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Sénégal, terre qui offre son hospitalité sans compter
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Sénégal, terre qui offre son hospitalité sans compter
Ayoba Faye 🇸🇳
Ayoba Faye 🇸🇳
March 15, 2023

Mettre la main sur des données fiables en matière de flux migratoires au Sénégal relève presque de l’impossible. Les structures habilitées à communiquer sur la question sont les premières à déplorer le manque criard d’informations sur le sujet. Pour preuve, dans son résumé exécutif des Profils migratoires au Sénégal, couché dans un rapport de 2018, l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) avoue toute son impuissance. 

« Au Sénégal, l’ensemble des analyses consacrées aux migrations soulignent la difficulté majeure liée aux lacunes dans la collecte et la production de données migratoires permettant d’appréhender correctement la réalité. Les données disponibles sont parcellaires et n’offrent pas de possibilités d’analyse à la fois complète, fine et détaillée. Compte tenu de ces insuffisances, il est difficile d’observer l’évolution du phénomène migratoire dans le temps et dans l’espace. Ceci est d’autant plus vraisemblable qu’avec la complexité grandissante de la migration, le Sénégal apparaît comme un pays à la fois de départ, de transit et de destination », peut-on lire dans le rapport 2018 de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd).

Mais pour avoir une idée des profils migratoires au Sénégal, rien de mieux que d’aller à quelques encablures de l’Hôtel de ville de Grand Dakar où Ablaye Barry, Guinéen d’origine, tient un triporteur qu’il immobilise sur ce carrefour très fréquenté du centre-ville. Vers 19 heures, débute le ballet des communautés africaines résidant au pays de la Téranga. Guinéens, Maliens, Ivoiriens, Centrafricains, Tchadiens, Comoriens, Béninois, Gabonais, Congolais… se donnent rendez-vous chez « Laye Café » pour échanger sur leurs quotidiens, activités et les problèmes qu’ils rencontrent. On retrouve un véritable melting-pot dans cet espace café où  circule également un grand flux d’informations.

Les Guinéens excellent dans le petit commerce, mais aussi la manutention et la Pêche

Étudiant et titulaire d’une Licence en Commerce International, Ablaye Barry est également livreur et agent commercial pour plusieurs entreprises de la capitale sénégalaise. Mais ce n’est pas pour cela qu’il a été choisi par “Dialogue Migration” pour parler des profils de migrants accueillis par le Sénégal. 

Ablaye est l’un des points focaux de l’association des étudiants et ressortissants guinéens à Dakar. Il fait souvent office de relais entre les autorités consulaires guinéennes établies à Dakar et ses compatriotes. Ce trentenaire, qui réside au Sénégal depuis octobre 2012, est une mine d’informations. A l’en croire, ses compatriotes particulièrement les Peulhs s’activent dans le petit commerce; alors que les Soussou et les Malinké sont dans la manutention, la pêche et un peu dans l’agriculture. 

Pour étayer ses dires, Ablaye affirme que dans leur travail de prospection et de recensement, ils ont pu identifier 500 de leurs compatriotes guinéens qui s’activent dans la pêche à Joal (département de Mbour) et 300 autres au niveau de Soumbédioune. « En 2022, nous avons recensé près de 800 ressortissants guinéens, Soussous et Malinké s’activent dans le secteur de la pêche entre Soumbédioune et Joal Fadiouth. C’est dans le cadre de l’activité de notre association pour la régularisation de nos concitoyens au Sénégal, en collaboration avec les autorités consulaires », ajoute-il.

Nous avons cherché à contacter le Consul de la République de Guinée à Dakar pour vérifier les données fournies par notre interlocuteur. Après avoir échoué à le joindre directement au téléphone, nous avons appelé au Secrétariat général de l’Ambassade qui nous a demandé de faire un mail avec toutes les questions.

Ce après quoi l’ambassade nous a informé qu’il ne pourrait pas accéder à notre requête. Pour cause le ministre conseiller chargé d’affaires n’est pas disponible pour des raisons de voyage.

Revenant aux données de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), on apprend qu’avec une population estimée en 2019 à 16 209 125 habitants, le Sénégal est un pays d’accueil traditionnel de populations d’origines diverses. Cette immigration reste dominée par les pays limitrophes et notamment la Guinée (43%), le Mali (10%), la Gambie (7%) et la Guinée-Bissau (6%). Ces quatre pays représentent 66% de la population étrangère établie au Sénégal, a noté l’Ansd dans son dernier rapport sur les Migrations au Sénégal. A noter également qu’il y a la Mauritanie, autre pays limitrophe, qui se distingue par l’importance de ses ressortissants parmi les réfugiés au Sénégal (94% des effectifs) selon les données fournies par le Haut Commissariat des Réfugiés (HCR). A noter qu’avant les malheureux événements de 1989 entre les deux pays, les Mauritaniens contrôlaient l’essentiel des petits commerces au Sénégal avant d’être suppléer par les Guinéens dans les années 90.

Maliens, Ivoiriens dans l’import-export et les transports, Gambiens et Bissau-guinéens « chez eux »

Parmi la forte communauté étrangère présente au Sénégal, il y a une bonne partie qui s’est intégrée dans la société. Tant l’histoire de leurs pays est étroitement liée à celle du pays d’accueil. Les Gambiens et les Bissau-guinéens font partie de ceux-là. Ils ont leurs parents et cousins sur place. Le tracée des frontières évoqué dans un article précédent sur les Migrations en Afrique de l’Ouest, a séparé des communautés qui partagent la même histoire, les mêmes langues, les mêmes cultures…

Les Maliens sont à peu près dans le même cas de figure que les deux communautés précitées. Sur toute l’étendue du territoire sénégalais, on retrouve des familles d’origines maliennes qui ont fini par se naturaliser. La plupart était venue faire du commerce ou trouver du travail dans le secteur industriel. Ils ont fini par s’installer définitivement. Mais il y a une autre frange de la communauté malienne au Sénégal qui s’active dans le secteur des transports. Ce sont des sociétés qui desservent les autres pays de la sous-région à partir de Dakar. Il y a également une bonne partie de cette communauté qui s’active dans le commerce de tissus et d’autres produits naturels pour des besoins esthétiques et médicaux.

Les Ivoiriens également aiment beaucoup l’axe Abidjan-Dakar pour nourrir leurs activités commerciales. Si certains tiennent leurs magasins dans la capitale sénégalaise, d’autres préfèrent se contenter de campagnes saisonnières. 

La libre circulation des biens et personnes sur la zone Cedeao encourage également le déplacement des populations de la sous-région vers des pays stables comme le Sénégal.

Dakar, choix numéro 1 des ressortissants étrangers avec une forte communauté estudiantine

Selon l’Ansd, les migrants internes sont essentiellement polarisés par la région de Dakar (43,2% des effectifs), ce qui correspond à près de 820.000 migrants, soit le quart de la population dakaroise. L’importance des flux migratoires internes vers Dakar pose le problème fondamental de l’inégale répartition de la population sur le territoire national, avec comme conséquence, un déséquilibre démographique considérable entre les régions de l’intérieur et la capitale.

La forte présence des ressortissants étrangers dans la capitale sénégalaise s’explique également par la concentration de l’essentiel des ressorts administratifs dans cette infime portion qui ne représente que 0,23% de la superficie du pays. Tous les ministères, les sièges des institutions, des représentations diplomatiques et l’essentiel des grandes écoles et universités se trouvent à Dakar. D’ailleurs, il y a une très forte communauté d’étudiants étrangers dans la capitale. Les ressortissants des pays de l’Afrique francophone sont très présents dans les instituts privés du supérieur. Les Béninois, les Gabonais, les Ivoiriens, les Congolais, les Comoriens, les Malgaches, les Nigériens, les Togolais, les Djiboutiens… viennent se former à Dakar.

Dans un entretien avec pressafrik, un média local sénégalais en juin 2022, Samatar Abdi Osman, l’entrepreneur djiboutien dans les TIC, révélait qu’il y avait 2000 à 3000 étudiants de son pays qui viennent au Sénégal chaque année. Ce malgré qu’il n’y ait pas de représentation diplomatique dans les deux pays. 

On note également une très forte communauté d’étudiants marocains à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) plus particulièrement aux Facultés de Médecine et de Pharmacie.

Plus de femmes que d’hommes parmi les migrants présents au Sénégal

“Le pourcentage de migrantes internes parmi les femmes est de 9,6% contre 8,2% chez les hommes dans la tranche d’âge 15-19 ans. Ce ratio est de 11,6% contre 10,1% dans la tranche d’âge 20-24 ans et de 12% contre 11,3% dans la tranche d’âge 25-29 ans”, informe l’Ansd dans son rapport publié en 2018.

Pour avoir plus d’informations sur les migrants africains présents au Sénégal, nous avons cherché à contacter en vain la Direction de la Surveillance du Territoire (DST). 

En définitive, sur le plan de la gouvernance aux frontières, l’Etat du Sénégal a mis en place, depuis 2012, une stratégie nationale de gestion des frontières et des migrations dans le but de renforcer les capacités humaines et opérationnelles des intervenants dans la gestion des frontières. Ainsi, la Direction de la Police de l’Air et des Frontières (DPAF) a accueilli dans ses rangs des effectifs du GMI pour accroître la surveillance et les contrôles aux frontières. C’est ce qui justifie, en partie, la création de la Direction de l’Administration territoriale. Cette dernière joue un rôle fondamental dans la prévention des épidémies transfrontalières, la sauvegarde du cheptel national et des ressources forestières, et la régulation des activités d’orpaillage artisanal.


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