“Si j’avais décidé de quitter mon pays, la Côte d’Ivoire, pour l’Europe c’est parce que j’étais à la quête de lendemains meilleurs. J’étais désespéré et animé d’une naïveté propre aux jeunes. Pourtant, ce que je partais chercher était là, sous mes yeux. Il me suffisait juste de les apprécier, ici même, chez nous en Afrique.”
” Je me nomme Maxim Ouédraogo, je suis ivoirien et j’ai 34 ans. Mon histoire débute à Korhogo (Ndlr: Ville du nord de la Côte d’Ivoire) d’où je suis née. Après l’école primaire, j’ai abandonné les études au collège. Dans mon quartier, je n’avais pas de travail. De ce fait, je dépendais entièrement de mes parents. Je ressentais de la peine à voir mes parents tous les jours se battre pour subvenir aux besoins de la famille.
Vous savez, en Afrique, les parents comptent beaucoup sur leurs enfants, surtout s’ils atteignent l’âge de 18 ans. Mais, ce n’était pas mon cas. Bref, je me voyais comme une honte pour ma famille. Je traversais cette angoisse quand des amis avec qui j’étais dans le même quartier m’ont appelé par téléphone (c’est un petit nokia qu’un de mes oncles m’a offert) de l’Europe, plus précisément d’Italie. Mon ami m’a parlé de l’Europe et des opportunités qu’il y a. Voyant ma situation, j’ai vite été séduit par l’idée de tenter ma chance en Europe.
L’Europe à tout prix
A partir de ce moment, j’ai commencé à économiser jusqu’à atteindre la somme requise pour payer le passeur et prendre la route en direction du Niger. Mon ami qui était déjà en Italie avait gardé le contact du passeur qui lui avait facilité la traversée jusqu’en Libye. Sur la route vers le Niger, l’essentiel de ce que j’avais m’a été pris pour payer les passes au niveau des postes de contrôle de la police. C’est grâce au soutien des amis que j’ai pu atteindre la ville d’Agadez.
Au début j’étais désespéré, car n’ayant pas pu atteindre mon objectif qui était au moins la Libye. Je me retrouve à Agadez sans rien. Je n’avais plus d’argent, encore moins de parents à côté de moi. Mes premiers jours au Niger, je les ai passés à la gare d’où j’avais débarqué en provenance de Niamey la capitale du Niger. Néanmoins, c’est dans cette situation que je me suis fait des amis. Je ne faisais pas non plus de distinctions concernant les petits boulots qui s’offraient à moi.
Touché par une campagne de sensibilisation
Je pouvais travailler un jour comme apprentis menuisier et un autre comme aide maçon. Ma vie fluctuait entre ces deux boulots jusqu’à ce qu’un jour l’ONG Alerte Phone Sahara m’ai repéré. Ce jour-là, les animateurs de cette organisation étaient venus sensibiliser les jeunes sur les dangers de la traversée du désert. J’ai eu de la chance de les rencontrer et j’en ai profité pour leur poser énormément de questions, car le sujet de la sensibilisation me concernait directement. Ils ont répondu à toutes mes questions. C’est à travers leurs réponses que j’ai été convaincu de rester à Agadez et de saisir les opportunités qui s’offrent à moi.
La première opportunité est venue de l’ONG elle-même. Ils m’ont proposé de me recruter en tant que relais auprès des jeunes ressortissants des autres pays de la sous-région. J’ai accepté le travail. En partie, c’est grâce à ce travail que je gagne ma vie ici à Agadez. J’ai dis en partie car, je suis également employé dans un restaurant de la ville. Avec ce que je gagne, bientôt je compte lancer mon propre restaurant à moi. Aujourd’hui mes parents reçoivent chaque mois un petit geste (de l’argent) de ma part. Je sais que ce n’ai pas beaucoup, mais c’est une fierté pour moi de participer à la gestion de notre famille. Tout cela a été possible grâce à l’hospitalité de la population de la ville d’Agadez. Je n’ai jamais été indexé parce que je viens d’un autre pays.
Ma vision à l’horizon, si tout va bien, c’est de faire venir mon jeune frère ici pour m’épauler à gérer mon restaurant qui verra le jour bientôt.
Quand à mon rêve pour l’Europe je l’ai oublié pour être honnête avec vous.”
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