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L’ambassade de Suisse plaide pour une approche plus humaine de la question migratoire 
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L’ambassade de Suisse plaide pour une approche plus humaine de la question migratoire 
Mamadou Diop 🇸🇳
Mamadou Diop 🇸🇳
May 27, 2025

Sortir de la “tyrannie des chiffres” pour “humaniser” le débat migratoire et parler également des violences associées à la migration, voilà le dessein de l’ambassade de Suisse au Sénégal. Pour ce faire, une table ronde pour donner davantage la parole aux victimes apparaît comme une évidence. Le moins que l’on puisse dire, c’est que, ce 09 mai, à l’instar de l’initiative de Dialogue Migration, la représentation diplomatique semble comprendre qu’un changement drastique de paradigme est nécessaire.

Le temps d’une demi-journée, ce 09 mai, l’ambassade de Suisse au Sénégal a évoqué la question migratoire avec un tout autre regard. “On a choisi de changer de paradigme. On évoque souvent les chiffres, c’est une façon de voir les choses. Mais cette fois-ci, on a voulu humaniser le débat en donnant la parole à ceux qui ont vécu la migration irrégulière. Même s’il est clair, qu’il n’est jamais facile pour une victime de revenir sur son expérience, car souvent ce sont des moments qu’on ne voudrait pas se remémorer”, soutient l’ambassadeur Andréa Semadeni. 

En résumé, l’ambassade de Suisse veut sortir de la tyrannie des chiffres et mettre l’humain au centre à travers des récits inspirants. On essaie de croiser les regards. Dans son monologue, M. Samadeni, a essayé de faire comprendre la posture européenne par rapport aux enjeux actuels de la migration. “Pour en venir à la migration proprement dite, nul n’ignore que la population européenne est vieillissante. De ce fait, le vieux continent a besoin de sang neuf. C’est pourquoi, il puise de plus en plus de ressources humaines de qualité en Afrique”. Il poursuit pour en placer une itou pour le continent africain. “Toujours est-il qu’il ne faudrait pas que l’Afrique pâtisse de cette approche européenne.

Récemment, rien que le Zimbabwe a coupé cet élan de plus de 4000 agents de santé qui voulaient rejoindre l’Angleterre. Le gouvernement zimbabwéen ne peut pas financer la formation d’autant de monde et ne pas en profiter, en priorité. 

 Une panoplie de violences

Pour sa part, la conseillère technique régionale au service social International, pour l’Afrique de l’ouest, Abena Yamoah, a établi une typologie des violences auxquelles les migrants sont confrontés. “La première forme de violence, à mon avis se situe au niveau des transits. Mais intéressons-nous d’abord aux pays d’origine des migrants. Là-bas, à l’aller, comme au retour, les candidats à la migration subissent des violences avant tout psychologiques et politiques’’. Dans ses propos, elle s’est permise de catégoriser la question des sévices selon les individus. “Les hommes sont victimes généralement de violences physiques, les femmes subissent des dommages sexuels et les enfants sont atteints surtout psychologiquement”, résume Mme Yamoah.

L’absence de politiques migratoires, première forme de violence 

Montant au créneau le directeur du laboratoire d’études et de recherches sur le Genre, l’Environnement, la Religion et les Migrations (GERM) Département de sociologie, Université Gaston Berger, Aly Tandian, à l’image de l’ambassadeur de la Suisse, pense que “pendant longtemps on s’est intéressé au chiffres, laissant de côté le narratif”. Mais selon lui toujours, la première forme de violence subie par migrant est la quasi absence de “politiques migratoires”, en Afrique, ou “seul le Kenya” essaie de faire bouger les choses.

M. Tandian regrette qu’en lieu et place d’un “agenda africain” pour faire face à ce “problème de mobilité”, d’aucuns proposent la répression. “Au Sénégal, la migration irrégulière est criminalisée, dans certains pays, comme en Mauritanie, les conventions signées avec les occidentaux, ont comme contrepartie, le durcissement des contrôles aux frontières mauritaniennes”. Dans un autre registre, l’enseignant-chercheur s’est montré inquiet vis-à-vis de la “juvénilisation” de plus en plus accentuée des candidats à la migration. Aly Tandian estime que pour stopper l’hémorragie migratoire, il faut des “réponses plurielles”, mais que cela passe par l’homogénéisation des “agendas africains”

Lors de cette rencontre, le réalisateur Omar Brams Mbaye, auteur du film “Destin d’un migrant”, souligne l’importance d’investir sur la sensibilisation. “Aujourd’hui, il faut intensifier la sensibilisation pour déconstruire certaines mentalités. À ce propos, Destin d’un migrant reste un magnifique outil pour faire passer le message, car c’est un regard purement africain sur la migration”. 


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