Memkoro TOURÉ, franco-malien, partage sa vie entre la France et son pays d’origine, le Mali. Il porte en lui de nombreux rêves, non seulement pour son pays natal, mais pour tout le continent africain. Né en France il y a cinquante ans, il découvre pour la première fois le Mali dans les années 1990. Dans ses valises, un projet original de boulangerie mobile. Objectif : offrir du pain chaud et de qualité aux habitants de Bamako. Le concept séduit aussitôt.

Ayant grandi en France, Memkoro TOURÉ est un entrepreneur infatigable. Toujours animé par de nouvelles idées, il débarque aux bords du Djoliba* avec un projet de développement. Mais il rencontrera des difficultés et des obstacles. Il mettra rapidement un autre projet innovant : la boulangerie mobile qu’il a baptisée « 100 complexe’s ». Sur un tricycle, il installe un four fonctionnant au bois de chauffe, se déplaçant de quartier en quartier pour aller à la rencontre de sa clientèle.

Avec ce système, les consommateurs n’ont plus besoin de se rendre loin pour trouver du pain. Désormais, c’est le pain qui vient à eux. Les Bamakois trouvent cette idée pratique et novatrice. Pour Touré, aujourd’hui quinquagénaire, c’est aussi un modèle économique avantageux. En plus d’être en lien direct avec les clients, il évite les coûts importants liés à la location d’un local.

Pâtissier de formation, Touré fabrique ses pains uniquement à base de produits locaux. Les clients peuvent ainsi choisir entre du pain fait de farine de mil, de sorgho, de manioc, d’arachide, de blé, entre autres.

Depuis plus de douze ans, il exerce ce métier qui lui rapporte, selon ses dires, environ 250.000 FCFA (environ 381 euros) par mois. Grâce à son expertise, il est souvent sollicité pour des événements privés et professionnels : mariages, anniversaires, etc. Il propose alors pizzas, hamburgers, méchouis, sandwichs. Les clients apprécient la singularité et l’authenticité de ses produits.

Mais un jour, après plus de douze ans passés au Mali, Touré est contraint de retourner en France. En cause : la situation politique instable qui a poussé une grande partie de sa clientèle, notamment expatriée, à quitter le pays. Ce climat ne favorise plus son activité. Malgré ces difficultés, la boulangerie continue son chemin grâce à la relève que Touré a formée avant de partir. 

Aujourd’hui, le pâtissier s’attaque à un volet, celui du codéveloppement qui consiste à mobiliser la diaspora autour de projets structurants et modelant l’avenir !

Touré comprend les raisons qui poussent de nombreux jeunes Maliens à vouloir émigrer en France. Il évoque notamment la quête d’un avenir meilleur, la recherche rapide de richesses et l’effet de mode. Pourtant, affirme-t-il, hors du Mali, il se sent inutile. « Je donne de mon temps et de mon énergie à des choses peu utiles. Au Mali, ce même effort aurait plus d’impact », confie-t-il, avant d’ajouter : « Le Mali me manque énormément. Je veux y retourner au plus vite. »

Installé en France, il garde l’espoir de revenir un jour pour œuvrer à l’amélioration des conditions de vie de ses compatriotes. Mais son ambition dépasse les frontières du Mali : « Je rêve de réenchanter l’Afrique », conclut-il.

*Appellation du fleuve Niger qui traverse le Mali