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Cheikh Abdou Fall : “pour lutter plus efficacement contre l’immigration irrégulière il faudrait faciliter les demandes de visa”
Témoignage
Cheikh Abdou Fall : “pour lutter plus efficacement contre l’immigration irrégulière il faudrait faciliter les demandes de visa”
Mamadou Diop 🇸🇳
Mamadou Diop 🇸🇳
October 04, 2025

Cheikh Abdou Fall est le coordinateur du collectif des migrants de retour pour la réinsertion et le développement (CM2RD). À travers cet entretien accordé à Dialogue Migration, M. Fall résidant à Pikine revient sur diverses questions autour du phénomène migratoire. 

Après nous avoir présenté le CM2RD, concrètement qu’est-ce que vous faites, quels actes posez-vous pour lutter contre l’émigration irrégulière ?

Laissez-moi d’abord vous parlez de notre association qui a été créée en juillet 2023, lors d’une assemblée générale. Le but est d’accompagner les migrants de retour et les potentiels migrants dans le domaine de la réinsertion sociale, la formation professionnelle et l’assistance psychologique. Pour lutter contre  l’immigration irrégulière on mise particulièrement sur des caravanes un peu partout à travers le pays en allant à la rencontre des jeunes notamment, population la plus touchée par ce phénomène mondial. À travers les médias aussi, télévisions et radio également nous menons des actions de sensibilisation. L’objectif est de conscientiser, de dissuader le maximum de monde à ne pas emprunter les voies maritime et terrestre pour rejoindre l’Europe ou les Etats Unis. 

Et le débat autour de l’octroi des visas? C’est une question qui revient de plus en plus, quelle est votre opinion la dessus ?

En effet,  pour lutter plus efficacement contre l’immigration irrégulière il faudrait faciliter les demandes de visa. L’obtention de ce précieux sésame est de plus en plus problématique pour les demandeurs. Nous pouvons plus fuir face à ce débat là. Même si nos Etats ne disposent pas d’assez de marges de manœuvre pour imposer la réciprocité des visas aux pays occidentaux, il est plus que jamais urgent de poser un certain nombre d’actes pouvant permettre aux africains de voyager dans la légalité.

Les sensibilisations contre ce fléau se poursuivent chaque jour, est-ce vraiment efficace sur le terrain ?

Efficaces ou pas, difficile de le dire, mais parfois c’est l’unique arme que nous avons à notre disposition. À défaut de permettre à nos semblables de s’épanouir chez eux, nous devons au moins continuer de les dissuader par tous les moyens possibles. Il faudra peut-être des outils pour apprécier réellement l’impact de la sensibilisation, mais attendant nous devons nous y accrocher.

Aujourd’hui de plus en plus d’africains empruntent la voie maritime ou terrestre pour rejoindre l’Europe malgré les risques, qu’est-ce que cela vous inspire ?

Cela signifie que le chômage et la pauvreté continuent de faire beaucoup de dégâts sur notre cher continent. Les jeunes africains sont frustrés par la mal gouvernance, la corruption, l’absence de perspectives réelles. Car certains dirigeants africains n’ont pas joué pleinement leur rôle. Les responsabilités sont certes partagées, mais force est de reconnaître que certains dirigeants, du fait des actes qu’ils posent favorisent la pratique de l’émigration irrégulière.

Concrètement comment pourrions-nous parvenir à convaincre les candidats à l’émigration irrégulière à rester chez eux à ne pas prendre le risque de ce périple ?

Pour dissuader les candidats à l’émigration irrégulière, il faut d’abord mettre quelque chose sur place, créer les conditions de leur réussite à la maison. On a beau discourir tenir des panels et autres séminaires sur le sujet, mais sans actions réelles, les jeunes et moins jeunes emprunteront toujours ces voies peu recommandables. Je ne dis pas cela pour nier l’utilité des sensibilisations, nous mêmes nous en faisons beaucoup, mais ce n’est qu’une part de la solution. En résumé, pour sauver nos semblables de ces périples, il faut continuer à sensibiliser, mais aussi et surtout, il faut lutter contre le chômage.

Êtes vous en collaboration avec d’autres associations luttant contre l’émigration irrégulière ? Comment parvenez-vous à travailler ensemble ?

Oui nous essayons de nouer des collaborations avec d’autres organisations comme l’ONG Jamra, BOZA-FI, l’IRFC et l’ONFP, entre autres. Travailler avec ses associations sœurs est tout sauf compliqué car on est tous mû par le même objectif : accompagner, former et réinsérer les migrants de retour. Bien-sûr, ces partenariats que nous nouons facilitent également la sensibilisation. La lutte contre l’émigration irrégulière étant l’affaire de tous, ce n’est qu’en mutualisant les efforts par endroit que nous remporterons les batailles inhérentes à cette question.


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