Soixante-dix pour cent (70%) des femmes immigrantes à Malanville, une commune située au nord-est du Bénin, sentent leurs droits menacés. Elles considèrent ne pas recevoir le même traitement que les autres citoyens du fait de leur statut de migrant. Ces révélations sont faites dans l’étude sur la jouissance des droits des immigrantes dans la commune publiée en décembre 2022.
Les droits des femmes immigrantes sont menacés dans la commune de Malanville au nord-est du Bénin, une zone frontalière avec le Niger et le Nigéria. Situé dans le département de l’Alibori et carrefour du commerce de bétails, de poissons, et d’oignons avec les pays voisins, la localité a une bonne cote. Il est stratégique du fait de son rôle de transit de marchandises depuis le port de Cotonou et il demeure une ville au cœur des activités économiques et de la mobilité humaine. Tout ceci fait qu’il constitue une destination prisée pour les populations de la ville nigérienne de Gaya, qui lui fait face de l’autre côté du fleuve Niger.
Malheureusement, il est relevé des faits de violations des droits de l’Homme à l’encontre des femmes immigrantes dans cette zone où les flux migratoires sont assez consistants.
Résultats de l’étude sur la jouissance des droits des immigrantes et apatrides dans la commune de Malanville
Des femmes immigrantes disent ne pas s’y sentir en sécurité. Elles affirment vivre de la discrimination du fait de leur statut de femmes immigrantes. Dans une étude validée le 19 décembre 2022, sur la jouissance des droits des immigrantes et apatrides dans la commune de Malanville au Nord Est du Bénin, réalisée par l’Ong Ola Africa sous financement de l’Union européenne (UE) par l’intermédiaire de la Commission béninoise des droits de l’Homme (CBDH), il a été indiqué que les femmes immigrées se sentent partiellement en sécurité sur le territoire béninois à cause des menaces qu’elles subissent du fait qu’elles soient étrangères. “55 % des femmes interrogées sur un échantillon de 35 individus identifiés à l’aide des services sociaux notamment le Centre de Promotion Sociale ( CPS ) de Malanville , le commissariat de police, la Mairie et la Direction Départementale des Affaires Sociales, sont insatisfaites en termes de bénéfice de soins de santé régulier; 55 % de ces femmes ne se sentent pas en sécurité en tout temps et en tout lieu au Bénin ; 58% ne se sentent pas respectés en tant qu’être humain ; Et 70 % ne se sentent pas traités au même pied d’égalité que les autres citoyens autour d’eux.
A noter que cette étude a été réalisée dans le but d’évaluer le niveau de bénéfice de leurs droits des femmes immigrées en tant que personne humaine afin de contribuer au renforcement de l’État de droit, à la promotion et à la protection des droits humains au nord du Bénin. Et de sources officielles, des autorités locales de Malanville, «il n’y a pas de dispositions spécifiques pour veiller au bénéfice des droits humains à l’endroit de ces immigrées».
Des actions et attentes…
Cela étant, des ONG se sont investis dans la sensibilisation des femmes migrantes sur leurs droits, devoirs et les voies de recours des migrants en République du Bénin. Une manière de leur permettre de dénoncer tous les abus dont elles pourraient être victimes. Elles sont pour la plupart des ressortissantes du Niger, du Togo, du Nigeria et du Ghana. Elles sont majoritairement des commerçantes et des serveuses de bars.
“La migration n’est pas un péché, c’est l’ignorance des droits du migrant qui en est un”, soulignent les principaux acteurs militants pour la réalisation des droits des femmes immigrantes de Malanville. De l’avis du sociologue, Édouard Dossouvi, la migration désigne tout déplacement d’une personne ou d’un groupe de personnes, soit entre pays, soit à l’intérieur d’un État. Et que l’immigration désigne l’entrée dans un pays, ou dans une ère géographique donnée de personnes étrangères pour un long ou court séjour ou une installation définitive”.
Au Bénin, la loi 2018-07 du 30 mars 2018 portant ratification de “la convention Internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille” en son article 5 précise par ailleurs que les travailleurs migrants sont considérés comme pourvus de documents ou en situation régulière. L’article 7 de la Convention dispose que les États parties doivent respecter et garantir les droits reconnus dans la Convention à tous les travailleurs migrants et aux membres de leur famille sans distinction aucune. Cependant, des femmes immigrantes de Malanville n’ont pas une satisfaction totale de leurs besoins, et ne jouissent pas totalement de tous leurs droits. «Le Bénin dispose d’un arsenal juridique suffisant pour être un bon élève en matière de droits humains. Malheureusement cet arsenal n’est pas bien respecté. Alors, il sera intéressant qu’un effort se fasse pour le respect des textes en vigueur au Bénin pour la jouissance des droits de l’homme», soutient l’équipe de consultants de l’étude, conduite par Boniface K. BIAOU et Olivier ALAYE. De leur avis, cette étude permet de se rendre à l’évidence que la jouissance des droits de l’Homme est encore en souffrance au Bénin même si de gros efforts sont faits au quotidien en faveur de ces droits.
L’étude a également permis de constater qu’il y a encore un sérieux travail à faire pour donner la joie au cœur aux femmes migrantes au Bénin. Selon les observateurs des questions des droits de l’Homme, le Bénin se retrouve en conflit avec ses engagements qu’il a librement consentis et souscrits, et gagnera grandement à travailler à l’amélioration du respect des droits de l’Homme. La femme immigrée bien traitée, pourrait faire élever l’économie par leur travail, soutiennent les organisations de défendse des droits de l’homme. En plus, disent-ils, cela va renforcer l’image du Bénin au plan international en ce qui concerne le respect des droits de l’homme.
Au Bénin, environ trois quarts des immigrants viennent des pays voisins comme le Nigeria, le Togo et le Niger. D’après les données de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 2.3% de la population béninoise est aujourd’hui constituée d’immigrés. Selon le professeur John Igue, géographe, professeur d’université et ancien ministre de l’Industrie du Bénin, le pays devient de plus en plus un pays d’immigration. Cependant, selon d’autres estimations, le nombre diminuerait souligne l’OIM. A noter que depuis octobre 2016, les ressortissants de pays africains et autres n’ont plus besoin de visa pour entrer au Bénin.
Liens Rapides