
Une collaboration inédite entre l’OIM, la Gambie et la Mauritanie vise à coordonner les recherches sur les migrants disparus et décédés sur les routes vers l’Europe. Soutenu par des partenaires tels que le CICR et des équipes d’anthropologie médico-légale, ce programme cherche à offrir des réponses aux familles, renforcer les capacités nationales et prévenir de nouvelles tragédies sur la route atlantique et au Sahara.
Une bonne nouvelle pour la Gambie et la Mauritanie. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a lancé un projet de renforcement des capacités nationales avec les gouvernements de la Gambie et de la Mauritanie afin d’aider ces pays à retrouver les migrants disparus et décédés le long des routes reliant l’Afrique et l’Europe. Présenté comme la première démarche de ce type en région, le projet s’inscrit dans une nécessaire mise à jour des réponses institutionnelles face à une crise humanitaire qui continue de faire des milliers de victimes chaque année.
Selon Sylvia Ekra, Directrice régionale de l’OIM pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale, le programme vise à renforcer la coordination entre les niveaux national et local et à instaurer une approche globale face aux situations de disparition et de décès de migrants. « En donnant de meilleurs moyens aux gouvernements nationaux et locaux et en consolidant la coopération transfrontalière, nous sauvons non seulement des vies, mais nous redonnons également espoir et dignité aux familles qui attendent depuis trop longtemps des réponses », a-t-elle déclaré.
L’initiative s’appuiera sur l’expertise historique de l’OIM dans le recensement des migrants disparus et dans la gestion des conséquences humaines des migrations. Elle prévoit le déploiement de systèmes coordonnés d’enquête, l’identification médico-légale des dépouilles lorsque nécessaire, et un soutien psychosocial renforcé pour les proches des disparus. Des formations spécialisées et un accompagnement technique seront proposés pour doter les autorités d’outils adaptés et pour favoriser une coopération efficace entre les pays de passage et de destination.
La dimension régionale est au cœur du dispositif. Le projet sera mené en coordination avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), l’équipe argentine d’anthropologie médico-légale et les antennes nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Cette alliance vise à combiner expertise médico-légale, recherche des familles et assistance psychosociale, afin de répondre de manière holistique aux drames humains.
Les chiffres de l’OIM dressent un tableau tragique des décès et disparitions. Au cours de la dernière décennie, plus de 30 000 personnes sont mortes en Méditerranée, près de 5 000 sur la route atlantique ouest-africaine et près de 6 000 dans le Sahara lors des traversées. La catastrophe survenue au large de Nouakchott en août 2025, où au moins 134 personnes ont perdu la vie, illustre la persistance du phénomène et l’urgence d’améliorer les réponses étatiques et humanitaires.
Ce que cela change pour les familles
Pour les proches, l’absence de réponse officielle peut être un fardeau émotionnel et administratif lourd. Le nouveau cadre prévoit des canaux plus clairs pour repérer les disparus, dégager les identités des dépouilles lorsque c’est nécessaire et accompagner les familles tout au long du processus du premier signalement au débriefing post-mortem. À terme, l’objectif est de réduire l’angoisse des familles et d’éviter que les drames ne tombent dans l’oubli. Au-delà de l’aspect humanitaire, l’initiative s’inscrit dans un cadre de sécurité et de stabilité régionale. Le renforcement des capacités nationales et la coopération transfrontalière peuvent aussi améliorer la gestion des flux migratoires, réduire les risques liés à la migration irrégulière et soutenir des politiques publiques plus cohérentes autour de l’emploi, de l’éducation et de la protection sociale pour les jeunes vulnérables.