
Depuis 2014, plus de 72 000 migrants ont péri ou disparu à travers le monde en tentant de fuir les conflits, les catastrophes ou la pauvreté. L’année 2024 a été particulièrement tragique, avec au moins 8 938 migrants décédés, un chiffre record. Dans un rapport du 29 avril 2025, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) alerte sur l’ampleur de cette crise humaine silencieuse et appelle à des actions urgentes pour protéger les plus vulnérables.
L’Organisation des Nations Unies pour les migrations rapporte que la moitié de ces décès sont survenus dans des pays touchés par des conflits ou des catastrophes naturelles. En Afghanistan, plus de 5 000 personnes ont perdu la vie en transit, notamment à la suite des bouleversements politiques de 2021. Parmi les Rohingyas du Myanmar, plus de 3 100 individus sont morts, souvent lors de naufrages ou en tentant de rejoindre le Bangladesh.
Migrer par désespoir, non par choix
Le rapport souligne que la majorité des migrants entreprennent ces voyages périlleux non par choix, mais par nécessité, fuyant l’insécurité, les conflits, les catastrophes et d’autres crises humanitaires. Ainsi, près de 72 % des décès enregistrés sont liés à des zones en crise. Plus de 39 000 personnes sont mortes dans des conditions dangereuses, souvent piégées, tandis que plus de 13 500 sont décédées en tentant de fuir une situation de conflit ou de catastrophe.
« Ces chiffres nous rappellent tragiquement que les personnes sont prêtes à risquer leur vie lorsque l’insécurité, le manque d’opportunités et d’autres pressions ne leur laissent pas d’options sûres ou viables dans leur pays », a déclaré dans un communiqué, Amy Pope, directrice générale de l’OIM.
Des causes de décès spécifiques aux contextes de crise
Les décès dus à la violence sont surreprésentés dans les pays en crise, représentant 10 % des cas contre moins de 4 % dans les autres contextes. Les maladies et l’absence de soins médicaux adéquats ont également causé davantage de pertes dans ces zones : 6 % des décès, contre 1,5 % ailleurs.
« Trop souvent, les migrants passent entre les mailles du filet », a déploré Julia Black, coordinatrice du projet Migrants disparus de l’OIM et autrice du rapport.
« Et en raison du manque de données – en particulier dans les zones de guerre et les zones sinistrées – le nombre réel de morts est probablement beaucoup plus élevé que ce que nous avons enregistré », poursuit-elle.
La Méditerranée centrale reste la route migratoire la plus dangereuse au monde. Environ 25 000 personnes y ont disparu en mer au cours de la dernière décennie, dont plus de 12 000 après avoir quitté la Libye, pays ravagé par la guerre. De nombreux autres migrants ont disparu en traversant le désert du Sahara, indique le rapport.
Appel urgent à une réponse concertée
Face à ces drames répétés, l’OIM appelle les États et les acteurs humanitaires à renforcer la coopération pour ne laisser aucun migrant de côté dans les réponses aux crises. Cela implique d’élargir les voies légales de migration, d’améliorer l’accès à l’aide humanitaire et aux soins de santé, ainsi que d’investir dans des systèmes de données fiables pour mieux protéger les personnes à risque.
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