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Mini-Zoom sur le « Mboroxé » : ce plat guinéen qui a migré dans bien des cuisines de l’Afrique de l’Ouest et du centre
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Mini-Zoom sur le « Mboroxé » : ce plat guinéen qui a migré dans bien des cuisines de l’Afrique de l’Ouest et du centre
Ayoba Faye 🇸🇳
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April 24, 2023

Pour diverses raisons, les hommes se déplacent d’un point du globe à un autre. Et souvent, en quittant leur terre d’origine, ils emportent avec eux plus de biens immatériels que de bagages physiques. Dialogue Migration fait un petit focus sur un « plat migrant » qui, de sa Guinée originelle a fini de s’incruster dans les menus nationaux de bon nombre de pays de l’Afrique de l’Ouest et du centre : le « Mboroxé ».

D’après des recherches auprès de certains spécialistes de la gastronomie africaine, le plat est originaire de la Guinée et est plus précisément une œuvre de la communauté peulh de ce pays qui l’a baptisé « Mafé Haako (Sauce feuilles) ». Même si d’autres pays comme la Côte d’Ivoire et le Mali se disputent la paternité, les spécialistes consultés, situent les origines de ce plat en Guinée. C’est le trait particulièrement nomade des populations guinéennes qui a certainement propulsé ce plat dans les cuisines familiales de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Sénégal, de la Gambie, du Congo, de la Sierra Léone…

Une histoire de feuilles

Le « Mafé Xaako (le préfixe Xaako renvoie à feuille) » ou « Mboroxé » est fait à base de feuilles de manioc. Avec une production annuelle de 2,5 millions de tonnes en 2020, la Guinée est le 14e plus grand producteur de manioc du continent africain, selon un classement de la FAO publié en 2022. Mais le manioc en soi a une tradition migratoire qui dépasse la Guinée, sa communauté peulh et la sauce qui découle de ses feuilles. De la famille des Euphorbiacées, le manioc est une plante cultivée annuellement dans les régions tropicales et subtropicales. Il produit un légume racine à partir duquel sont faits de la farine, de la fécule etc. Il est originaire du Brésil (Amérique du Sud) et sa culture a été importée par les Européens en Afrique au 16e siècle.

L’arbuste du manioc forme des touffes arborescentes pouvant atteindre 3 à 4 mètres de hauteur nourries par des racines tubéreuses brunes à la chair brune de 50 cm de long et 10 cm de diamètre. Ses feuilles alternes et palmées, qui nous intéressent ici, atteignent 30 à 40 cm de longueur et comptent 5 à 7 lobes. Ces feuilles constituent la constante de la recette de ce plat qui en a influencé d’autres dans la sous-région et d’autres parties du continent africain.

Une recette et ses variantes selon les pays conquis

Dialogue Migration a consulté un spécialiste en semi-gastronomie. Le chef-cuisinier, Ababacar Sadikh Diouf, le Mboroxé est communément appelé Xaako Bantara en Guinée et il est fait à base de feuilles de manioc. « Pour les autres composantes on a de l’huile, d’oignons, tomates fraîches et concentrées, pâte d’arachide, huile de palme, gombo, sel et poivre. Il peut être préparé avec du poisson ou de la viande, selon notre bon vouloir et accompagné de riz », confie-t-il. Avant de souligner qu’il est important de faire bouillir les feuilles de manioc à part et avant utilisation pour enlever l’amidon et l’acidité.

Monsieur Diouf indique également qu’au Congo, le Xaako Bantara se mue en Xaako Puuté (sauce à base de feuilles de patate douce), encore appelé Saka-Saka. Il faut noter que, parmi les habitudes alimentaires dans ce pays de l’Afrique centrale, la patate douce compte parmi les principaux aliments de base dans beaucoup de ses régions. « En fin de compte, Mboroxé et Saka-Saka, c’est un peu la même chose, l’appellation change selon les feuilles utilisées. Le Mboroxé est cuisiné à base de feuilles de manioc. Quant au Saka-Saka, il est préparé à base de feuilles de patate douce. À noter qu’au Congo ils font la même chose seulement eux l’appellent sauce feuilles », renseigne-t-il.

En Sierra Léone, c’est également la sauce à base de feuille de patate douce qui est prisée. Tandis qu’en Côte d’Ivoire, ce sont les feuilles de manioc qui sont choisies. Au Mali, en Gambie, Côte d’Ivoire et Sénégal, les populations ont bien adopté les deux versions du « Mboroxé ». Que ce soit la sauce aux feuilles de manioc ou celle à base de feuilles de patate douce. A noter également que dans ces différents pays, le plat est préparé avec de la viande ou du poisson, selon les disponibilités de l’un ou l’autre élément.

Les vertus thérapeutiques du « Mboroxé »

Les composantes avec lesquelles on prépare le « Mboroxé » recèlent des vertus thérapeutiques. Les feuilles de manioc sont conseillées dans le traitement du paludisme non sévère, de la fièvre, dans la désinfection des plaies, les brûlures, le traitement de la conjonctivite et de l’anémie.

La pâte d’arachide augmente la capacité de l’être humain à résister à la faim. Elle contient des protéines et des fibres alimentaires, en plus de contenir de la matière grasse et plusieurs vitamines et minéraux. Les fruits de mer, outre le zinc, sont aussi composés de magnésium bon pour la fatigue et le stress. Ils contiennent également du phosphore énergisant, de potassium indispensable au bon fonctionnement cardiaque, de calcium utile pour les os, de fer anti-anémie et de sélénium antioxydant.


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