Dans le désert nigérien où la poussière côtoie l’espoir, Ibrahim Amadou Abdoulaye, plus connu sous le nom de Babandjida, a écrit une page singulière de sa vie. Son parcours, étroitement lié au site aurifère de Tabarkat près de la frontière algérienne dans la localité d’Arlit, témoigne d’une quête acharnée qui oscille entre rêve et réalité brutale.

Originaire de Niamey, Ibrahim exerçait le métier de menuisier avant de se lancer dans l’aventure aurifère. “Avec des amis, nous nous sommes organisés pour pouvoir aller sur le site de Djado, mais entre-temps un oncle nous a informés de l’ouverture d’un nouveau site aurifère à Tabarkat”, raconte-t-il. C’est ainsi qu’avec une somme collectée de 300 000 francs CFA par personne, il a embarqué dans un périple qui allait transformer sa vie. 

Le défi des débuts : une équipe et une stratégie

Arrivés sur place, Babandjida et ses camarades se sont divisés en deux groupes. L’un s’est chargé de l’exploration grâce à un détecteur d’or, tandis que l’autre travaillait comme ouvrier pour les orpailleurs. L’accord était simple : chaque kilogramme d’or trouvé rapportait un gramme à ceux qui exploitaient la machine, tandis que les ouvriers obtenaient un gramme par jour. Les débuts furent éprouvants, mais la persévérance de Babandjida l’a mené à rester après le départ de ses compagnons, huit mois plus tard.

Entre commerce et survie : s’adapter pour progresser

Fort de ses premiers gains, Babandjida a élargi ses activités. “Avec ce que j’ai pu réunir comme argent, je suis rentré à Niamey pour acheter des groupes électrogènes et des frigos. Le tout, je les ai transportés sur le site de Tabarkat où j’ai ouvert une boutique.” Là, il s’est lancé dans la vente de boissons fraîches et le rechargement de téléphones, un commerce lucratif qui lui a permis d’investir davantage. Le jeune entrepreneur a même ouvert un restaurant géré par son frère et diversifié ses activités avec un service de transfert d’argent et d’intermédiation dans la vente d’or. 

Cependant, les défis n’ont pas tardé à se multiplier, prouvant que la vie sur le site aurifère était loin d’être une trajectoire linéaire vers le succès.

Un périple semé d’embûches

“ Contrairement à ce que paraît mon aventure, tout n’a pas été rose durant les 12 ans que j’ai passé sur le site aurifère de Tabarkat.”

Babandjida évoque sans détour les moments où il s’est retrouvé à deux doigts de la mort. “L’activité n’est pas autorisée là-bas, et les forces algériennes nous pourchassent avec des hélicoptères qui nous tirent dessus sans retenue”, se remémore-t-il. Lorsqu’il s’est lancé dans l’intermédiation, il a été victime d’un complot orchestré par son chauffeur et des bandits. “Heureusement, mon intégrité physique n’a pas été atteinte. Ils ont juste pris l’argent et l’or que j’avais avec moi.” Mais le coup le plus dur est survenu lors de son égarement dans le désert, une expérience qui aurait pu tourner au drame. “On a passé dix jours avant qu’un camion de contrebandiers nous trouve et me rapproche de la ville d’Arlit où j’ai informé la gendarmerie.”

Des leçons gravées dans l’expérience

Aujourd’hui installé à Niamey, Babandjida gère une boutique tout en s’investissant dans le métier de démarcheur immobilier et la vente de voitures d’occasion. Revenant sur son aventure, il partage les riches enseignements qu’il en tire : “J’ai appris beaucoup de leçons, à commencer par le vivre ensemble, le partage d’un même environnement avec des personnes étrangères venues du Tchad, de la Libye, du Soudan, et aussi mes compatriotes.” Une expérience qui a permis à ce jeune Nigérien de voir au-delà des frontières de sa ville natale et d’amasser des biens grâce à un mélange de résilience et d’ingéniosité.

Le parcours de Babandjida est une illustration éloquente de la détermination humaine face à l’adversité. Derrière le scintillement de l’or, il y a des sacrifices, des dangers, mais aussi des opportunités qui façonnent des destins extraordinaires. Une histoire qui résonne au-delà des dunes de Tabarkat.