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Un événement camerounais vecteur de brassage culturel et de cohésion sociale au Bénin
Témoignage
Un événement camerounais vecteur de brassage culturel et de cohésion sociale au Bénin
Ange Banouwin 🇧🇯
Ange Banouwin 🇧🇯
April 09, 2025

Dans certains pays d’Afrique, des non-nationaux renforcent la cohésion sociale en organisant des activités communautaires ou récréatives, favorisant ainsi les liens entre leurs compatriotes, d’autres résidents étrangers et la population locale. Au Bénin, en marge du 11 février, date de commémoration de la fête de la jeunesse au Cameroun, une série d’activités a été organisée par la communauté camerounaise pour renforcer les liens de ses membres et créer le brassage intercommunautaire.

« Ce soir, c’est la soirée de ceux qui sont appelés ‘’étrangers’’ dans ce pays… Est-ce que les « Continentais » sont là ce soir ? ». Ainsi a lancé les hostilités l’imprésario, au Centre sportif SOWETO de Cotonou, floqué aux couleurs du Cameroun, dans la soirée du samedi 8 février 2025. Le speech était en français et en anglais ; ces deux langues étant parlées au Cameroun. C’est le clou de la célébration de la première édition de la fête de la Jeunesse camerounaise organisée au Bénin, en marge de la célébration de la 59e édition de la fête de la Jeunesse. Un événement d’envergure qui a lieu à la date anniversaire du référendum qui a consacré l’union du Cameroun anglophone au Cameroun francophone le 11 février 1961. Musique gospel, variété, rap, sensibilisation et convivialité étaient au rendez-vous, lors du concert géant de la grande soirée culturelle.

L’organisation de cet évènement intervient dans un contexte de quête de cohésion au sein de la communauté camerounaise au Bénin, en proie à des clivages depuis les dernières élections du Conseil des Camerounais Résidents au Bénin (CCRB). Les organisateurs ont indiqué à Dialogue Migration, vouloir emmener toute la jeunesse camerounaise résidente dans le pays à dépasser les clivages pour s’unir davantage.

« Dans notre vision de la jeunesse, nous avons voulu réconcilier les Camerounais au Bénin par cet évènement (…) Nous jeunes, nous ne voulons pas la division et optons pour la réconciliation de tous les jeunes Camerounais au Bénin et de la population du Cameroun, vu les problèmes anglophones et autres.  Notre vision et notre espoir est que la paix règne au sein des Camerounais au Bénin et dans le Cameroun », déclare, Serge Maxime Toupo, président des jeunes Camerounais au Bénin. Né au Bénin d’une mère Béninoise, parti au Cameroun à l’âge de 3 ans et revenu depuis près de 24 ans, le président des jeunes Camerounais résidents au Bénin se veut rassurant : « Au  Bénin, quand vous n’allez pas à l’encontre de la loi, vous n’avez pas de problèmes ».

Sceller le brassage entre les jeunes résidents au Bénin

A travers cette  première édition de la Fête de la Jeunesse au Bénin, la communauté camerounaise résidente au Bénin veut concilier à la fois la jeunesse camerounaise et partager ses expériences avec celle du Bénin et des autres pays. 

« Tous les jeunes qui passent par ici (au Bénin-ndlr), ne viennent pas pour aller en aventure. Le Bénin accueille tout le monde, et la majorité des jeunes que vous voyez, sont là pour les études. Il y a beaucoup de talent à exploiter. Nous prions la jeunesse d’être ensemble pour pouvoir tirer le meilleur de nous-même pour retourner dans nos pays et servir la nation », exhorte Toupo. 

Selon Yves Henri Ebakisse, Responsable de la communication du CCRB et Commissaire général de l’organisation de l’évènement, la jeunesse est mise en exergue à cet évènement parce qu’au Cameroun, la jeunesse c’est le fer de lance. « C’est pour simplement dire qu’on n’est jamais loin de nos racines et on tient effectivement à nos valeurs. Même étant ici on garde nos valeurs. D’où l’importance d’un tel évènement », souligne-t-il.

Branding et intégration

Du podium au public en passant par le service d’accueil, la restauration et autres, le brassage entre le Cameroun et le Bénin est mis en avant. Qu’il s’agisse de partenaires de l’évènement, que des prestations artistiques, ainsi que des invités, c’est un mixte parfait. Béninois, Tchadiens, Centrafricains, Congolais, Gabonais, Ivoiriens… ont répondu présent à cet évènement. Son organisation est bien accueillie à Cotonou. En témoigne l’appréciation qu’en font des membres de différentes communautés. 

« Leurs activités nous emmènent en tant que Béninois à réfléchir dans ce sens-là. Car, il y a des choses qu’ils font de manière singulière. Il faut copier ce qui est bon chez les autres. Certes tout n’est pas rose, mais il y des leçons qu’on doit pouvoir tirer », soutient Tchessi Fassassi, Béninois, gérant du centre sportif. De son avis, le brassage avec les autres communautés permet de s’auto-évaluer sur les plans : artistique, culturel, sportif et autres. Aussi trouve-t-il une douce manière de passer le témoin à la jeune génération, puisqu’il faut tisser la nouvelle corde au bout de l’ancienne.

« Cette initiative est très bonne, et m’a permis de découvrir d’autres communautés qui sont là : les Tchadiens, les Gabonais, les Congolais… Cela nous permet de renforcer les liens et de prendre des contacts au cas où on se retrouve un jour dans ce pays, cela peut être utile », soutient Telesphore Biansere-Ongtiga, un jeune Centrafricain.

Pour Moïse Fooba, un jeune Tchadien, « Si seulement chaque communauté arrivait à organiser ce genre d’évènement,  non seulement au Bénin, mais dans chaque pays pour marquer sa présence, ce serait bénéfique à l’Afrique. Cela permettra aux uns et autres depuis leur pays d’apprendre la culture des autres pays ». 

Ali Djeroua Tarsa, jeune Tchadiens apprécie : « Montrer sa culture à l’étranger est une richesse. C’est une façon de valoriser son pays à l’étranger. On dit : la culture c’est la richesse ». 

De l’avis du président de la communauté congolaise (Brazaville) au Bénin, André Erasme Mayatela Kimbembe, la communauté camerounaise a voulu à travers cette activité, faire la visibilité de la jeunesse camerounaise au Bénin. Il estime que c’est ce brassage de culture, qui fera qu’on n’aura plus peur de l’autre ; parce que de par le monde, on a des préjugés. Mais en restant ensemble, on découvre les qualités et les imperfections des uns et des autres. « Pour ma part, tant que nous n’acceptons pas ce que nous appelons mauvaises qualités et qu’on désigne par défaut, le monde ne peut pas se faire. Il faut que nous acceptions les autres en fonction de leurs faiblesses. Et c’est ce qui fera que le monde va changer », défend-il. 

Pour lui, cet évènement permet également de savoir qu’il y a un peuple frère qui est venu d’ailleurs et qui est avec celui du Bénin qu’il faut accepter.Cette activité de la jeunesse camerounaise, n’a pas manqué de fouetter l’égo de certaines communautés qui attendent d’organiser des évènements du genre, et qui n’ont pas tarit de faire des annonces. En dehors de cette soirée, il y a eu également la découverte de l’art culinaire camerounais, un concours de Miss et Mister jeune,  du fitness, un match de gala, un don de sang au CNHU, le plus grand hôpital du pays et une campagne de salubrité.


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