Une étude de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) révèle que la ville de Tahoua, au sud-ouest du Niger, est devenue un carrefour migratoire pour des milliers de personnes qui cherchent à rejoindre l’Afrique du Nord ou à en revenir.
L’étude, financée par le ministère des Affaires étrangères de la France et réalisée par l’Unité de données et recherche sur la migration (MDRU en anglais) de l’OIM Niger, a analysé les modalités, les caractéristiques et les conditions de la migration de main-d’œuvre et de transit à Tahoua. L’étude a été effectuée sur des données collectées auprès de 1 200 migrants et 100 acteurs locaux entre juin et août 2022.
Les résultats de cette enquête révèlent que Tahoua est à la fois une ville de départ, de transit et de retour pour des migrants originaires du Niger ou d’autres pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre. Malgré les profils, motivations et parcours variés de ces migrants, ils restent tous vulnérables et partagent les mêmes besoins.
Les Béninois et les Nigérians sont les plus nombreux et comptent respectivement 52 % et 29 % de ces migrants. Ils sont suivis par des Togolais, 12 % et les Burkinabè 2 %. Les autres pays de la sous-région ouest africaine dont le Mali, le Sénégal, la Guinée, le Liberia et le Ghana représentent au total 2%.
Selon l’étude, 4 % des migrants interrogés sont des ressortissants d’Afrique Centrale, précisément du Cameroun et du Congo.
Tahoua constitue le point de départ des migrants originaires de cette région vers l’Algérie ou la Libye dans le but d’y trouver un emploi ou de subvenir aux besoins de leurs familles.
zone de transit pour des Nigériens venus des autres régions du pays, pour les ressortissants des pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre (principalement des pays côtiers), à destination de l’Afrique du Nord et de l’Europe.
Ils passent par Tahoua pour éviter la ville d’Agadez, considérée comme plus dangereuse ou plus contrôlée, faisant ainsi un détour d’environ 400 km. Ils séjournent généralement peu de temps à Tahoua, où ils cherchent à se reposer, à se ravitailler ou à trouver un moyen de transport pour poursuivre leur voyage.
Tahoua est également une ville de retour pour des migrants expulsés de Libye ou d’Algérie. Ces derniers arrivent souvent à Tahoua dans un état physique et psychologique précaire, ayant subi des violences ou des abus dans leur pays de destination ou sur le chemin du retour. Ils ont besoin d’une assistance humanitaire et d’un appui à la réintégration.
De manière générale, ces migrants sont majoritairement des hommes jeunes, célibataires ou mariés, avec un faible niveau d’éducation et d’emploi. Ils partent souvent sans documents ni contrat de travail, et sont exposés à des risques multiples sur les routes migratoires, tels que les accidents, les vols, les violences ou les arrestations.
L’étude souligne que la migration de main-d’œuvre et de transit à Tahoua a des impacts socio-économiques importants sur la ville et ses habitants. D’une part, elle génère des opportunités économiques pour les acteurs locaux impliqués dans le secteur des transports, du commerce ou des services liés à la migration. D’autre part, elle crée des défis en termes de sécurité, d’environnement ou de cohésion sociale, notamment face à la présence croissante de réseaux criminels ou terroristes qui profitent du flux migratoire.
Dans ses conclusions, l’étude de l’OIM recommande aux autorités locales, nationales et internationales de renforcer la gouvernance migratoire à Tahoua, en adoptant une approche holistique qui prend en compte les besoins et les droits des migrants, mais aussi ceux des communautés locales.
Elle appelle également à promouvoir le dialogue et la coopération entre les différents acteurs impliqués dans la gestion de la migration à Tahoua, notamment les autorités administratives, sécuritaires, coutumières, religieuses et les organisations de la société civile.
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