Situé au centre-ville de Cotonou, dans le département du Littoral au Bénin, Zongo est l’un des 15 quartiers du cinquième arrondissement. Sa création et sa singularité qui résistent au temps, sont l’expression d’un brassage et d’un mode de vie entre communautés marchandes majoritairement Haoussa et autochtones qui se perpétuent depuis plusieurs générations.
Au carrefour Zongo à Cotonou, se trouve une imposante mosquée. Épicentre des activités musulmanes de la ville, elle est appelée « Mosquée centrale de Zongo». Etymologiquement, Zongo désigne un lieu où l’on trouve à se loger en transit, ou temporairement pour vaquer à ses activités, le plus souvent marchandes, avec une prédominance des Haoussa, et la présence d’une mosquée. On trouve un Zongo dans presque toutes les grandes villes du Bénin, et des pays de la sous-région.
“Le quartier Zongo est un quartier où tous les ressortissants du Togo, du Nigeria et du Niger venaient. C’était un rond-point, où tous venaient se croiser. Un peu comme la place de l’Étoile rouge où si quelqu’un veut quitter Lomé ou le Niger, on lui dit qu’une fois arrivée à l’Etoile d’appeler pour qu’on vienne le chercher. C’est la même chose que Zongo. C’était un centre, un carrefour où tout le monde venait se regrouper», explique Ayayi Franck d’Almeida, élu local du quartier.
Connu pour sa mosquée, l’une des plus grandes de Cotonou, Zongo trouve son originalité dans son hospitalité, la pratique dominante de l’islam et ses activités marchandes.
«Quand vous débarquez à Zongo en provenance de n’importe où, vous ne pouvez pas vous perdre. Dans le quartier il y a les Igbo, les Haoussa, les gens d’Abomey, du Nord du pays, du Nigeria, du Togo, du Niger et du Burkina ; les gens d’un peu partout… C’est un grand centre d’affaires», renchérit l’élu local. Ces activités sont ténues pour la plupart par des communautés non autochtones.
A Cotonou, c’est l’un des quartiers les plus anciens. Son existence, selon diverses sources, remonte à la période coloniale. L’origine de ce quartier qui retient l’attention est très lointaine.
«Je ne saurais dire à quel moment le quartier a été créé, parce que c’est un vieux quartier de Cotonou, tels que les quartiers Habitat, Guinkomey….
Ils datent de bien avant 1960, année de l’indépendance.», indique un sage du quartier.
Avant, selon l’élu local, il n’y avait qu’un seul Zongo et il était majoritairement constitué de Béninois. Mais au fil du temps, le quartier a été divisé en deux. “Vers la mosquée, c’est Zongo-Nima qui veut dire le quartier des musulmans. Il est habité par les Haoussa et autres ; puis, il y a Zongo-Ehuzu, quartier des autochtones. Cependant, les années passant les gens ont commencé par céder leurs terrains à des acquéreurs», fait observer l’élu local.
D’une génération à une autre
A Zongo, ce sont plusieurs générations qui se sont succédé. Âgé de 25 ans, Abdul Kadri témoignage : «Moi je suis né ici, mes parents sont tous Nigériens…». Il s’exprime couramment en Français et sert d’interprète avec la clientèle non locutrice du haoussa de la boutique de vente d’ordinateurs d’occasion tenue par un de ses oncles. Entre deux discussions sur ses activités, il nous parle des avantages liés à leur ancienneté dans la zone, «nous ne payons pas la même chose que les autres parce que nous sommes installés ici depuis très longtemps.», indique-t-il.
Hamidou, la trentaine, revenu du Niger il y a environ trois mois, est dans le transit de véhicules d’occasion et réside à Zongo entre deux ‘’missions’’ de transit de véhicules d’occasion. Il a passé une bonne partie de sa vie entre le Niger, Parakou et Zongo. D’un père Dendi de Djougou au nord-ouest du Bénin, et d’une mère Nigérienne, il se sent partout chez lui.
Sunday est Igbo et tient une boutique de vente de pièces pour véhicules au carrefour Zongo. Résident à Cotonou depuis une décennie avec sa petite famille, de ses déplacements entre le Nigeria et le Bénin où il tient ses affaires, c’est le sens des affaires dans ce quartier et son climat pacifique qui le marquent. «Ici, il n’y a pas de problème. Chacun fait son business…». Il perpétue, comme bien d’autres de ses compatriotes, la présence des Igbo à Cotonou dans le secteur de la vente des pièces pour véhicules, dont le quartier est une référence.
Des particularités de Zongo
L’une des caractéristiques du quartier Zongo à Cotonou est sa solidarité. Ceci semble perpétué dans le temps.
«Ici, nos parents ont toujours été solidaires. Avant, pendant notre enfance quand tu sors de la maison, on peut te retrouver dans la maison d’un Haoussa, d’un musulman. Et on sait que quand tu n’es pas à la maison tu es là-bas. Il n’y a pas de “celui-là n’est pas mon enfant. Nous avons toujours été solidaires et on l’est toujours” soutient Ayayi Franck d’Almeida.
La particularité de Zongo réside, selon les riverains, en grande partie, sur ses habitants qui sont majoritairement des ressortissants du nord du Bénin, du Niger et du Burkina Faso.
Outre cela, «Zongo, c’est un carrefour, c’est un grand carrefour d’affaires. Dans toutes les rues il y a pas mal de boutiques ; c’est énorme.», souligne Franck Ayayi d’Almeida.
Sa position de carrefour commercial et lieu de rencontre entre différentes communautés de différents pays où les gens vivent ensemble en toute symbiose retient l’attention de plus d’un.
Précédemment considéré comme un ghetto, notamment du côté des rails, aujourd’hui Zongo a meilleure mine grâce au programme d’assainissement et d’urbanisation dans les communes du Grand Nokoué qui a permis la mise en place de structures de collecte d’ordures ménagères, de balayage et d’asphaltage des rues, et d’éclairage public à l’aide de lampadaires solaires.
D’autres activités économiques s’y développent en marge des traditionnelles activités de vente de moutons et de bœuf et de «Tchatchanga» (brochettes de viande). L’on y trouve du mobilier, des jouets pour enfants, de l’électroménager, et autres objets d’occasion, majoritairement importés d’occident.
Sa mosquée qui trône au cœur de Cotonou reste un épicentre religieux où se tient de grandes assemblées et une boussole qui, malgré les années, permet de s’orienter.
Zongo compte une population de 2771 habitants, selon les données de l’Institut national d’analyse économique et de statistiques issues du recensement général de la population et de l’habitat de 2013 (RGPH4-2013). Avec 429 et 206 ménages respectivement à Zongo-Ehuzu et Zongo-Nima, et une population de 1796 habitants pour Zongo-Ehuzu contre 975 pour Zongo-Nima.
Grâce à sa position, deux grandes gares routières y sont implantées avec des bus qui desservent le Niger, le Burkina et le Mali. Une manière de rapprocher ses habitants de leurs communautés d’origine situées à des centaines de kilomètres, en un temps raisonnable.
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