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Entretien avec Momo Diop sur la tragédie des migrants disparus
Témoignage
Entretien avec Momo Diop sur la tragédie des migrants disparus
Mamadou Diop 🇸🇳
Mamadou Diop 🇸🇳
September 03, 2025

Président de l’ONG Union pour la solidarité et l’entraide et coordonnateur de “Remobilisation pour le Développement” (Remedev), Momo Diop revient dans cette interview sur le drame des migrants disparus en tentant de rejoindre l’Europe. Il partage son analyse et les solutions que la société civile, à travers des structures comme la sienne, s’efforce de mettre en œuvre.

La question des migrants disparus ou décédés en mer est rarement évoquée publiquement. Pourquoi est-il crucial, selon vous, de mettre cette tragédie en lumière ?


Momo Diop : C’est une question capitale. Aborder ce sujet est important parce que ces migrants sont une partie de nous-mêmes, une partie de notre société qui disparaît malheureusement dans des conditions difficiles à expliquer.

Selon vous, qu’est-ce qui explique que la migration irrégulière soit devenue un tel fléau aujourd’hui ?


Momo Diop : La migration irrégulière est un fléau de notre temps, et nous ne parvenons pas à trouver de solutions. Les conséquences sont énormes : au niveau social, économique et psychologique. Depuis près d’un quart de siècle, nous avons mis en place des ateliers et subi les conséquences de politiques de plus en plus dures et de la diminution des possibilités de migrer légalement. Chaque année, la situation s’aggrave, et les gens sont plus ou moins obligés d’emprunter des voies détournées, clandestines, qui la plupart du temps mènent à des drames, des morts, des disparus.

L’un des grands problèmes que vous soulevez est l’absence de données précises sur les départs. Pourquoi est-ce si alarmant ?


Momo Diop : Le grand problème, c’est que ces départs irréguliers ne sont ni contrôlés ni enregistrés. On ne sait pas combien de départs il y a eu, on ne sait pas qui était à bord des pirogues, ni qui a pu arriver à destination. Il y a un flou total autour de ces drames. Cela appelle l’inquiétude de tous et la nécessité de se concerter : États, institutions, chercheurs et sociétés civiles, pour trouver des solutions.

Votre atelier réunit de nombreux acteurs. Qu’espérez-vous concrètement tirer de cette rencontre pour faire avancer la situation ?


Momo Diop : C’est un atelier multi-acteurs. Comme vous l’avez entendu lors de la présentation, il y a des organisations de la société civile, des institutions, des représentants de l’État et des structures de la coopération. L’objectif est que chacun, avec son expérience et ses connaissances, puisse apporter des contributions. Nous voulons rassembler des propositions concrètes pour améliorer la situation. Tout ce que nous faisons vise à appuyer les politiques de l’État, afin que celui-ci puisse s’en inspirer, les améliorer et les intégrer pour qu’ensemble, nous puissions agir et changer les choses.

En tant que président de l’ONG Union pour la solidarité et l’entraide, quel est le rôle de la société civile sur le terrain, face à ces jeunes qui envisagent la migration irrégulière ?


Momo Diop : La sensibilisation est l’un des axes majeurs de l’action de la société civile. Nous faisons partie intégrante de la population, nous vivons avec ces jeunes, ces hommes et ces femmes. Au quotidien, nous les sensibilisons sur les dangers qui les attendent en empruntant les voies de la migration irrégulière. On ne peut pas interdire aux gens de migrer, mais nous pouvons leur montrer les risques qu’ils encourent. Nous faisons également du plaidoyer pour que les partenaires et les pays amis changent de politique.

Vous mentionnez les difficultés d’obtention de visas. Quel est le lien entre le durcissement des politiques migratoires et l’augmentation des départs irréguliers ?


Momo Diop :
Au Sénégal, comme dans d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest, obtenir un rendez-vous ou déposer une demande de visa est devenu extrêmement difficile. Les représentations diplomatiques sont informées et connaissent l’existence de réseaux qui profitent de la situation. Il n’y a aucune raison de continuer à observer sans agir contre ces réseaux. Il ne devrait pas y avoir d’intermédiaire entre un demandeur et un pays d’accueil. Quand on voit le taux infime de visas accordés, cela n’encourage pas les jeunes à emprunter la voie légale. C’est ce qui les pousse à chercher des voies détournées, et c’est ce qui est le plus regrettable.


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