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Entre le Cameroun et le Sénégal : l’amour réécrit une vie 
Témoignage
Entre le Cameroun et le Sénégal : l’amour réécrit une vie 
Ndiémé Faye 🇸🇳
Ndiémé Faye 🇸🇳
October 04, 2025

Entre deux pays et deux modes de vie, Princia, camerounaise, s’est retrouvée face à un destin qui la dépassait. Arrivée au Sénégal il y a cinq ans, elle a d’abord affronté les obstacles, langue, finances et repères avant de s’y épanouir : mannequinat, puis journaliste radio. Aujourd’hui, son regard sur le mariage, l’identité et la nationalité s’est transformé au point d’envisager une nouvelle vie sénégalaise. Son portrait explore comment l’intégration réussie et l’ouverture au monde redessinent une trajectoire personnelle et professionnelle, et pourquoi le Sénégal est devenu pour elle bien plus qu’un pays d’adoption. 

Elle vit sa passion : le mannequinat. Sur le tapis rouge, elle s’avance avec une prestance raffinée et une élégance naturelle. Sa silhouette élancée se déplace avec assurance, chaque pas semblant être une chorégraphie maîtrisée. Son teint profond et lumineux capte la lumière des projecteurs, donnant à sa peau une douceur chaude sous les flashs. Grace Gabrielle Princia Dooko porte une robe spectaculaire dominée par des tons verts profonds. La robe, un chef-d’œuvre de design : un profil fluide et ample avec des volumes dramatiques aux manches, qui créent un mouvement fluide à chaque pas. Le talon invisible du vêtement est accentué par un dégradé de couleurs, passant du vert émeraude au jaune pâle sur la partie gauche, qui contraste avec le corps principal de la tenue. 

Des bandes verticales dorées et argentées s’étendent comme des marches scintillantes, apportant une texture métallique qui attire les regards et reflète la lumière du tapis. Le tout est complété par un motif texturé sombre à la base des bandes, ajoutant de la profondeur et du relief à l’ensemble. Ses cheveux sont coiffés en une tresse ou un style parfaitement maîtrisé, remontés au sommet de la tête pour dégager le visage. Le maquillage reste sobre et élégant : lèvres nude, paupières bien définies et un teint homogène qui met en valeur les traits. Elle avance avec une posture droite et une démarche fluide, le buste légèrement bombé, les épaules détendues. Son regard, posé légèrement hors caméra, transmet une impression de calme et de confiance, prête à capturer l’attention des caméras et des spectateurs. Autour d’elle, l’atmosphère du tapis rouge est glamour et effervescente : les projecteurs créent des halos lumineux, et les invités captent chaque instant, tandis que le décor minimaliste met en valeur la robe et sa couleur vive. 

2019, tout commence…

En 2019, la jeune camerounaise foule le sol sénégalais. Un choix de ses parents auquel, Princia n’est pas contre : « l’école dans laquelle je voulais étudier aussi, se trouvait au Sénégal. Donc quand mes parents m’ont proposé le Sénégal pour poursuivre les études supérieures, je n’ai pas hésité ». Au moment de poser ses valises, la jeune camerounaise commence à rencontrer des défis. Un premier, la barrière linguistique : « ça a été un peu compliqué de m’adapter au départ. Mais avec mon entourage et la volonté je me suis très vite adaptée ». Le plan financier aussi, elle rencontre les problèmes. « Sur le plan financier, j’ai énormément galéré plus précisément la cherté de la vie. En effet, le coût de la vie est plus élevé que celui du Cameroun. Surtout par rapport au logement, l’alimentation et même le transport ». Face à cette situation difficile, elle trouve une solution : faire du mannequinat. « J’ai commencé à chercher à m’occuper afin d’avoir d’autres sources de revenus pour soutenir me “dépanner” de temps en temps. J’ai été loin de mes parents pendant 5ans. Ça a été un coup dur pour une adolescente qui quitte le pays juste après le baccalauréat », explique la jeune femme

Défiler pour des stylistes, sa passion, elle s’en sort bien : « j’en suis vraiment sortie financièrement avec ce métier pour pourvoir subvenir à mes besoins et surtout ne pas fatiguer les parents restés au pays », confie la jeune dame avec un petit silence pour se remémorer de ce moment de galère.  Malgré toute galère financière, elle a été vraiment marquée par la « téranga sénégalaise ». Avec un rire, elle déclare : « lorsqu’on parle du Sénégal, on parle d’hospitalité et c’est exactement ce que j’ai vu et remarquée. Déjà mon grand frère a vécu ici à Dakar pendant très longtemps. Et il a beaucoup contribué aussi à mon adaptation ». Cependant, dès ses premiers jours au Sénégal, elle remarque des différences. Pour elle, au Cameroun, généralement les gens se lèvent très tôt pour ouvrir leurs commerces mais, à Dakar parfois jusqu’à 10h, les boutiques sont fermées, surtout les dimanches. Les salutations aussi. « Au Sénégal, les salutations sont très particulières. Et j’ai fait le constat que l’on salue tout le monde, même ceux qu’on ne connait pas forcément. Également pour le partage des repas. Au Cameroun on n’a pas l’habitude de manger tous ensemble dans un même plat. Sauf dans des cas particuliers comme lors des cérémonies », nous dit Princia.

Des succès s’enchaînent 

Après ce succès sur le mannequinat, un autre survient. En 2021, Princia réussit le concours de journalisme du Centre d’Études des Sciences et Techniques de l’Information, (CESTI). Elle se spécialise en radio. Princia, une jeune journaliste radio, vive et curieuse, révèle une présence rafraîchissante derrière le micro. Sa voix, chaude et assurée, porte une diction claire et précise qui capte l’attention dès les premières secondes. Sa voix, grave juste ce qu’il faut et légèrement veloutée, déroule l’information avec une cadence maîtrisée qui tient l’auditeur en haleine.

Dans le monde du journalisme, elle dégage une énergie calme et une curiosité insatiable, prête à explorer les faits avec rigueur et humanité. Des expériences, elle en a vécu tellement. Princia raconte : « l’une des bonnes expériences est quand je suis à l’intérieur du pays. C’était une belle découverte et une très belle expérience pour moi. Et la mauvaise, c’était en deuxième année de licence au CESTI. C’était un jeudi matin et j’étais sur le chemin de l’école, presque en retard, j’ai pris un car rapide, au moment de descendre le chauffeur a foncé alors que j’étais déjà à la porte prête à descendre. Et je suis tombée, mon pantalon s’est déchiré. C’était une journée terrible ». 

Des valeurs aussi, elle en a acquis : « ma venue au Sénégal m’a tout d’abord rapprochée de Dieu dans la prière. Elle m’a appris la patience, l’adaptation, la persévérance, l’indépendance (dans toute ses formes) et aussi l’importance d’être ouverte aux autres ». Dans son pays d’accueil, la Camerounaise trouve une seconde famille. Elle a beaucoup de connaissances mais très peu d’amis par contre. Mais parmi ces amis, « il y en a qui sont vraiment devenus comme une famille pour moi », nous dit-elle. Elle perçoit la migration comme une expérience qui a été à la fois un défi et une richesse. « Elle m’a permis de m’adapter à un nouvel environnement, très différent du mien, de devenir plus autonome, indépendante et surtout d’apprendre à voir les choses sous un autre angle. Et surtout changer sa vision du monde et son projet de vie ».

Pour elle, être étudiant étranger au Sénégal est synonyme d’opportunité, de découverte d’une culture accueillante et de créer un réseau riche et diversifié. Aujourd’hui, sa plus grande découverte que son voyage au Sénégal a influencée est le mariage : « Je n’aurais jamais pensé me marier avec un Sénégalais. À un moment donné, j’avais même juré : jamais de la vie. Je préférais rester du côté de l’Afrique centrale. Puis, un jour, un dimanche, à l’église, je suis tombée amoureuse d’un Sénégalais, mon futur époux. Aujourd’hui, j’ai un tout autre regard sur le mariage et sur les Sénégalais. Je suis même prête à demander la nationalité sénégalaise. Je suis résolue, déterminée, prête à suivre ce chemin qui m’a transformée ». Selon Grace Gabrielle Princia Dooko, sa venue au Sénégal l’a beaucoup rapproché de Dieu et a changé sa vision du mariage. 


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