
Le Niger traverse une phase critique. En août 2025, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) estime à 4,3 millions le nombre de personnes nécessitant un appui humanitaire. L’appel lancé s’élève à 500 millions de dollars, dont seuls 40 % ont été mobilisés. Ce déficit de 60 % expose des milliers de Nigériens au risque de manquer de vivres, d’abris et de soins.
Violences et déplacements
Selon un rapport du Haut Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (UNHCR), les régions de Tillabéri, Tahoua et Diffa subissent des violences armées récurrentes. Ces attaques déplacent plus de 700 000 personnes à l’intérieur du pays. Les familles quittent leurs villages pour se réfugier dans des camps improvisés. Les abris y manquent, tout comme les infrastructures sanitaires et les espaces sécurisés pour les enfants.
Dans la zone de Diffa, la crise nigériane voisine alimente un afflux de réfugiés. Plusieurs milliers de Nigérians se sont installés dans des sites de fortune. Les communautés locales, déjà fragiles, voient leurs ressources alimentaires et hydriques se raréfier. Les dispensaires peinent à absorber ce surcroît de demande, en l’absence de renforts ciblés.
Une génération en péril : insécurité alimentaire, santé défaillante et éducation en ruine
L’insécurité alimentaire touche les zones rurales où les récoltes ont souffert de pluies diluviennes et de pillages. Les prix du mil et du sorgho ont grimpé de 30 à 50 % sur les marchés locaux. Nombre de ménages dépensent désormais plus de la moitié de leur budget pour se nourrir. Cette situation affaiblit leur capacité à financer d’autres besoins essentiels.
L’accès aux soins primaires reste fortement limité. Les centres de santé manquent de personnel formé et de stocks de médicaments. Des foyers de choléra et de paludisme ont été signalés dans plusieurs districts. Les enfants de moins de cinq ans représentent la majorité des cas graves. Les campagnes de vaccination n’atteignent pas les villages isolés faute de logistique.
Plusieurs centaines d’écoles ont fermé leurs portes dans les zones de conflit. Des enseignants ont fui par crainte des attaques, tandis que les déplacements interrompent la scolarisation. Nombre d’enfants déplacés travaillent pour contribuer aux revenus familiaux. L’impact sur le parcours éducatif d’une génération se dessine déjà, faute de solutions de remplacement.
La protection des plus vulnérables demeure insuffisante. Les violences basées sur le genre augmentent au sein des camps et sites de fortune. Les barrières culturelles et l’absence de services dédiés compliquent le signalement des abus. Les survivantes, privées de points d’écoute, peinent à accéder à un soutien psychosocial et médical adapté.
Urgence d’une solidarité accrue : Réponse humanitaire et financement
L’ONU, les ONG et le gouvernement nigérien coordonnent les opérations sur le terrain. Des distributions de vivres et de kits non alimentaires ont démarré dans plusieurs localités. Des cliniques mobiles proposent des consultations de proximité. Des équipes psychosociales offrent un soutien aux victimes de traumatisme.
L’appel humanitaire pour 2025 requiert 500 millions de dollars. À ce jour, 200 millions ont été engagés, soit 40 % du total nécessaire. Le manque de 300 millions compromet l’ampleur des interventions programmées. Sans financement additionnel, les distributions de vivres et de médicaments risquent de s’interrompre avant la fin de la saison des pluies.
Une injection rapide de fonds permettrait de renforcer l’accueil des déplacés, d’éviter les ruptures d’approvisionnement et de restaurer les infrastructures détruites. Chaque mois sans réponse met en péril la santé et la sécurité de milliers de Nigériens. Les bailleurs internationaux sont appelés à combler le déficit financier afin de garantir l’accès aux services de base.
Face à cette crise, le Niger dépend d’un effort concerté. Les besoins vont bien au-delà des dotations actuelles. La mobilisation de la communauté internationale reste la clé pour éviter une aggravation de la situation et protéger les populations les plus exposées.