en place d’un bureau de suivi psychologique à Yeumbeul Nord. Les autorités locales présentes ont exprimé leur soutien à la création de ce bureau, en collaboration avec l’association et des personnes ressources telles que M. Mambouré, psycho-thérapeute.


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