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Migration irrégulière : le Sénégal adopte un plan quinquennal arrimé à la vision 2050
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Migration irrégulière : le Sénégal adopte un plan quinquennal arrimé à la vision 2050
Mamadou Diop 🇸🇳
Mamadou Diop 🇸🇳
October 04, 2025

Le Comité interministériel de lutte contre la migration irrégulière (CILMI), en partenariat avec la fondation Konrad Adenauer Stiftung, a tenu en septembre 2025 à Dakar un atelier stratégique d’importance. Réunis à l’hôtel Noom (ex-Radisson Blu), les acteurs engagés dans la lutte contre la migration irrégulière planchent sur l’alignement du plan d’actions opérationnel de la Stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière (SNLM) avec la Vision Sénégal 2050.

La Vision Sénégal 2050 comporte évidemment un volet migration irrégulière. À cet effet, un atelier a réuni des représentants des ministères membres du comité interministériel de lutte contre la migration irrégulière, des forces de défense et de sécurité, des partenaires techniques et financiers ainsi que des organisations de la société civile. L’objectif est de définir un cadre d’intervention cohérent et durable pour endiguer un phénomène qui continue de marquer la société sénégalaise depuis plus de deux décennies.

La Stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière a été élaborée et validée en juillet 2023. Elle repose sur cinq axes dont la prévention, la répression, la gestion et la surveillance des frontières, la protection des migrants, ainsi que le retour et la réintégration. Déjà arrimée à la Vision Sénégal 2050, la stratégie nécessite désormais un plan opérationnel adapté. C’est tout l’enjeu de l’atelier en cours.

« L’objectif est de passer d’un plan triennal à un plan quinquennal, afin de donner plus de visibilité et de cohérence aux actions à mener », a expliqué le contrôleur général de police Modou Diagne, secrétaire permanent du CILMI. Selon lui, ce document servira de feuille de route pour les cinq prochaines années, avec l’ambition de réduire drastiquement la migration irrégulière d’ici 2035.

Un phénomène persistant mais en recul en 2025

Si la migration irrégulière n’est pas un fait nouveau au Sénégal, les données récentes laissent entrevoir des signes encourageants. Au premier trimestre 2025, 1 946 personnes ont été interpellées alors qu’elles tentaient de rejoindre l’Europe par la voie maritime. Fait notable, plus de la moitié d’entre elles étaient des ressortissants étrangers venus transiter par le Sénégal. Dans le même temps, les forces de défense et de sécurité ont saisi 32 pirogues et présenté 74 passeurs présumés à la justice. Comparé à la même période en 2024, le nombre de départs avortés et d’embarcations interceptées a sensiblement diminué. « Cela montre que les efforts de surveillance portent leurs fruits », souligne Dr Modou Diagne, qui insiste néanmoins sur l’importance de la prévention.

La lutte contre la migration irrégulière ne saurait se limiter au contrôle des frontières. Le gouvernement sénégalais en est conscient. Outre les opérations de surveillance maritime et terrestre, des actions de sensibilisation et de prévention sont menées à l’échelle nationale. Surtout, l’État mise sur le développement économique et social pour offrir des alternatives crédibles aux jeunes et aux femmes tentés par l’exil. Des programmes de formation, d’insertion professionnelle et d’entrepreneuriat sont progressivement déployés afin de créer des opportunités locales et de réduire l’attractivité des routes migratoires clandestines. « La prévention, c’est d’abord donner des perspectives aux populations. L’enjeu est de permettre à nos jeunes de rester au Sénégal et d’y bâtir leur avenir », rappelle le secrétaire permanent du CILMI.

La mise en place du Comité interministériel en charge de la migration irrégulière s’inscrit dans cette dynamique. Instance de coordination, il fédère l’action de l’ensemble des ministères, des forces de défense et de sécurité, mais aussi des partenaires techniques et financiers. Cette approche transversale vise à harmoniser les efforts et à renforcer l’efficacité des interventions. 

Au-delà de la dimension sécuritaire, l’atelier de Dakar ambitionne ainsi de consolider un cadre stratégique où prévention, protection et développement s’articulent pour contenir un phénomène profondément enraciné. Car comme le rappelle Modou Diagne, « il ne s’agit pas d’une question qui se règle en quelques mois, mais d’un travail de longue haleine ».


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