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“Remigration” et violation de la dignité humaine
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“Remigration” et violation de la dignité humaine
Ange Banouwin 🇧🇯
Ange Banouwin 🇧🇯
March 26, 2025

Le thème de la migration, généralement perçu sous deux facettes à savoir : immigration du point de vue du pays d’accueil et émigration du point de vue du pays de départ, donne souvent lieu à d’autres lexiques. Au nombre de ceux-ci,  figure le thème : Remigration. Une expression, polysémique, qui sur  certains de ses aspects enfreint à l’inclusion et la dignité humaine des migrants.   

Dans un édito publié en février 2024, Mario Stasi, Président de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) dénonçait la « remigration », comme un terme conçu pour frapper les esprits et servir un agenda précis. « Ce néologisme utilisé par certaines franges des extrêmes droites européennes pour appeler au retour des immigrés dans leur pays d’origine, est, purement et simplement, un vocable raciste», dénonce-t-il.

Face à ce constat, interrogé par Dialogue Migration, Maxime Adandohoe, Docteur en Droit Public à l’Université de Lomé au Togo, déclare : « La donne actuelle, c’est la Remigration. Il a deux volets : la remigration forcée ou la Remigration volontaire ».

« Il y a des gens qui quittent leur pays de départ qui vont chercher une vie meilleur ailleurs. Et quand la situation est assez rose pour eux, ils peuvent revenir chez eux. Et d’ailleurs, on ne peut pas leur refuser ce droit de retour chez eux. Cela va de soi que normalement, ils ont ce droit et qu’il doit être respecté et garanti », explique-t-il en se référant à la remigration volontaire.

Louise Caron, chercheuse sur les questions migratoires, note dans son article intitulé « De qui mesure-t-on l’intégration ? Remigration des immigrés et insertion professionnelle en France » que tous les immigrés ne s’installent pas définitivement dans le pays de destination. « Beaucoup d’entre eux repartent du pays d’accueil vers leur pays d’origine ou un pays tiers. Ces mouvements, qualifiés de « remigrations », semblent loin d’être négligeables : selon les pays de l’OCDE et les périodes, 20 % à 50 % des immigrés quitteraient le pays d’accueil au cours des cinq années suivant leur arrivée », indique-t-elle.

Du retour forcé et de la violation des droits humains

La « remigration » est également perçue comme un euphémisme et néologisme issu de l’anglais pour parler du retour, forcé ou non, des immigrés non européens dans leur pays d’origine. 

Maxime Adandohoe, note une tendance qui a cours. « Ceux qui se trouvent dans la situation de retour forcé, c’est là que le problème se pose. Quand  vous prenez en exemple la donne actuelle avec l’Italie, de Giorgia Meloni, ou Donald Trump aux Etats Unis, la logique c’est la remigration forcée,  qui contrevient aux droits des gens de rester dans les pays de leur choix », relève-t-il. 

« La remigration forcée pose un véritable problème par rapport à la question du respect des droits de l’homme », dénonce le juriste. 

La remigration est également une politique à polémique visant à rapatrier des immigrés ou leurs descendants dans leur pays d’origine. Un concept qui est souvent lié à la théorie conspirationniste d’extrême droite du « grand remplacement », qui est utilisé par la mouvance identitaire avec un objectif de banalisation du terme. Il s’apparente au nettoyage ethnique, dont il est un euphémisme. Le terme de réémigration est quelquefois utilisé dans le même sens. 


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