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Au-delà des mots, que cachent les terminologies de la mobilité au Togo ?
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Au-delà des mots, que cachent les terminologies de la mobilité au Togo ?
Koffi Dzakpata 🇹🇬
Koffi Dzakpata 🇹🇬
November 01, 2025

Dans le débat public togolais et ouest-africain, les termes migrant, réfugié, personne déplacée ou personne mobile sont souvent galvaudés et prêtent à confusion. Pourtant, ils renvoient à des réalités juridiques, sociales et humaines très différentes. Ce qui suit combine définitions internationales et contexte togolais pour clarifier ces notions.

Personne mobile

Une personne mobile inclut toute personne qui se déplace, que ce soit à l’intérieur de son pays ou entre pays, pour des raisons diverses : recherche de travail, études, regroupement familial, fuite de crise ou déplacement forcé. Le terme n’est pas un statut légal en tant que tel, mais sert à englober toutes les catégories de mobilité humaine. L’enjeu est de reconnaître les droits et protections possibles pour ces différentes situations

Réfugié : le cas togolais

Selon la Convention de Genève de 1951, un réfugié est une personne qui, craignant avec fondement d’être persécutée pour des motifs de race, religion, nationalité, appartenance à un groupe social ou opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et ne peut ou ne veut en solliciter la protection.

Au Togo, on comptait 48 762 réfugiés et demandeurs d’asile issus de 27 nationalités différentes au 31 décembre 2024 selon la CNAR (Coordination Nationale d’Assistance aux Réfugiés).

En mai 2025, le Togo hébergait 49 288 réfugiés et demandeurs d’asile selon le rapport PURS (Programme d’Urgence pour la Résilience et la Sécurité) suivi par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR).

Ces réfugiés bénéficient d’un certain nombre de droits reconnus au Togo : protection, accès à l’aide humanitaire, à des abris, voire à certains services selon les programmes comme COSO ou PURS. 

Déplacé interne : situation au Togo

Un déplacé interne (IDP) est une personne qui, forcée de fuir son foyer à cause de conflit, catastrophe naturelle ou autres crises, reste dans les frontières de son propre pays. Elle conserve ses droits comme citoyen ou résidant national, mais peut être vulnérable à des pertes de logement, accès aux soins, etc.

En mai 2025, selon le rapport du programme PURS, parmi les personnes déplacées au Togo, 10 171 étaient des déplacés internes, tandis que le reste était composé de réfugiés et demandeurs d’asile venant de l’extérieur. 

Les déplacés internes sont souvent issus des régions frontalières exposées à l’insécurité (par exemple, fuites de violence au Sahel, attaques armées dans les zones nord du Togo).

Migrant régulier-irrégulier : un statut varié

Le terme migrant recouvre les personnes mobiles motivées par le travail, les études, le regroupement familial, ou d’autres raisons économiques ou sociales. Certains sont en situation régulière (visa, permis de séjour), d’autres irréguliers (absence de titre, séjour expiré…).

Ce statut influe fortement sur l’accès aux droits : santé, services publics, emploi, logement, etc.

Enjeux au Togo : pourquoi clarifier ces statuts ?

Politique sociale & santé : adapter les services aux besoins (soins, assurance maladie, assistance) nécessite de savoir qui est couvert selon quel statut.

Protection juridique : les réfugiés et demandeurs d’asile au Togo disposent de certaines structures de protection (CNAR, procédure d’asile), mais les migrants irréguliers restent souvent en marge. 

Ressources et appuis : les programmes humanitaires ou de développement (PURS, COSO) allouent des fonds basés sur les chiffres de réfugiés et déplacés internes (données fiables). Reconnaître les personnes mobiles non couvertes permet de mieux cibler les politiques inclusives.

Au Togo, comme ailleurs, les notions de réfugié, déplacé interne et migrant ne sont pas que des mots : elles déterminent les droits, les protections, et l’accès aux services essentiels. En faisant le pont entre les concepts internationaux et la réalité locale, les chiffres récents, les structures existantes, on voit qu’il est urgent de renforcer les lois et les pratiques pour que toute personne mobile puisse jouir de sa dignité humaine.


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