Elle est descendante des Yoruba de Porto-Novo, connus pour leur sens des affaires et de migrations par sa mère. Nathalie Karim est née d’un père congolais de la République Démocratique du Congo (RDC) et d’une mère de l’ethnie Yoruba du sud-est du Bénin.
Dialogue Migration est allé à sa rencontre à Porto-Novo. La Bénino-congolaise est fière d’appartenir à ses deux pays et parle avec enthousiasme de son histoire et de sa passion pour l’esthétique.
Vous êtes de quelle nationalité et pourquoi êtes-vous venue au Bénin ?
Je suis Bénino-congolaise, je me nomme Nathalie Yasmine Karim. C’est pour moi l’une des meilleures choses au monde d’appartenir à ces deux pays. Si je suis née au Congo (RDC), disons que c’est la volonté de Dieu. Unique fille d’une fratrie de 6 enfants, aujourd’hui âgée de 27 ans, je suis revenue au Bénin, pays d’origine de ma mère en 2019. Ma mère a toujours souhaité que ses enfants viennent connaître son pays et Porto-Novo, sa ville d’origine. Mais il m’a fallu attendre longtemps avant de pouvoir le faire. En effet, ce n’est que suite à l’obtention de mon Baccalauréat en 2019, après le décès de mon père, que je suis venue pour la première fois pour connaître le pays de ma mère et poursuivre mes études universitaires. Elle était déjà revenue à Porto-Novo d’où elle était partie à l’âge de 17 ans environ. Ma mère a construit toute sa jeunesse et sa vie aux bords du fleuve Congo. Partie par l’entremise d’une de ses tantes paternelles établie là-bas à l’époque, elle avait par la suite installé ses quincailleries à Brazzaville et Pointe Noire. Aujourd’hui, c’est une sexagénaire qui a passé plus de 40 ans entre Kinshasa et Brazzaville.
Pourquoi votre mère est-elle partie du Bénin ?
La communauté de ma mère, les Yoruba de Porto-Novo, est réputée pour le commerce. Certains vont au Congo, en Guinée Équatoriale, au Gabon et dans d’autres pays d’Afrique centrale pour y faire des affaires. Elle était donc partie dans le but de venir en aide à sa famille et réaliser ses rêves. Aujourd’hui, elle ne le regrette pas car à Porto-Novo, elle a construit sa propre maison et à des maisons en location. El Hadja, comme on l’appelle, a rencontré mon père à Pointe Noire. Elle y faisait ses affaires et mon père aussi était dans la localité quand ils se sont rencontrés. Ce n’est qu’après qu’ils se soient mariés qu’ils sont venus vivre en République Démocratique du Congo. Mon père s’est converti par la suite à l’Islam, d’où son nom Karim que je porte. Ma famille paternelle a également voyagé hors de la RDC. Certains sont à Libreville au Gabon, à Brazzaville au Congo et d’autres à Luanda en Angola. En dehors de Kinshasa où j’ai fait tout mon cursus scolaire, j’allais aussi à Libreville où j’avais des tantes paternelles. Même ici au Bénin, j’ai aussi des tantes paternelles à Cotonou, des Congolaises qui font du commerce et autres …
Pourquoi avoir choisi de te former en esthétique au Bénin ?
Quand je suis rentrée au Bénin en 2019, j’avais commencé des études de Comptabilité dans une université privée bilingue de Cotonou. J’ai eu par la suite une aventure amoureuse avec un Nigérian, lui aussi étudiant dans la même université, avec qui j’ai eu une jolie petite fille du nom de Blessing, juste pour signifier que c’est une bénédiction. Il était venu pour ses études au Bénin. Mon style de vie, ma culture congolaise, surtout que j’étais bilingue et parlait anglais et autres ont fait que je me sens très proches des Nigérianes parmi lesquelles j’ai des amies. Personnellement, j’aime l’esthétique. J’aime me coiffer, m’habiller, me maquiller, et me faire belle tout le temps. Et les gens apprécient. C’est tout cela qui m’a orienté vers ce métier. Quand je suis tombée enceinte, j’ai arrêté les études. Après l’accouchement, j’ai songé à apprendre un métier. Alors, comme ma fille a commencé à grandir, je me suis inscrite pour une formation en esthétique.
Le métier d’esthétique au Bénin a de la valeur. Si on fait sa formation ici et qu’on a son diplôme, on peut voyager et aller travailler ailleurs (…) Je vois également que le Bénin est en avance dans ce domaine par rapport à certains pays. Il y a de nombreux Congolais et Congolaises ici qui apprennent le métier d’esthétique, pour qu’une fois rentrés chez eux, leurs prestations soient différentes. Certains ont déjà fini leur formation et reçu leur diplôme pour retourner en RDC. Au Congo, il y a des Béninois qui y ont des centres de formation.
Moi, je fais de l’esthétique pour mettre en valeur toutes les femmes. Car à ce que je sache, toutes les femmes sont belles. Il y a certaines qui ont besoin d’un peu de retouches pour être rayonnante ; et il y en a qui malgré leur beauté ont besoin de quelques accessoires…
Aujourd’hui, je suis en fin de formation et j’ai déjà à mon actif une boutique, qui porte le nom de ma fille Blessing, où je fais des perruques, du maquillage, des soins de pédicure et de manicure, place les faux cils… et vends aussi des produits de beauté en attendant de finaliser ma formation et implanter mon salon d’esthétique.
Qu’est-ce que ça fait d’être une Bénino-Congolaise ?
Je puis vous dire que je suis fière d’appartenir à ces deux communautés. Les deux me disputent d’ailleurs… Et si ma maman n’était pas allée se ‘’chercher’’ au Congo, je ne serais certainement pas née. Je suis de Madimba à Kinshasa et de la famille Kikoli. A travers mes goûts vestimentaires, mon comportement, on sent que je suis Congolaise. En RDC, à Pointe Noire ou à Brazzaville (ndlr: au Congo), je me sens chez moi tout comme au Bénin, car je suis à moitié Béninoise et je suis fière d’avoir deux patries.
Pour moi, quitter son pays pour aller chercher mieux voire même s’installer ailleurs, n’est pas mauvais. Quand on se trouve dans un endroit qui ne nous réussit pas, on doit essayer d’autres endroits. Ici, les gens aiment bien les étrangers et ne les repoussent pas.
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