A proposActualitésEspace dialogueRessources & Données
Amath Sarr, membre fondateur de la plateforme visas pour tous : “Notre discours est de plus en plus audible auprès des autorités”
Découverte
Amath Sarr, membre fondateur de la plateforme visas pour tous : “Notre discours est de plus en plus audible auprès des autorités”
Mamadou Diop 🇸🇳
Mamadou Diop 🇸🇳
July 03, 2025

Dans un entretien accordé à Dialogue Migration, Amath Sarr, l’un des initiateurs et fondateur de la plateforme Visas pour tous, est revenu sur plusieurs sujets clés : le bilan de la plateforme, ses perspectives d’avenir, ainsi que les politiques migratoires au Sénégal, entre autres. Membre actif du Réseau Migration Développement (Remidev), il plaide pour une véritable réciprocité en matière de visas et partage son analyse sur les dynamiques migratoires actuelles.

Pourquoi une telle plateforme a été mise en place ?

La plateforme Visa pour tous découle d’une initiative que le Remidev avait lancée en 2023 pour des procédures de visas justes et équitables. Pour rappel, le Remidev est une organisation de la société civile qui est composée de 37 organisations qui s’intéressent aux questions de la migration et du développement. Cette plateforme va donc au-delà du Remidev, elle regroupe diverses composantes s’articulant autour des questions migratoires. La migration étant quelque chose de transversal, la diversité des acteurs ne peut être que bénéfique afin de porter le plaidoyer sur l’affaire des visas en particulier

Si vous deviez dresser un bilan à mi-parcours lequel serait-il ?

Si nous devions dresser un bilan à mi-parcours, je pense que depuis 2003, nous avons posé divers actes comme des marches citoyennes afin de faire entendre notre voix, revendiquer l’équité et cette réciprocité sur la question des visas. En outre, nous avons tenu des ateliers sur le sujet de 2023 à 2024. Nous allons poursuivre ces actions pour l’année 2025. Et nous pensons que ces diverses actions ont porté leurs fruits, car lors de sa déclaration de politique générale, le Premier ministre a évoqué cette question. Cela en dit long et nous réconforte plus ou moins sur ce combat que nous menons. 

Quelles sont les activités concrètes que vous menez pour que la réciprocité des visas devienne une réalité ?

Comme dit tantôt, ce sont des rencontres multi-acteurs que nous avons mises en place, des marches citoyennes pacifiques. Sinon, nous avions adressé une lettre ouverte au gouvernement depuis 2023. Avec l’arrivée de la nouvelle équipe dirigeante en 2024, nous avons reconduit la même approche en leur adressant une missive. Parlons aussi de cette pétition en ligne pour recueillir l’avis des citoyens, les mobiliser autour de cette question qui nous intéresse tous. Il y a aussi un volet communication digitale qui se charge de donner la parole à ces sénégalais victimes de ce problème des visas.

“…nous ne sommes pas au courant d’actes posés par le gouvernement pouvant faire bouger les choses”

Aujourd’hui l’actuel PM (Ousmane Sonko, ndlr) remet la question sur la table, quels sont, selon vous, s’ils existent, les éléments nouveaux pouvant conduire à cette réciprocité ?

Lors de la déclaration de politique générale, le Premier ministre a mis cette question sur la table. Au regard des actions que nous avons menées et que nous poursuivons, le chef du gouvernement nous rejoint. Je pense qu’il a exactement repris cette lettre que nous avions adressée au régime. Tout cela pour dire que notre discours est de plus en plus audible auprès des autorités. Maintenant concernant les éléments nouveaux pouvant conduire à cette réciprocité, jusqu’ici nous ne sommes pas au courant d’actes posés par le gouvernement pouvant faire bouger les choses. Mais toujours est-il que c’est un processus. À ce propos, il faudrait davantage donner de l’espace à la société civile qui demeure un vrai pilier sur lequel on peut s’appuyer afin de faire de cet idéal une réalité. Au-delà de la question des visas, sur la migration d’une manière générale, les acteurs sociaux doivent être associés.

Selon vous les questions migratoires sont-elles réellement assez prises en compte par les nouvelles autorités ?

Les nouvelles autorités, à mon avis, ne prennent pas assez en compte la question migratoire. Elles ont une orientation plutôt sécuritaire sur le sujet. Nous pensons évidemment que cette approche n’est pas forcément la bonne. Aujourd’hui il y a certes un comité interministériel pour la lutte contre la migration irrégulière, une entité rattachée au ministère de l’intérieur mais qui mise tout sur la sécurité. Car aussi, il faut le dire, nous sentons une gestion de la chose mais pas une gouvernance. Quand on parle de gouvernance, on considère la question de façon plus holistique. Le problème de la migration se règle avec la prise en considération de plusieurs éléments tels que l’emploi et  l’employabilité des jeunes. 

Au-delà de ce combat noble que vous menez pour la réciprocité des visas, de façon plus générale, quels sont les actes que vous posez pour la question migratoire ?

Aujourd’hui les actes que nous posons à propos de la question migratoire sont nombreux. Le réseau migration et développement travaille avec l’ensemble de ses membres sur différentes questions concernant la migration.  Tout ça pour vous dire que ce sont les organisations à la base qui posent des actes et le Remidev constitue un relai. En outre, nous donnons la parole à des experts, des migrants de retour mais aussi aux communautés. Car l’avis de tout un chacun compte. Maintenant les initiatives sur le terrain foisonnent, peut-être qu’avec plus de canaux de diffusion l’impact pourrait être encore plus important 


Tags

afriqueHautmigrationsune
Previous Article
Le nombre de Sénégalais avec un titre de séjour en Europe a-t-il doublé entre 2008 et 2023 ? 
Mamadou Diop 🇸🇳

Mamadou Diop 🇸🇳

Producteur de contenus

Récemment publié

Chez soi, vraiment ? Ces frontières qui freinent les trajectoires de vie
2025-07-03T16:19:39

S'abonner à notre newsletter !

Liens Rapides

ContactFaq

Réseaux sociaux