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Quand l’immigration met à l’épreuve des familles africaines
Témoignage
Quand l’immigration met à l’épreuve des familles africaines
Koffi Dzakpata 🇹🇬
Koffi Dzakpata 🇹🇬
March 28, 2025

Dans de nombreuses familles togolaises et africaines, l’un des parents, souvent la mère ou le père, se voit contraint de migrer vers un autre pays pour subvenir aux besoins de la famille. Cette quête du mieux-être transforme la structure familiale et crée des blessures invisibles, marquées par l’absence et l’attente. Entre espoir et souffrance, ces familles tentent de maintenir un lien, malgré la distance et les épreuves.  Adjoa et Kevin ont confié à Dialogue Migration leurs témoignages sur cette réalité poignante. 

Le courage d’Adjoa Sika, mère et migrante

À 38 ans, Adjoa Sika incarne le courage de ces mères prêtes à tout pour assurer un avenir meilleur à leurs enfants. Après la perte de son mari, elle n’a eu d’autre choix que de quitter le Togo pour le Mali, espérant y trouver un emploi stable. « J’ai laissé mes trois enfants à ma mère. Chaque appel vidéo me rappelle à quel point ils grandissent sans moi. Ma fille aînée me reproche mon absence. Mon plus jeune fils ne comprend même pas pourquoi je suis loin. Je travaille dur pour leur envoyer de l’argent, mais parfois je me demande si j’ai fait le bon choix. », confie-t-elle avec émotion.

Adjoa n’est pas seule. Comme elle, des milliers de mères africaines migrent, affrontant l’isolement, les discriminations et le poids de la séparation. Une étude de la revue Cairn met en lumière les défis spécifiques auxquels ces femmes sont confrontées: entre exploitation au travail et solitude affective, leur double statut de migrante et de mère les rend particulièrement vulnérables.

Grandir sans parents

Si les parents souffrent de l’éloignement, les enfants laissés derrière en subissent aussi les conséquences. Kevin, 17 ans, en sait quelque chose. Son père est parti en Italie alors qu’il n’avait que 10 ans. « Au début, il appelait souvent, nous envoyait des cadeaux. Mais avec le temps, les appels se sont espacés. J’ai dû grandir vite. Après l’école, je fais des petits boulots pour aider ma mère à payer les factures. Parfois, j’envie mes amis qui ont leurs deux parents à la maison. Mon père me manque, mais je ne lui en veux pas. Il a fait ce qu’il fallait pour nous. », a-t-il confié. 

Les enfants de migrants font face à des défis multiples : troubles émotionnels, difficultés scolaires, manque de repères parentaux. Une étude menée en Chine sur la migration interne souligne que l’absence des parents, en particulier de la mère, accentue les désavantages des enfants les plus vulnérables. Cependant, les envois d’argent et un soutien familial fort peuvent parfois atténuer ces effets.

Un sacrifice à double tranchant

Derrière les transferts de fonds et les espoirs de jours meilleurs, la migration des parents laisse des traces profondes dans les relations familiales. La distance physique se transforme souvent en distance affective. Certains retrouvent leur famille après des années, mais les liens ont changé, parfois irrémédiablement.

Alors que des initiatives émergent pour mieux accompagner ces familles séparées, la question demeure : le prix du sacrifice en vaut-il toujours la peine ? Pour Adjoa et Kevin, la réponse oscille entre l’amour et la résilience, entre le manque et la nécessité.

En attendant le jour du retour, ils s’accrochent à ce fil invisible qui les relie : l’espoir d’une réunion, d’un foyer recomposé, d’une histoire à réécrire à deux voix.


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