Au Bénin, s’effectue depuis quelques années une forme de collaboration entre Syndicats et travailleurs migrants. Avec Dialogue Migration, Anselme Coovi Amoussou, Secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (CSA-Bénin), évoque les différents axes de collaboration de son syndicat et ses démembrements avec les travailleurs migrants au Bénin. Dans cet entretien, outre l’état des lieux de la situation des travailleurs migrants au Bénin, il revient sur les mutations en cours pour le mieux être des travailleurs migrants, les défis et perspectives, comme la décentralisation de la question et l’adoption d’un document de politique migratoire au Bénin.
Rappelons que Anselme Coovi Amoussou est également le Coordonnateur de la Plateforme multi-acteurs de la migration au Bénin (PMB) mise en place en 2019, qui est une plateforme composée des syndicats, des ONG, des chercheurs universitaires, des associations de défense des droits de l’Homme, et des associations de migrants. Précédemment, il fut point focal migration pour la CSI Afrique (Confédération syndicale internationale), qui est la faîtière des organisations syndicales pour toute l’Afrique.
Aujourd’hui, quel est l’état des lieux de la question des travailleurs migrants au Bénin ?
On peut faire l’état des lieux à deux niveaux. C’est une thématique présente aujourd’hui dans le débat institutionnel. Elle est appropriée par les migrants eux-mêmes, qui comprennent qu’ils ont un certain statut qu’ils doivent essayer d’améliorer dans un pays qui n’est pas le leur. Donc, c’est des gens qui s’organisent déjà en leur propre sein. C’est une thématique qui est d’autant plus présente dans le discours officiel qu’aujourd’hui le Bénin est dans un processus d’élaboration de son document de politique migratoire avec l’implication des organisations syndicales et autres qui s’intéressent à la thématique. On est à un état des lieux qui est plutôt reluisant quand on le regarde du point de vue d’un passé récent, mais un état des lieux également qui nous impose de continuer de maintenir les efforts parce que justement en matière de respect des droits des migrants. Quand on parle de l’épanouissement du migrant qui est venu travailler au Bénin on a encore beaucoup de chemin à faire parce qu’au quotidien, même si le Bénin et un pays qui a la réputation d’être très hospitalier, au quotidien dans les tâches professionnelles, dans les activités génératrices de revenus, il y a parfois des stigmatisations qui sont là. Quand vous prenez certaines catégories de travailleurs migrants, notamment dans le secteur de l’hôtellerie, des bars et consorts, notamment les serveuses ; les droits sont assez brimés. Il y a beaucoup de frustration, de la violence physique et sexuelle… Quand vous regardez tout cela, vous comprenez que l’Etat des lieux n’est pas reluisant de ce côté-là et qu’il faut continuer les efforts.
Je vois une troisième voie d’état des lieux. C’est ce qui nous est apparu, au niveau de la Plateforme multi-acteurs de la migration au Bénin (PMB), comme une nouvelle perspective de traitement de la question migratoire qui concerne les Béninois qui sont en situation de migration. Le discours officiel avait tendance à ne parler que des travailleurs migrants qui sont chez nous et à parler également beaucoup des Béninois de la diaspora qui ont des situations confortables et qui peuvent donc envoyer beaucoup d’argent au Bénin. Toute la politique migratoire conduite par le Bénin regardait cet aspect de contribution au développement par le financement des familles etc. Et on a tendance à oublier un peu les Béninois migrants qui ne sont pas dans des situations confortables qui vivent assez souvent le martyr. Quand vous regardez la question migratoire au Bénin de cette perspective là, vous comprenez qu’il y a encore énormément de boulot, parce que c’est des gens qui sont assez souvent oubliés. Et quand vous regardez les pays du Golfe, le Koweït etc, vous avez des Béninoises et de Béninois là-bas qui sont livrés à eux-mêmes qui n’ont la plupart du temps aucun accompagnement officiel des ambassades et des consulats qui sont là. Ils sont traités parfois comme des esclaves et finissent par se résigner et rentrer, mais complètement démolis moralement et mentalement.
Nous on avait creusé la question migratoire un peu comme les officiels du Bénin et on s’est rendu compte à un moment donné que cette catégorie de migrants mérite également notre sollicitude. Depuis lors, c’est un aspect que nous avons pris en compte. Ce qui nous a conduit à organiser un certain nombre de choses, disons assez intéressantes, à leur niveau. On a publié un ouvrage (recueil de témoignages).
Quelle est la situation des femmes qui travaillent au Bénin ?
Quand vous restez dans le rang des migrants, on va dire bourgeois entre griffes, ceux qui sont dans un emploi formel qui ont fait une migration régulière, assez souvent, il n’y a pas de différence de traitement en tant que tel. Mais, on sait que la grande majorité se retrouve dans l’économie informelle. Je vous donne le cas des serveuses, majoritairement originaires du Togo. Là, c’est la catastrophe. Elles vivent tout et son contraire. Il n’y a pas de salaire parce que ce qu’on donne on ne peut pas l’appeler salaire ; elles n’ont pas de couverture sociale ; elles n’ont pratiquement aucun droit. Quand l’employeur décide de les virer, il les vire. Parfois, il y a des droits de cuissage pour commencer à travailler. Elles vivent dans des conditions déplorables. Parfois, on les entasse dans de petites chambres où elles sont à plusieurs. Et dès lors que le patron décide que vous ne pouvez plus travailler, où on vous reproche quelque chose, qui est mineur et que vous devez partir, vous partez. Maintenant, ce qui est positif c’est qu’elles s’organisent elles aussi. Quand vous prenez par exemple l’Union des ressortissants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (UR-CEDEAO) qui est la structure avec laquelle nous travaillons le plus, en son sein, il y a la composante des femmes. Cet organe est très actif, et ses têtes de proue travaillent souvent avec nous, et se sentent vraiment membre de la plateforme. Ce sont des gens qui font vraiment la promotion de la plateforme parce qu’ils ont remarqué qu’il y a un certain nombre de choses positives qui ont été faites. Certes, la situation des femmes migrantes au Bénin n’est pas aussi dramatique comme dans les pays du Golfe pour les femmes Béninoises. Mais au Bénin, les femmes migrantes ne sont pas loties au point qu’on puisse dire qu’on est satisfait de leur situation.
Qu’en est-il des hommes ?
Quand on quitte la situation des femmes et qu’on va du côté des hommes, vous connaissez la situation des vendeurs de bétail de Sèmè, qu’on a décidé de déplacer à Zè sans aucune viabilisation du domaine et on est venu les déloger à la veille des fêtes de fin d’année 2022. Malgré toutes nos démarches ; on a couru vers le ministre de tutelle ; on est allé vers le préfet de l’Ouémé, ça n’a rien donné. Il y a eu un cas d’un Togolais gardien d’un bar ou l’employeur béninois a soupçonné qu’il lui aurait volé quelque chose. On l’a tabassé au point où il s’est retrouvé à l’hôpital en sang, et cela est assez fréquent…
Est-ce qu’ils ont des attentes à l’endroit des organisations syndicales qui comme vous s’occupent de leurs situations ?
Aujourd’hui oui ! Ils n’avaient aucune attente pour parler de façon générale. Ils n’avaient pas d’attentes vis-à-vis des syndicats parce qu’ ils regardaient les syndicats comme la chose des nationaux. Et c’est vrai que nous aussi au départ, quand vous regardez dans nos anciens textes, les textes fondamentaux du syndicat on a toujours mis : être de nationalité béninoise. Sans vraiment penser à mal, c’est cela que vous lisez dans la plupart des statuts de syndicat. Mais depuis qu’on a commencé par aborder cette thématique on a compris. Nous en tant que confédération aujourd’hui on veille à ce que dans les textes de nos syndicats de base affiliés qu’il n’y ait pas cette mention. C’est travailleurs ! Nous avons eu un Tchadien qui était membre d’un syndicat de la CSA-Bénin, par exemple. Avant, il y avait cette distance entre eux et nous. Mais aujourd’hui, il y a cette proximité. Quand ils ont un problème, ils appellent. Que ce soit avec la police, avec ceci ou avec un voisin, ils appellent. Ils demandent de l’aide, même s’ils n’ont pas toujours toute l’aide qu’ils veulent, la qualité souhaitée, au moins ce réflexe a commencé à s’installer. Parfois, ils viennent solliciter nos salles pour les réunions d’association de migrants alors qu’avant ce n’était pas possible. Donc aujourd’hui, ils savent qu’à la bourse du travail, ils ont un espace qu’ils peuvent venir solliciter. On a un centre d’accueil, d’écoute et d’orientation des travailleurs ici. Cela fait deux ans que nous avons ouvert ce bureau là. Depuis l’année dernière on a commencé à faire la permanence on n’a pas les moyens d’avoir ça ouvert à plein temps. Et nous ouvrons toutes les matinées sur cinq jours (5) de la semaine. Parfois, ils viennent avec des préoccupations qui ne sont pas les nôtres, et ils viennent et c’est cela qui est positif. Petit à petit le centre commence à être connu et quand ils ont de petits problèmes, une brimade qu’ils ressentent, ils nous interpellent.
Qu’apporte l’ouverture de ce centre à leur l’intégration et leurs situations ?
Cela apporte beaucoup. Ils ont des regroupements en fin d’année ou des trucs de communauté. Ils invitent la plateforme pour venir communier avec eux, communiquer avec eux. C’est déjà important. Vous savez on est mieux servi que par soi même. Si nous nous levons en tant que Béninois pour dire qu’on est une plateforme de soutien des migrants et que nous voulons organiser quelque chose pour les défendre et qu’ils ne viennent pas eux-mêmes, c’est qu’on n’est pas crédible. Mais aujourd’hui, on a cette facilité là de les mobiliser rapidement pour les causes qui les concernent. Donc toutes les activités où on a besoin de faire une démonstration de force aux yeux des officiels, ils sont là nombreux. Vous voyez notre grande salle de conférence de la bourse du travail de près de 500 places, on la remplit parfois assez facilement, et la plupart des gens sont des migrants. On a aujourd’hui les étudiants migrants qui sont en contact avec nous, et au-delà de l’UR-CEDEAO nous avons réussi aujourd’hui la connexion avec les communautés : Ivoiriens, Sénégalais, et même Gambiens. Vous voyez, on ne savait pas que ces derniers étaient chez nous. C’est par le biais du travail qu’on fait et de ce rapprochement qu’ils savent qu’il y a quelque chose qui est là, dont ils peuvent profiter à un moment donné pour mieux se faire entendre.
Ne sont-ils pas réticents par le fait d’être identifiés comme des non-nationaux ?
Non, rien du tout. Aucun problème de ce point de vue là. Parce qu’ils comptent au moins sur nous, organisations syndicales, puisqu’on est dans la bataille avec eux. Ce qu’on a mis en place au niveau de la plateforme (PMB) également les rassurent, puisqu’ils sont membres du bureau de la plateforme. Mon coordonnateur adjoint est un Sénégalais, Lamine Cissé qui est Secrétaire Général de l’UR-CEDEAO. Dans la plupart de nos activités nous associons l’administration, le ministère de l’intérieur, la direction de l’émigration, le ministère de la famille…
On essaie d’associer les gens et comme ils voient toutes ces personnes avec nous, cela les rassure qu’ils peuvent les aider à ouvrir des portes. Parlant de leur intégration à la plateforme, ils font tellement corps à la plateforme que je vous donne un exemple : on a reçu une invitation du gouvernement sénégalais, pour participer à une activité à Dakar, la personne que nous avons déléguée est une malienne. Elle est nigéro-malienne (Coulibaly). Et c’est elle qui nous a représentés. Elle a représenté la plateforme dans une telle activité, donc vous comprenez qu’on n’a pas ce genre de problème avec eux. En fait, ce que nous recherchons c’est un peu plus d’efficacité pour que les problèmes qu’ils posent puissent effectivement trouver des solutions. Également, il y a tout l’aspect des textes, notamment les accords et conventions. On veillera à leur application et leur amélioration en intégrant aux corpus qui existent aujourd’hui d’autres nouvelles réglementations. Ce travail est un travail de sensibilisation et de lobbying qu’on est en train de faire avec eux.
Avez-vous l’impression qu’ils s’intéressent à la régularisation de leur situation au Bénin ?
Oui ! En fait, ils ignoraient tout. La plupart ignorait qu’il fallait faire des papiers puisque au Bénin, on n’enquiquine personne dans la rue pour dire donne ta carte de séjour et autres. Mais nous avons sorti une plaquette qu’on a intitulé Guide d’accueil et d’orientation des travailleurs migrants que nous mettons à leur disposition et dans ce guide on a décrit un peu les premiers réflexes à avoir en tant que migrant au Bénin, et donc aujourd’hui ils savent. C’est vrai qu’on n’a pas encore eu beaucoup de cas de personnes qui ont décidé de faire leur régularisation, mais au moins aujourd’hui ils savent que c’est quelque chose qu’ils doivent faire. On a été une ou deux fois été sollicité par quelqu’un qui voulait avoir la nationalité et qui avait été bloqué à un niveau donné et qui ne savait quoi faire. On a essayé de débloquer la situation. De temps en temps on a cela. Mais pour des gens qui vivent au quotidien ; qui vivotent, la préoccupation première n’est pas d’aller faire les papiers. Parce que aller faire des papiers c’est parfois sortir de l’argent etc. Mais comme les migrants au Bénin n’ont pas ce genre de problème ou on leur exige un titre de séjour ; mais, nous on leur explique quels sont les avantages. Parce que moi j’ai eu un employé que je voulais déclarer et cela a été bloqué parce qu’il n’avait pas le permis de travail. Et donc la Caisse nationale de sécurité sociale a exigé un certain nombre de papiers qu’il n’avait pas et donc les dossiers sont bloqués jusqu’à ce jour. Certes, il n’est plus ensemble avec nous dans la structure, mais voilà des éléments qu’on met à leur disposition pour leur montrer les avantages qu’il y a à régulariser un certain nombre de situations.
Est-ce qu’on peut dire que le fait qu’ils travaillent la plupart dans l’informel est un élément qui fait qu’ils ne trouvent pas l’utilité de faire les papiers ?
Je crois que oui ! Parce que de l’autre côté ils auraient besoin d’un certain nombre de documents pour avoir accès à des facilités, banques etc… Dans l’informel ils sont livrés à eux-mêmes. Mais ce n’est pas seulement eux. Je me rappelle, il y a quelques années j’ai participé à une étude sur l’informel au Bénin et ce que j’ai remarqué plus que tout est que les camarades de l’informel en sont arrivés dans un état d’esprit tel qu’ils n’attendent rien de l’Etat ; c’est qu’ils n’attendent même pas pour être déçu. Ils ont cultivé cet esprit-là qu’ils se disent que « dans tous les cas nous on nous a oubliés. Personne ne s’occupe de nous». Je pense que les migrants de l’informel au Bénin doivent être dans cet état d’esprit là aussi.
Suivant certaines données statistiques c’est qu’aujourd’hui il y a une forme de migration des asiatiques aux Bénin, selon les données officielles. Est-ce que ces derniers s’intéressent à la plateforme, où se mettent dans la proportion de ceux qu’on pourrait qualifier entre griffe de migrants de la bourgeoisie ?
Oui, c’est eux. Jusque-là on n’a pas encore eu à faire à eux. On n’a jamais essayé de s’y intéresser.
Les asiatiques et les indopakistanais. On ne s’y intéresse pas. On ne s’y intéresse que lorsqu’ils ont un problème avec un employé. Parce qu ‘ assez souvent ils sont en position d’employeurs. Ce sont eux qui ont les boutiques et les petites structures dans lesquelles ils emploient les Béninois ou les migrants. Donc on ne s’y est encore jamais intéressé et ils ne nous ont jamais fait appel. Je crois qu’ils n’ont pas les mêmes problèmes que les autres. Ceux que j’appellerais les vrais migrants.
Ceux de la sous-région en quelque sorte…
Ils n’ont pas les mêmes problèmes que ceux-là. Et même quand ils sont employeurs, ils sont employeurs de leurs compatriotes. Vous prenez un Chinois qui vient travailler pour un autre Chinois, donc assez souvent les problèmes se règlent entre eux.
Aujourd’hui, quelles sont vos attentes en tant qu’organisation syndicale à l’endroit des travailleurs migrants ?
Je ne parlerai pas d’attente, je parlerai juste de défis pour nous. C’est de renforcer la proximité avec eux. Parce qu’on a commencé à avoir quelques résultats mais il faut continuer parce que comme je le disais c’est des gens qui font preuve aujourd’hui d’une sorte de fatalisme. Ils se disent dans tous les cas à quoi bon ? Quand quelqu’un commence à dire ça, il ne fait pas le geste spontané d’aller vers les autres pour demander de l’aide parce qu’il n’espère rien. Donc, c’est à nous d’entretenir cette flamme là et de faire en sorte que les choses s’améliorent entre nous. Aujourd’hui nous avons besoin d’étendre le contact avec les communautés pour les aider. D’aider l’UR-CEDEAO à mieux se structurer dans tous les départements parce qu’ils sont un peu en perte de vitesse aujourd’hui. De continuer d’apparaître à leurs yeux comme une structure utile pour eux, de le voir comme leur structure et qu’ils puissent continuer de fréquenter le centre.
Quels sont vos défis et perspectives ?
Les perspectives c’est que le document de politique migratoire soit enfin disponible.
Ce document là par exemple, le Bénin n’en avait jamais !
Jusque que là on n’en a pas encore. Tout le travail a été fait mais ce n’est pas encore entré en vigueur. Ce n’est pas encore validé. Ça a fait tout le circuit avec la petite vitesse que l’on sait de l’administration. Ensuite, les dernières informations que nous avons sont qu’on doit revoir un certain nombre de choses dedans qui sont caduques aujourd’hui. Mais, il faut qu’on le signe parce que nous y avons contribué à son élaboration. Même si c’est un mauvais document, au moins on aura l’avantage d’avoir déjà un document. Ensuite, avoir davantage l’oreille des autorités sur les préoccupations de la migration. Parce que la plupart du temps ça se traite comme un phénomène de mode. Le monde entier parle de migration, donc nous aussi on parle de migration. L’autre défi, c’est la décentralisation de la question de la migration dans les mairies. On a travaillé beaucoup avec les mairies avec l’Association nationale des communes du Bénin (Ancb). On a travaillé dans les mairies comme Djougou, Malanville, Pobè, Cotonou, Savalou, et ce que nous avons remarqué est que la question de la migration ne fait pas partie des priorités des communes. C’est tout nouveau pour beaucoup de communes. Avec l’aide de la Fondation Friedrich Ebert, et l’Ancb nous avons commencé un travail que nous allons achever cette année. Faire un document de plaidoyer pour que la question de la migration soit inscrite dans les documents de programmation du développement local. Cela a bien avancé. On va valider le document et on va espérer que les choses s’améliorent. C’est un de nos gros défis, parce que quand les migrants du Bénin en difficulté rentrent c’est qu’ils vont dans leurs localités, et là-bas ils ont directement à faire à la commune, à l’arrondissement, au chef d’arrondissement et ils n’ont aucune réponse la plupart du temps. Et la migration peut être une source de nuisance ou bien une source de bonheur. Qu’est-ce que les mairies doivent faire pour capter tout le bienfait de la migration ? Et si les gens ne l’évoquent pas comme question essentielle au cours de leurs sessions, vous comprenez qu’il n’y aura jamais rien. Notre défi à nous est d’en faire un sujet de discussion au sein des communes pour que petit à petit on regarde cela comme une des priorités que la commune ou le conseil communal doit traiter.
Un mot pour conclure
Je dirais qu’ on a besoin de traiter la question de la migration de façon inclusive. Nul n’est de trop sur cette thématique aujourd’hui parce qu’elle a tellement d’aspects. La question des étrangers chez nous qui doivent se sentir à l’aise. La question du portage de la couverture sociale ; c’est-à-dire quand vous avez souscrit à une assurance au Togo et que vous revenez au Bénin, ça doit pouvoir vous suivre. C’est des aspects essentiels qui paraissent un peu loin des migrants avec lesquels nous travaillons aujourd’hui. Mais ce sont des choses qui doivent advenir par les textes etc. Donc on a besoin de tout le monde pour mener cette bataille. Quand je dis tout le monde, c’est société civile, syndicats, décideurs politiques, l’assemblée nationale, l’exécutif et tous ceux qui sont dans l’administration qui doivent traiter cette question là. En termes de planification et de lobbying on a prévu d’aller auprès des députés, parce qu’il y a encore des conventions de l’OIT qu’on peut ratifier pour améliorer la condition des travailleurs migrants au Bénin.
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