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Migration en Afrique de l’Ouest et du Centre : l’ancrage local bien plus fort que l’exode vers l’Occident
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Migration en Afrique de l’Ouest et du Centre : l’ancrage local bien plus fort que l’exode vers l’Occident
Tamaltan Inès Sikngaye🇹🇩
Tamaltan Inès Sikngaye🇹🇩
October 04, 2025

Un récent rapport de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) révèle une réalité trop souvent ignorée : en Afrique de l’Ouest et du Centre, plus de 77 % des migrations sont internes ou intrarégionales. Ce constat remet en cause l’image dominante qui réduit la migration africaine à un flux orienté vers l’Europe ou l’Amérique du Nord.

Une mobilité profondément enracinée dans l’histoire régionale

La migration dans cette partie du continent est loin d’être un phénomène nouveau. Elle s’inscrit dans des traditions anciennes d’échanges économiques, sociaux et culturels. Qu’il s’agisse de la transhumance, de migrations économiques, ou encore de déplacements dus aux changements climatiques et aux conflits, la mobilité constitue un pilier structurant de la vie régionale.

Contrairement aux représentations médiatiques centrées sur l’Occident, la grande majorité des migrants restent dans la région. D’après l’OIM, sur les 11,3 millions de migrants recensés, la plupart viennent de pays voisins. La Côte d’Ivoire, le Nigéria et le Tchad figurent parmi les principaux pôles d’accueil, tandis que le Burkina Faso, le Mali et le Nigéria comptent parmi les pays de départ les plus importants.

Des dynamiques façonnées par les réalités locales

Les flux migratoires répondent d’abord à des logiques de proximité : liens communautaires, opportunités économiques transfrontalières, réseaux historiques de mobilité. En 2024, l’OIM souligne que la majorité des migrants sont de jeunes hommes cherchant du travail. La migration féminine progresse également, atteignant 22 %, souvent motivée par le travail ou la famille.

L’économie reste le moteur principal : 72 % des migrants interrogés déclarent se déplacer pour l’emploi, dans l’agriculture, le commerce, l’artisanat, l’exploitation minière ou les services. La transhumance, pratique ancestrale, évolue face aux défis contemporains – insécurité, changements climatiques et urbanisation. Plus de 5 000 alertes liées à des tensions autour de la transhumance ont été signalées en 2024, montrant l’urgence d’une meilleure gestion.

Par ailleurs, les zones frontalières, loin d’être des marges, sont des carrefours économiques essentiels. Elles concentrent aussi des fragilités, notamment face aux conflits et catastrophes, qui ont entraîné plus de 8 millions de déplacements internes en 2024. Ces réalités rappellent que les enjeux migratoires de la région sont avant tout internes.

Vers une gouvernance adaptée aux réalités africaines

Pour Sylvia Ekra, Directrice régionale de l’OIM, il est crucial d’ancrer les politiques migratoires dans la réalité locale :

« La migration et la mobilité sont au cœur de l’histoire et de l’avenir de notre région ».

Des outils existent déjà : le Protocole de la CEDEAO sur la libre circulation, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) ou encore le Pacte mondial pour les migrations. Ces cadres permettent de transformer la mobilité en levier de développement, de cohésion sociale et de résilience climatique. 

Ce rapport montre que la migration ouest-africaine n’est pas synonyme d’exode vers l’Occident. Elle est d’abord un moteur interne, qui structure les sociétés, soutient les économies et nourrit l’intégration régionale. Reconnaître cette réalité, c’est dépasser les clichés et replacer la mobilité africaine dans son vrai contexte : celui d’une dynamique locale, vivante et stratégique pour l’avenir du continent.


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