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Le culte d’adieu, un rituel de l’émigration irrégulière au Bénin
Découverte
Le culte d’adieu, un rituel de l’émigration irrégulière au Bénin
Ange Banouwin 🇧🇯
Ange Banouwin 🇧🇯
December 02, 2025

Au Bénin, dans le département de la Donga, des départs irréguliers sont monnaie courante. Un phénomène lié à la volonté d’émigrer, pour revenir se reconstruire dans son pays. Cependant, ce parcours est souvent semé d’embûches qui motivent les candidats et leurs proches à consentir au pire avant le départ.

Des témoignages d’émigrants béninois revenus au bercail après leurs expériences au Maghreb notamment en Algérie, en Libye et en Tunisie témoignent des atrocités auxquelles ils font face durant leur parcours.

Face aux velléités des départs clandestins dans le département de la Donga vers ces destinations, des ONGs béninoises avec l’appui de divers partenaires œuvrent pour endiguer le phénomène. Dans leurs actions de terrain des informations et constats sont documentés.

Au nombre de ceux-ci une pratique retient l’attention : Il s’agit d’un rituel d’adieu. 

« C’est une prière qui est faite normalement aux défunts. Mais on la fait aux candidats à la migration », expose Gloria Kponou, psychologue clinicienne, consultante et membre de la Plateforme multi-acteurs de la migration au Bénin (PMB). De ses explications, en dehors des dispositions financières et spirituelles prises pour le voyage, ce rituel est évocateur. Il est l’expression d’un sacrifice consenti du candidat à la migration et des siens  sur son éventuel sort le long de son parcours pour se prédisposer à toute éventualité. Conscient de ce que sur le chemin de l’émigration certains perdent la vie, et ne reviendront jamais.

Des témoignages de migrants dont les proches n’ont plus de leurs nouvelles depuis des lustres sont évoqués par divers témoignages. Cependant, les réalisations effectuées par bon nombre de migrants forcent l’envie de braver les obstacles pour partir et revenir réaliser ses rêves au pays. Soit en envoyant des ressources depuis le pays d’accueil.

De l’avis de nombre d’acteurs qui militent pour la migration régulière au Bénin, le rituel d’adieu pourrait renforcer le choix de certains à faire le parcours périlleux de l’émigration irrégulière. Invitant à une réorientation des actions sur l’émigration clandestine à l’endroit des dignitaires religieux tout comme des parents et proches de candidats à la migration dans cette localité. 

Les données de terrain relèvent que des ressortissants du département de la Donga au Bénin, migrent vers des destinations variées, principalement en Algérie, en Tunisie et en Libye pour des raisons économiques, en passant par des routes dangereuses. D’autres flux migratoires sont aussi orientés vers l’Europe, notamment l’Allemagne, mais aussi vers d’autres pays voisins pour le commerce. 

Dans un contexte socioculturel où on met un point d’honneur à la bravoure, émigrer dans des conditions difficiles revêt également un statut social.

Des données qui interpellent

Djougou (Chef-lieu du département), Bassila, Copargo, et Ouaké sont les communes du département de la Donga, subdivisées en 26 Arrondissements et 177 villages et quartiers de ville. Dans cette localité au nombre des phénomènes qui s’y observent figure l’émigration clandestine.

Selon le quatrième Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH4), la population du département de la Donga s’élève à 543.130 habitants. L’islam (77,99%) et le catholicisme (11,9%) sont les religions les plus importantes du département. Les ethnies qui y sont les plus représentatives sont les Yowa, les Lokpa, les Ani, les Peuls ; ainsi que les groupes Dendi et Yoruba et apparentés. 

Les départs irréguliers, depuis des régions comme le département de la Donga et particulièrement la commune de Djougou, sont presque systémiques au Bénin. En décembre 2024, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le gouvernement du Bénin avaient rapatrié 150 migrants Béninois. L’opération s’inscrivait dans un vaste programme visant à faire rentrer au Bénin 267 migrants béninois bloqués en Algérie. Une mission consulaire, organisée du 22 au 29 novembre 2024, a permis d’identifier les bénéficiaires. Une opération de rapatriement a permis le retour de 173 migrants bloqués en Tunisie en mai 2025.


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