Parfois des envies d’ailleurs peuvent valoir cher. Pour l’exemple de Cheikh Touré, la quête d’un avenir meilleur, la réalisation d’un rêve, à coûté une vie, au Ghana. Pour l’heure l’État du Sénégal se mobilise pour rapatrier notamment le corps du défunt. Mais le regretté Cheikh n’était pas seul, 2 de ses concitoyens étaient pris au piège, mais finalement tirés d’affaires. 

De plus en plus de jeunes nourrissent chaque jour cette ambition de devenir les nouveaux Sadio Mané, Kalidou Koulibaly ou encore Edouard Mendy. La concrétisation de ce rêve d’enfant passe aussi par des tests qu’on est appelé à effectuer loin des siens. Ce qui devait juste être un examen de passage, au Maroc, notamment, se transforme en un périple improvisé. Toujours est-il que des scènes qui étaient plutôt l’apanage de l’émigration irrégulière gagnent du terrain dans le domaine sportif. Le dernier drame en date concerne le jeune Cheikh Touré qui a succombé dans des conditions tristes au Ghana.  Pour résumer les faits, Cheikh Touré aurait été victime d’un groupe d’individus mal intentionnés qui lui avaient fait croire à la possibilité de passer des essais pour rejoindre un club professionnel. 

Ce projet de voyage s’est finalement transformé en enlèvement. Les ravisseurs auraient ensuite réclamé une rançon à sa famille, incapable de réunir la somme demandée. Face à l’échec, ils lui auraient ôté la vie. 

Une affaire d’État 

Vu la gravité des choses, le désormais tristement célèbre cas Cheikh Touré a pris rapidement une tournure étatique. Si sur place Accra avait pris les devants pour essayer d’élucider cette affaire, du côté de Dakar on s’était aussitôt mobilisé. Dans cette optique, selon un communiqué du ministère sénégalais des Affaires étrangères, “deux agents de l’Ambassade seront dépêchés à Kumasi, dès le dimanche 19 octobre 2025, pour assister les autorités locales dans les démarches administratives et judiciaires afin de préparer, en lien avec la famille, le rapatriement de la dépouille au Sénégal dès que les autorisations nécessaires auront été obtenues”. Embouchant la même trompette que le département des Affaires étrangères, le ministère des Sports du Ghana n’est pas resté de marbre face à cette tragédie qui secoue la nation toute entière. Retraçant un peu le film de ce cauchemar, on lance un appel à la circonspection. “Ce drame, survenu alors qu’il aurait été trompé par de faux recruteurs pour un prétendu test au Maroc, avant d’être victime d’un réseau de trafic au Ghana, rappelle la nécessité d’une vigilance accrue de la part de tous’’.

Momo et Bamba, l’espoir est permis

Depuis l’éclatement de cette affaire, des informations ont aussi révélé que Bamba et Momo, qui ne donnaient plus aucun signe de vie, seraient entre les mains de kidnappeurs. Là aussi le même modus operandi est utilisé, les ravisseurs réclament une rançon pour épargner leurs vies. Toutefois, contrairement à Cheikh Touré, ces derniers ont eu plus de chance, car étant finalement libérés. Le Ministère de l’Intégration africaine, des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur a d’ailleurs confirmé ce vendredi leur libération. “Dans le cadre du suivi du dossier relatif au décès tragique de M. Cheikh TOURE, survenu à Kumasi, au Ghana, les deux compatriotes qui étaient détenus en même temps que lui, M. Khadim NDIAYE et M. Mamadiang KANE, ont été libérés grâce aux démarches soutenues entreprises par l’Ambassade du Sénégal à Accra, avec le concours diligent et bienveillant des autorités ghanéennes compétentes”. Le communiqué du département dirigé par Cheikh Niang de rassurer davantage en retraçant le trajet parcouru par les 2 concitoyens : “Après leur libération, les deux jeunes compatriotes ont été conduits jusqu’à la frontière entre le Ghana et la Côte d’Ivoire, avant de poursuivre leur route vers le Mali, où ils se sont présentés, sains et saufs, à l’Ambassade du Sénégal à Bamako, le 22 octobre 2025. Ils y ont bénéficié d’une prise en charge appropriée dans l’attente de leur rapatriement. Ils sont arrivés à Dakar ce soir et ont été accueillis et assistés par une équipe du MIAAESE et de la Police nationale, pour les formalités d’usage prévues en de telles circonstances”. 

Tout ce qui brille…

Cette histoire rappelle qu’aussi tentant soit le rêve il faut veiller à protéger ces jeunes innocents de plus en plus en proie aux “coupeurs de route”. La moindre faille est exploitée par les ravisseurs. Là notamment, l’appel du ministère des Sports a eu tout son sens. Khady Diène Gaye invite “les clubs, académies, encadreurs et parents à redoubler de prudence face aux offres non vérifiées de tests ou de transferts à l’étranger. Il invite les jeunes athlètes à toujours passer par les circuits officiels et à s’informer auprès des autorités sportives avant tout déplacement”. Cette affaire devrait être un prétexte pour cartographier une bonne fois pour toute les agences convoyeuses de talent à l’étranger et les formaliser au besoin.  

Il convient alors de noter que trouver une solution durable à la migration irrégulière dépend largement du traitement du problème à sa source — en identifiant et en démantelant les réseaux qui organisent ces voyages trompeurs. Cet effort, combiné à une meilleure sensibilisation des parents, des autorités sportives et des jeunes athlètes, est essentiel pour prévenir toute nouvelle forme d’exploitation.