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[Revue de presse]– Regards sur les mobilités : entre dignité, solidarité et résistances
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[Revue de presse]– Regards sur les mobilités : entre dignité, solidarité et résistances
Tamaltan Inès Sikngaye🇹🇩
Tamaltan Inès Sikngaye🇹🇩
November 01, 2025

Au-delà des discours de peur et des statistiques, la migration continue de se raconter à travers des initiatives porteuses d’espoir, des engagements citoyens et des choix politiques qui redéfinissent les frontières de la solidarité. De Dakar à Tunis, de Madrid à Washington, la revue de presse de ce mois met en lumière des trajectoires et des luttes qui rappellent que la mobilité humaine est avant tout une histoire de dignité.

Au Sénégal, la marine nationale a porté secours, le 13 octobre, à 123 migrants à bord d’une pirogue partie d’un pays voisin, à une centaine de kilomètres de la pointe de Sangomar. Ce sauvetage témoigne de la volonté de préserver des vies dans un contexte où les départs vers les Canaries se poursuivent. Dans le même pays, une note d’espoir : quatre-vingt-quinze travailleurs saisonniers ont embarqué le 1er octobre, pour l’Espagne dans le cadre d’un programme de migration circulaire. Ce dispositif, qui permet à des travailleurs de séjourner temporairement à l’étranger avant de revenir, incarne une approche plus équilibrée et bénéfique de la mobilité. Toujours à Dakar, l’académie de football NSFC-Iyane a signé le 14 octobre, un partenariat avec l’Université internationale de Casablanca, au Maroc pour offrir aux jeunes des perspectives de formation et d’emploi, une initiative qui traduit la recherche d’alternatives concrètes à la migration irrégulière.

Au Burkina Faso, un bras de fer diplomatique s’est engagé avec les États-Unis. Washington a décidé que les Burkinabè devraient désormais effectuer leurs demandes de visa à Lomé, au Togo, une mesure perçue comme une sanction après le refus du gouvernement burkinabè d’accueillir des personnes expulsées. Les autorités de Ouagadougou insistent sur leur attachement à la dignité et refusent de voir leur pays devenir une “terre de déportation”. Cette position réaffirmerait la souveraineté du Burkina et son exigence de respect dans les relations migratoires internationales.

En Tunisie, le procès du président du Conseil tunisien pour les réfugiés, Mustapha Djemali, a ravivé le débat sur la criminalisation de la solidarité. L’homme, ancien cadre du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, est poursuivi pour avoir “facilité l’entrée clandestine” de migrants alors qu’il enregistrait des demandeurs d’asile sous mandat onusien. Cette affaire soulève des inquiétudes sur la liberté d’action des défenseurs des droits humains et sur la reconnaissance du travail humanitaire dans le pays.

Plus au nord, la situation reste tendue en Méditerranée. En Libye, l’ONG Sea-Watch dénonce une intensification des violences des gardes-côtes contre les embarcations de migrants et les navires humanitaires. Plus de soixante incidents violents ont été recensés depuis 2016, reflet d’un système où la sécurité prime sur la protection. Dans le même espace maritime, des migrants secourus par les gardes-côtes italiens affirment avoir été victimes d’une attaque armée dans les eaux maltaises, un épisode qui souligne la complexité et la dangerosité croissante de cette zone.

En Europe, les débats sur la migration restent vifs. En France, seize organisations, dont Médecins du Monde et Utopia 56, ont saisi, le 14 octobre, le Conseil d’État pour contester l’accord migratoire franco-britannique dit « un pour un », qu’elles qualifient “d’accord de la honte”. Selon elles, cet échange de migrants entre Paris et Londres s’apparente à un marchandage indigne. Par ailleurs, un rapport du Comité des droits de l’enfant des Nations unies dénonce de graves violations des droits des mineurs étrangers non accompagnés en France, soulignant la nécessité d’un meilleur accompagnement. Pourtant, dans un autre registre, certaines initiatives montrent un autre visage de l’accueil : à Rennes, un collectif d’agriculteurs migrants, venus notamment de Côte d’Ivoire et du Cameroun, cultive la terre et partage ses récoltes avec des familles en précarité, illustrant l’intégration par l’action solidaire.

En Espagne, la conférence internationale Afro Madrid 2025 a mis en avant le rôle des Afro-descendants comme acteurs du changement social. Le gouvernement espagnol a profité de l’occasion pour annoncer une nouvelle stratégie pour l’Afrique, centrée sur la formation professionnelle et la lutte contre le racisme. Une approche qui contraste avec la montée des politiques restrictives observées ailleurs sur le continent européen. Dans le même esprit, l’Union européenne a dévoilé son « Nouveau Pacte pour la Méditerranée », une initiative qui vise à renforcer la coopération et les échanges humains entre les deux rives. Reste à voir si ces ambitions se traduiront par une mise en œuvre respectueuse des droits et des aspirations des peuples du Sud.

Aux États-Unis, la surveillance migratoire prend une nouvelle tournure. L’agence de l’immigration et des douanes (ICE) prévoit d’étendre son contrôle sur les réseaux sociaux, mobilisant de nouveaux contractuels pour analyser les publications et renforcer les opérations de ciblage. Dans le même temps, Apple a retiré le 02 octobre, plusieurs applications permettant de signaler les déplacements de la police migratoire, réduisant les possibilités de transparence citoyenne sur ces pratiques controversées.

Sur les réseaux sociaux, enfin, la migration continue de s’écrire autrement. De jeunes Africains partagent sur TikTok, Instagram ou Facebook des vidéos de leurs traversées, oscillant entre glorification et désillusion. Si ces récits soulèvent des interrogations, ils montrent aussi la volonté des migrants de reprendre le contrôle de leur propre histoire, face à une narration souvent dominée par la peur ou la pitié.

De l’Afrique à l’Europe, en passant par les Amériques, ces actualités rappellent que la migration n’est pas seulement une question de frontières, mais une affaire de société, de dignité et d’humanité partagée. Raconter la mobilité autrement, c’est rappeler que derrière chaque départ se cache une espérance, et derrière chaque accueil, une responsabilité commune.


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