A Ouagadougou, de nombreux restaurants proposent aux clients, des mets aussi variés qu’appétissants. Dans cette capitale burkinabè, chaque communauté marque sa présence à travers sa gastronomie. Voyage dans cet univers gastronomique exotique où “Le Restaurant Café Sahel” et “La Bassamoise”, respectivement détenus par la Tchadienne Valentine Dedolyeo et Désiré Kouadjo, de nationalité ivoirienne, ont vraiment pris leur place.
Un vent impétueux souffle légèrement sur Le Restaurant Café Sahel ce 20 janvier 2023. Il est 14h au Boulevard Tansonba, sur l’axe Pédiatrie –SIAO (Salon international de l’artisanat de Ouagadougou). La journée est ensoleillée. Le restau est bien achalandé. Un moment idéal pour manger et boire au Sahel. Certains clients sont installés sous le hangar et d’autres, sur la terrasse. Chacun déguste son plat. Valentine Dedolyeo et deux de ses employés, Marc et Biba, s’activent à satisfaire la clientèle. « Tout le monde vient manger ici », relate Valentine. Il y a des « Tchadiens, des Burkinabè, des Ivoiriens, des Nigériens, des Béninois, des Togolais, des Sénégalais, des Maliens, des Guinéens, des Centrafricains, des Occidentaux,… », fait-elle l’inventaire.
La boule ou le to, est le plat le plus prisé car, de son avis, « l’Africain aime ce qui est consistant qui lui permet de tenir toute la journée », rajoute l’originaire du Logone Oriental, une région du Sud du Tchad. Outre la boule qui coûte 600 fcfa, le restaurant propose également des mets comme des boulettes, soupes de boyau ou marara, de jarret, de pattes de bœuf, des grillades… Mais sa spécialité, c’est le Kisar qui est un mets très apprécié au Tchad. Kisar, c’est une sorte de crêpes traditionnelles faites à base de farine de riz mixée avec du sucre et du sel. Il se mange avec la sauce tomate, gombo frais ou sec, surtout avec les sauces gluantes. Ajouté à ces mets, la bouillie, un « véritable fortifiant », selon la promotrice.
Quel est le secret du succès de ce restaurant ? A cette question, la Tchadienne, au Burkina Faso depuis 15 ans, répond avec sourire: « C’est la bonne cuisine. J’aime la cuisine, donc je la fais avec tout l’amour possible. En plus, je n’utilise pas d’ arômes dans la cuisine et autres ingrédients nuisibles à la santé. Je fais ma cuisine de la manière la plus simple avec des ingrédients locaux tels le soumbala (grain de néré), l’ail, l’oignon… C’est un restaurant bio. Je tiens également compte des personnes du 3e âge en faisant très attention à la quantité de sel et d’huile utilisés». Cette activité constitue non seulement un débouché, mais permet à la propriétaire de payer ses études. « De 2013 à nos jours, c’est au moins une vingtaine d’employés de diverses nationalités qui ont travaillé ici », s’en réjouit-elle. Le Sahel, c’est aussi le caritatif d’après Valentine. « Il y a également des gens qui tirent profit, notamment des étudiants qui n’ont pas les moyens de subsistance à qui on donne souvent quelques plats », informe « maman Valentine », ainsi qu’appellent les étudiants.
La diplômée en Licence Comptabilité et Master 2 en Audit de Contrôle de Gestion se dit bien intégrée dans cette partie ouest-africaine. « Je suis plus Burkinabè que Tchadienne » confesse-t-elle. Et d’ajouter : « Je me sens à l’aise ».
Celle qui rêve d’avoir un Hôtel Sahel partout en Afrique est arrivée au Burkina Faso en 2008 dans le cadre de ses études universitaires. En 2013, elle décide de mettre en place un restaurant dénommé Le Logone, du nom d’un fleuve du Tchad. Le restaurant sera rebaptisé Le Restaurant Café Sahel, une manière de donner une dimension africaine à l’établissement.
Quid du restaurant La Bassamoise ?
Non loin du Café Sahel, se trouve La Bassamoise, sur l’avenue Charles de Gaulle, à quelques mètres du musée national. C’est avec un large sourire que Désiré Kouadjo accueille ses clients dans son restaurant qui grouille de monde. Un espace agréable où certains clients trouvent leur compte entre attiéké au poisson, plakali, foutou, viande d’escargot, du riz sauce graine et gombo, aloco, cuisses et ailes de dindon, viande sauvage sans oublier de la grillade. Ces mets nous plongent en Côte d’Ivoire.
Il y a de cela 24 ans que Désiré Kouadjo a foulé le sol du Burkina Faso. Depuis, il s’y est marié à une femme burkinabè.
En plus des Ivoiriens, La Bassamoise attire l’attention des Congolais, des Béninois, des Gabonais, des Burkinabè, des Camerounais, des Nigériens, des Tchadiens, des Sénégalais, des Européens,… Cette forte fréquentation est liée, selon le promoteur, à la qualité des mets proposés ainsi que l’accessibilité des prix. « Les clients disent que le prix du repas est bas. Par exemple,le plat de foutou coûte 1250 fcfa. Ici, le prix est accessible contrairement aux autres restaurants où le même plat peut coûter 5000 fcfa ou 10 000fcfa ».
« Le Burkina Faso est mon Europe »
Depuis sa création il y a 5 ans de cela, La Bassamoise garde la même affluence. Pour Désiré, naturalisé Burkinabè, le public apprécie positivement la cuisine. « La nourriture ne reste pas. Tout est consommé dans la journée », se félicite-t-il. S’il n’a pas l’estimation exacte du nombre de plats livrés au cours de la journée, c’est néanmoins plusieurs kilogrammes de riz qui sont consommés par jour : « on peut préparer 6 sacs de riz de 5 kilogrammes, soit 30 kilogrammes chaque midi ».
Désiré Kouadjo, le promoteur de cet établissement gastronomique qui emploie 15 personnes sans compter les contractuels, est un bon communicateur. Grand aventurier, il fait un tour en Mauritanie avant de poser ses valises au Burkina Faso. « Je suis le symbole de l’intégration africaine ». C’est d’ailleurs de son retour du Tchad que sa femme lui a proposé l’idée de création du restaurant. Il estime que seuls la volonté et l’objectif recherchés guident un aventurier: « Quand tu veux être un aventurier, il ne faut pas y aller parce que tu connais quelqu’un là-bas. Il faut y aller avec ta volonté et ton objectif », tout en relativisant que le bonheur ne se trouve pas forcément en Europe. « Je le dis et je le confirme, celui qui part en Europe n’est pas plus heureux que moi aujourd’hui. Ce n’est pas l’Europe qui donne le bonheur mais c’est comment tu réfléchis, comment tu veux mener ta vie qui compte. En tout cas, le Burkina Faso est mon Europe », renchérit l’originaire de Grand Bassam qui vit depuis 24 ans dans la pays des hommes intègres où il s’est marié à une femme burkinabé.
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