
À Genève, plusieurs pays appellent la Libye à mettre fin aux détentions arbitraires de migrants, dénonçant tortures, violences sexuelles, exécutions et impunité. Face aux accusations, Tripoli reconnaît la gravité de la situation mais promet seulement des réformes « en période de transition ».
Lors d’une assemblée des Nations unies tenue à Genève, le 11 novembre 2025, les violations des droits humains contre les migrants en Libye ont été au cœur des débats. Le Royaume-Uni, l’Espagne, la Norvège et la Sierra Leone ont publiquement dénoncé les détentions arbitraires, les violences physiques, sexuelles et parfois mortelles subies par des milliers de migrants enfermés dans les centres libyens.
L’ambassadrice britannique Eleanor Sanders a demandé fermement la fermeture de ces centres de détention, qualifiés de « lieux de torture, d’agressions sexuelles et de meurtres ». Elle a également exigé un accès illimité des Nations unies aux fosses communes où des corps de migrants exécutés ont été découverts, certains avec des blessures par balle.
L’Espagne, de son côté, a insisté pour que la Libye ratifie la Convention internationale contre la torture, soulignant les disparitions forcées et l’impunité généralisée.
Migrants piégés entre milices, prisons clandestines et silence
Depuis des années, la Libye est devenue une zone de non-droit pour les migrants. Des milliers d’entre eux y sont arrêtés arbitrairement, emprisonnés par des milices ou détenus dans des prisons clandestines. Torture, extorsion, rançon, violences sexuelles, exploitation : leur quotidien est décrit par les ONG comme un véritable « enfer terrestre ».
Le 5 novembre 2025, un tournant symbolique est survenu. Tripoli a ordonné la détention d’Osama Najim, ancien directeur de la prison de Mitiga, recherché par la Cour pénale internationale. Surnommé Almasri, il est accusé de crimes de guerre, torture et traitements inhumains, notamment contre des migrants. Pendant 13 ans, il a instauré un climat de terreur dans l’un des centres les plus redoutés du pays.
Les ONG rappellent que malgré quelques arrestations, la majorité des responsables d’exactions continuent d’agir en toute impunité, entretenus par le chaos politique entre l’Est et l’Ouest du pays.
Ces dernières dénoncent et documentent régulièrement les conditions de vie des exilés en Libye, les détentions arbitraires et les violences récurrentes.
Un gouvernement libyen sur la défensive mais sous pression internationale
Face aux critiques internationales, le ministre libyen des Affaires étrangères par intérim, Eltaher Salem M. Elbaour, a reconnu à Genève que la situation était « préoccupante », tout en affirmant que la Libye met en place des « efforts considérables » pour améliorer le respect des droits humains.
Il a mentionné la création d’un comité chargé de traiter la question des centres de détention et l’acceptation de la compétence de la Cour pénale internationale. Mais pour les organisations de défense des droits humains, ces promesses restent insuffisantes sans actions concrètes.
Alors que la Libye reste un passage incontournable pour de nombreux migrants africains en route vers l’Europe, la communauté internationale continue d’exiger une chose : que la dignité humaine, même en migration, ne soit plus une option.