
Au centre du Bénin, l’un des greniers agricoles du pays, plusieurs communes sont frontalières à des pays voisins. Cette proximité géographique favorise l’arrivée de travailleurs agricoles dans ces localités. Des bras valides en provenance du Togo et autres régions du pays, qui viennent apporter un coup de pouce à la production agricole et la renommée de ces communes.
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), note le rôle très important des déplacements dans les enjeux agricoles. Au Bénin, la main-d’œuvre agricole des communes du centre-ouest, notamment Bantè, est constituée d’ouvriers venus du nord du pays et du Togo voisin. Située au nord-ouest du département des Collines, Bantè est frontalière à la République du Togo à l’ouest. La commune compte 49 villages et quartiers de ville répartis dans 09 arrondissements : Bobè, Gouka, Bantè, Koko, Pira, Agoua, Lougba, Atokolibé et Akpassi.
Ce matin-là à Pira, nous avons rencontré Jean-Pierre, originaire de la région de Kara au Togo. Installé dans cette localité, il y a à peine quelques années, il est comme un membre à part entière de sa famille d’accueil. Il était venu rendre visite à la tante de son hôte quand nous croisions son chemin. Cette dernière raconte : « C’est un ouvrier agricole exemplaire, il fait partie de notre famille. Mon neveu était au champ un matin, il y a cinq ans environ, quand il s’est rapproché de lui pour lui proposer ses services », narre-t-elle.
Pour son hôte, des explications reçues, la venue de Jean-Pierre qui était ‘’sorti’’ de nulle part et avec qui il n’avait aucun lien, quelques mois après le décès de son père, est un signe du retour de ce dernier. Suivant leur conception, le patriarche de la ferme, que son neveu ne cessait d’invoquer à le guider à assurer sa relève, face à l’immensité des défis à relever, a répondu favorablement à sa demande.
Ainsi, sans hésiter, l’hôte qui avait désormais la charge de toute la plantation d’anacarde en tant qu’aîné, a accueilli Jean-Pierre à bras ouvert. Depuis lors, il est son ouvrier agricole et l’aide à l’entretenir, ainsi que dans sa production de cultures vivrières. Aujourd’hui, en dehors de ses prestations, une portion de terre a été attribuée à Jean-Pierre pour faire son propre champ. Des échanges avec ce dernier, qui a quitté les siens en quête de mieux-être, il ne cache pas son soulagement. « Je me sens ici comme chez moi », résume-t-il avec enthousiasme, soulignant la bonne évolution de sa production de maïs, et des travaux qu’il effectue dans la plantation d’anacarde.
A environ 3 kilomètres des habitations du village, sur l’une des routes des champs se trouve entre autres, un campement. Il est composé de ressortissants du nord Togo et du nord Bénin, ayant des langues et cultures, assez proches. Installés depuis plusieurs années à cet endroit, ils constituent une main-d’œuvre très sollicitée par des producteurs agricoles. Certains des résidents de la ferme avec le temps se sont définitivement installés, avec leur ménage et leurs champs et font également l’élevage. Comme ce campement on peut en dénombrer plusieurs dans les arrondissements de la commune de Bantè.
L’hôte chez qui les travailleurs agricoles sont installés est leur principal interlocuteur, et prioritaire dans les sollicitations pour les travaux champêtres. Certains viennent occasionnellement pour des prestations. Afin d’obtenir de bons rendements, les principaux producteurs de la région s’appuient sur cette main-d’œuvre parfois indispensable.
Une main d’œuvre de remplacement
Comme bon nombre de communes rurales du Bénin, Bantè fait face au phénomène de l’exode rural et du départ en aventure de ses bras valides vers des pays voisins. « La Commune de Bantè dispose d’énormes terres cultivables. La mise en valeur de ces terres cultivables nécessite l’utilisation d’une main-d’œuvre importante. La migration dans notre commune est une réalité, pendant la saison pluvieuse, car beaucoup de nos jeunes migrent vers le Nigéria à la recherche d’un mieux-être. Alors, nous utilisons de la main-d’œuvre des communes voisines et des pays de la sous-région », explique Alphonse Odumbu, élu communal et ex-Adjoint au Maire de la commune de Bantè.
La position géographique de la commune et ses atouts créent l’affluence de communautés des pays voisins, et autres.
Selon le Recensement Général de la Population RGH4 de 2013 on peut évaluer la présence des communautés des pays voisins dans la population productrice de la commune de Bantè à 2,6%. Des données qui devront être actualisées, selon nos sources.
L’agriculture est la principale activité qui occupe la population de la commune, composée de 10.427 chefs de ménages agricoles dont 2.178 de sexe féminin. Plus de 90% de la population active de la Commune vit de l’agriculture qui représente plus de 75 % du secteur primaire.
« Les types d’activités ou intervient l’affluence de la main-d’œuvre des communautés non Béninoises sont la production des céréales : maïs, sorgho et riz ; des tubercules et racines : igname et manioc ; des légumineuses : niébé et soja… Ses activités se déroulent pendant la saison pluvieuse », indique l’ex-Adjoint au Maire.
Des impacts sur la productivité et l’intégration sous-régionale
Au Bénin, la commune de Bantè est la première productrice d’anacarde. Une spéculation qui nécessite de la main-d’œuvre agricole pour l’entretien des plantations, mais également la récolte des amandes. Cette commune est l’un des greniers du pays par sa production de vivriers et des cultures de rente, notamment, l’anacarde et le coton ; également des filières naissantes, comme la tomate.
« En thème d’impact positif de la mobilité des travailleurs agricoles, on note l’accroissement de la production et la productivité agricole, et l’existence des produits vivriers dans les marchés de la sous-région », indique l’ex-Adjoint au Maire.
La mobilité des travailleurs agricoles dans la commune de Bantè, outre son apport de main-d’œuvre, crée le brassage entre les communautés, et l’échange de pratiques culturales dans la production agricole.Au Bénin, l’agriculture représente 37,1 % du PIB et emploie 70 % de la population. Selon les données de l’Institut national de la statistique et de la démographie (INStaD), à plus de 10%, les immigrants préfèrent s’installer dans les départements des Collines (13,1%), du Couffo (11,3%), de la Donga (12,2%) et du Littoral (10,5%).
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