Le nombre de migrants internationaux est estimé à 281 millions de personnes en 2020, soit 3,6% de la population mondiale, selon un rapport de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) publié en 2022. Intitulé « l’état de la migration dans le monde », le document de 592 pages précise qu’il s’agit de 146 millions d’hommes migrants (51,9 %) et 135 millions de femmes migrantes (48,0%).
L’instance internationale rattachée aux Nations Unies informe, dans un examen de cette population spécifique, que l’Europe est actuellement la plus grande destination de migrants internationaux avec 87 millions de personnes, soit 30,9 % de la population migrante internationale. Il est suivi de près de l’Asie avec 86 millions d’âmes, soit 30,5 %. Viennent ensuite l’Amérique du Nord avec 59 millions de personnes, soit 20,9 % et de l’Afrique avec 25 millions de personnes, soit 9 %.
Les migrants sont, en majorité, composés de travailleurs
Hommes et femmes se déplacent le plus souvent d’un point du globe à un autre pour trouver du travail. Une chose que confirme par ailleurs le rapport qui note qu’en 2019, le nombre de travailleurs migrants dans le monde était estimé à 169 millions sur un nombre total de migrants internationaux de 272 millions de personnes. Ce qui représente près des deux tiers (62 %) de la population mondiale de migrants internationaux cette année-là. Le rapport 2022 visité par Dialogue Migration s’est appesanti sur ces dernières statistiques pour analyser le mouvement des travailleurs migrants.
Les résultats obtenus indiquent qu’en 2019, 67 % des travailleurs migrants – soit environ 113,9 millions de personnes – résidaient dans des pays à revenu élevé, 49 millions (29 %) dans des pays à revenu intermédiaire, et 6,1 millions (3,6 %) dans des pays à faible revenu. La concentration de travailleurs migrants internationaux vivant dans des pays à revenu moyen de la tranche supérieure ou élevée est restée stable (86,4 % en 2013, 86,5 % en 2017, et 86,9 % en 2019)”.
En outre, le document souligne “la part de travailleurs migrants dans la population active totale qui est relativement faible dans les pays à faible revenu (2,3 %), à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (1,4 %) et à revenu intermédiaire de la tranche supérieure (2,2 %), mais bien plus élevée dans les pays à revenu élevé (18,2 %)”.
Ces statistiques montrent que plus de la moitié des personnes qui quittent leurs pays d’origine pour migrer dans d’autres pays le font pour le but très précis de trouver un travail décent ou un travail tout simplement.
Le nombre de femmes grimpe
Le rapport indique également que les travailleurs migrants de sexe masculin représentent 58,5% (soit 98,9 millions) contre 41,5% de femmes (soit 70,1 millions). Un surplus d’hommes de 28,8 millions à placer dans un contexte où le nombre d’hommes en âge de travailler parmi les migrants internationaux est plus élevé que le nombre de femmes (128 millions, soit 52,1 %, contre 117,6 millions, soit 47,9 %). Cela représente une légère évolution, depuis 2013, vers une population de travailleurs migrants où l’écart entre les hommes et les femmes est encore plus marqué, puisque les hommes représentaient alors 55,7 % de la population de travailleurs migrants et les femmes 44,3 %.
Les USA, première destination et l’Inde premier fournisseur mondial
Le rapport de l’OIM, qui s’intéresse aussi aux points de départ et d’arrivée des migrants, établit que les Etats-Unis restent, comme c’est le cas depuis un demi-siècle, la première destination des migrants internationaux qui y sont au nombre de 51 millions. C’est presque le triple du nombre de migrants accueillis par l’Allemagne (16 millions), qui est la deuxième destination répertoriée par le document. L’Arabie Saoudite (13 millions), la Russie (12 millions) et la Grande Bretagne (9 millions) complètent le tableau des cinq premières destinations des migrants internationaux au monde.
Dans l’autre sens, l’Inde est le pays qui compte le plus grand nombre de ressortissants à l’étranger. Ce pays est devenu fin avril 2023, le pays le plus peuplé de la planète selon l’ONU avec une population estimée à 1,4286 milliard d’habitants (contre 1,4257 milliard d’habitant pour la Chine). Le Mexique, qui compte quelques 11 millions d’émigrants, vient derrière l’Inde en termes de ressortissants présents à l’étranger. La Russie arrive en troisième position (environ 10,8 millions hors territoire national), suivie de près par la Chine (10 millions de chinois vivant à l’étranger). Le cinquième principal pays d’origine est la Syrie, dont plus de 8 millions de ressortissants vivent à l’étranger, principalement en tant que réfugiés en raison des déplacements massifs survenus ces dix dernières années avec la guerre.
Rapatriement des fonds : en 20 ans, une hausse de plus de 500 milliards de dollars sur les flux entrants des migrants
Abordant les retombées économiques des flux migratoires d’un coin de la planète à un autre, le rapport de l’OIM fait ressortir le lien entre le travail rémunéré et le gain d’argent. En effet, quand les migrants réussissent à s’installer dans leur pays d’accueil, c’est souvent pour y travailler et en retour rapatrier une bonne partie de leurs revenus vers leurs proches et parents restés aux pays d’origine. Comme défini par la Banque mondiale, “les rapatriements de fonds sont des transferts financiers ou en nature effectués directement par les migrants à l’intention de leur famille ou de leur communauté dans leur pays d’origine”. Tout en soulignant que ladite institution financière traite les données mondiales sur les rapatriements de fonds internationaux en tenant compte des innombrables lacunes, des différences de définition et des difficultés méthodologiques rencontrées pour rassembler des statistiques exactes.
D’ailleurs, le rapport 2022 de l’OIM souligne que les données fournies par la Banque mondiale “ne tiennent pas compte des flux non enregistrés qui passent par des voies formelles ou informelles, si bien que l’ampleur réelle des fonds rapatriés à l’échelle mondiale est probablement supérieure aux estimations disponibles”. Toutefois, indique l’OIM, qui a exploité dans son récent rapport les données de la Banque mondiale sur le rapatriement des fonds, “en dépit de ces problèmes, les données disponibles font apparaître une tendance à la hausse sur le long terme depuis quelques années, les rapatriements de fonds internationaux étant passés de 128 milliards de dollars É.-U. en 2000 à 702 milliards de dollars É.-U. en 2020”.
Pendant les trois années qui ont précédé 2020, les flux mondiaux (entrants) de rapatriements de fonds ont ainsi augmenté, selon les estimations, de 7,2 % entre 2016 et 2017 (passant de 597 milliards de dollars É.-U. à 640 milliards de dollars É.-U.), de 8,4 % entre 2017 et 2018 (passant de 640 milliards de dollars É.-U. à 694 milliards de dollars É.-U.), et de 3,6 % entre 2018 et 2019 (passant de 694 milliards de dollars É.-U. à 719 milliards de dollars É.-U.).
Conformément à cette tendance, les fonds rapatriés vers les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire (qui représentent la majorité des rapatriements de fonds effectués dans le monde) ont reculé en 2020 (passant de 548 milliards de dollars É.-U. en 2019 à 540 milliards de dollars É.-U.), après la tendance positive observée de 2016 à 2018 (passant de 441 milliards de dollars É.-U. en 2016 à 478 milliards de dollars É.-U. en 2017, puis à 524 milliards de dollars É.-U. en 2018).
L’Afrique ne réceptionne pas la plus grosse part des rapatriements de fonds
Dans les débats et publications médiatiques sur les Migrations, on a tendance à peindre les migrants africains comme de grands pilleurs des économies de l’occident par leurs envois conséquents d’argent dans leurs pays d’origine. Figurez-vous que selon le rapport 2022 de l’OIM sur l’état de la Migration dans le monde, les pays de l’Afrique sub-saharienne ne figurent même pas dans le classement des pays bénéficiaires des rapatriements de fonds.
“En 2020, l’Inde, la Chine, le Mexique, les Philippines et l’Égypte ont été (dans l’ordre décroissant) les cinq premiers pays qui ont le plus bénéficié de rapatriements de fonds. L’Inde et la Chine étaient arrivés loin en tête, avec chacun plus de 59 milliards de dollars É.-U. de fonds rapatriés”, souligne le rapport.
Mieux, en 2020, deux pays du G7, la France et l’Allemagne, comptaient toujours parmi les dix principaux pays bénéficiaires dans le monde, un classement qu’elles occupent depuis 2005, indique le rapport. Le document précise tout de même que la majorité des flux entrants ne sont pas des transferts aux ménages, mais les salaires des travailleurs frontaliers qui travaillent en Suisse, tout en résidant en France ou en Allemagne.
Les pays à revenu élevé sont cependant la principale source de rapatriements de fonds. Depuis des décennies, les États-Unis sont invariablement le premier pays d’origine des rapatriements de fonds dans le monde (68 milliards de dollars É.-U. en 2020), devant les Émirats Arabes Unis (43,24 milliards de dollars É.-U.), l’Arabie saoudite (34,60 milliards de dollars É.-U.) et la Suisse (27,96 milliards de dollars É.-U.).
Parallèlement à son statut de principal pays bénéficiaire, la Chine (classée par la Banque mondiale parmi les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure) a aussi été une source importante de rapatriements de fonds internationaux : 15,14 milliards de dollars É.-U. en 2019, et 18,12 milliards de dollars É.-U. en 2020, souligne l’OIM.
Depuis le milieu des années 1990, les rapatriements de fonds internationaux sont de loin supérieurs à l’aide publique au développement, définie comme étant l’aide des pouvoirs publics destinée à promouvoir le développement économique et le bien-être des pays en développement. Dans le cas précis d’un pays comme le Sénégal, les transferts de fonds représentent 46% des financements obtenus de l’étranger par l’économie sénégalaise, selon l’agence Ecofin. Il y a 2,7 milliards de dollars enregistrés pour les transferts de fonds venant de l’étranger, 1,6 milliard de dollars provenant des investissements directs de l’étranger (partenaires techniques et financiers) et 1,5 milliard de dollars provenant de l’Aide publique au développement. Nous sommes loin des 59 milliards de dollars enregistrés par la Chine et l’Inde.
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