Atout ou bombe à retardement? Le Niger est un pays composé majoritairement de jeunes dont l’âge moyen est estimé à 20 ans, selon le recensement général de la population de 2012 de l’institut national de la statistique. Malheureusement, ils sont nombreux à ne pas avoir fréquenté les écoles modernes. La plupart d’entre eux exerce des activités champêtres ou partent en exode pour s’adonner au commerce, à l’orpaillage, … Et Ali Amadou en fait partie. “Dialogue Migration” l’a rencontré à la gare routière dénommée STM au centre de Niamey, le 12 janvier 2023 vers 21 heures, alors qu’il s’apprêtait à prendre un bus pour aller à la quête de l’or algérien.
Ticket de bus en main, tapis de prière sous l’aisselle gauche, Ali Amadou se prépare à embarquer pour la ville d’Arlit dans le nord du pays. Sa destination finale, la terre algérienne. La trentaine, ce jeune nigérien natif du village dénommé Singuel Moriben dans la commune de Karma à environ 30 km de la capitale Niamey, est résolu à poursuivre son aventure dans ce pays situé au nord de l’Afrique pour s’essayer à l’orpaillage.
Plein de vigueur, ce bonhomme d’un mètre soixante-dix avec une belle coupe de cheveux a déjà tracé son itinéraire. Ali Amadou compte ainsi se rendre au nord du pays à Agadez précisément à Arlit avant de rejoindre son patron et passeur à la fois. “Notre départ s’organise à partir d’Arlit. C’est dans cette localité de transit que je vais rencontrer mon passeur, également mon patron. Il m’y attend déjà. C’est une fois là-bas d’ailleurs qu’il va m’informer de la date de notre départ pour l’Algérie”, confie-t-il. Selon lui, la frontière algérienne est constamment sous surveillance. Raison pour laquelle, dit-il, il faut avoir des renseignements sur les mouvements des forces de sécurité sur la frontière avant d’effectuer le moindre déplacement dans la zone. “Arrivé à Arlit, je me mets alors à la disposition de mon employeur qui me prend entièrement en charge. Il s’est engagé à me conduire en terre algérienne et à subvenir à mes besoins quotidiens”, indique-t-il.
“La réussite en Algérie, c’est comme un jeu de hasard. Et la mise, c’est souvent notre vie”
Si traverser le Sahara ne constitue pas un danger majeur, mener cependant la vie d’orpailleur en plus d’être en situation irrégulière est un grand risque. Sourire aux lèvres, Ali se veut optimiste. “Certes, la vie est exigeante dans les sites d’orpaillage; mais cela ne me fait pas peur”, assure-t-il. A l’en croire, “la réussite en Algérie, c’est comme un jeu de hasard. Et la mise, c’est souvent notre vie”.
Ali, qui n’en est pas à son premier voyage, est un grand connaisseur des routes migratoires, des péripéties du voyage et des contrôles sur les sites d’orpaillage. Il ne manque pas de partager ses expériences: “Il faut prier que les patrouilles militaires ne vous surprennent pas sur le site, car nous exerçons sans autorisation, donc dans la clandestinité. Et il arrive que votre employeur vous dénonce en complicité avec les autochtones juste pour ne pas vous payer. Une fois, mes camarades et moi avons été pris en chasse par l’hélicoptère de patrouille. On a dû passer plus de 24 heures dans une grotte et marcher pendant des jours avant de trouver une voiture pour rallier Arlit puis Niger».
Pour Ali, les orpailleurs clandestins en Algérie aimeraient bien se régulariser si l’opportunité leur est offerte. Aussi, déplore-t-il, ces derniers ignorent les voies à suivre pour l’obtention d’une autorisation d’exercice. “Nous ignorons comment obtenir le droit de séjour ou encore les autorisations pour pratiquer l’orpaillage en toute légalité. S’il existe une possibilité pareille, nous allons cotiser autant d’argent qu’il faudra pour l’obtenir”, confie Ali, visage timide, plongé dans un songe très profond; avant de prendre congé de Dialogue Migration et de prendre route pour Arlit, ville située au nord du Niger.
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