
Le Sénégal et l’Union européenne (UE) intensifient leur coopération sécuritaire afin de lutter contre les défis majeurs posés par la migration irrégulière et la traite des êtres humains. Ce mardi 8 juillet 2025, la deuxième réunion du Comité de pilotage du Programme opérationnel conjoint II (POC II) s’est tenue à Dakar, co-présidée par le ministre sénégalais de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Jean-Baptiste Tine, et l’ambassadeur de l’Union européenne au Sénégal, Jean-Marc Pisani. Cette rencontre réaffirme l’engagement partagé des deux partenaires afin de constituer un rempart de plus en plus solide face aux défis migratoires d’une manière générale.
La bataille contre la migration irrégulière se poursuit. C’est ainsi que le Sénégal et l’UE ne cessent d’imaginer des réponses face à cette réalité mondiale. Selon le ministre Jean Baptiste Tine, la réunion de ce 8 juillet s’inscrit déjà dans la continuité des initiatives débutées en 2017, marquant une nouvelle phase de coopération encore plus ambitieuse. Dans un contexte régional marqué par des menaces croissantes, notamment les récentes attaques de groupes armés à la frontière sénégalaise, le ministre a souligné l’urgence d’une réponse globale, coordonnée et proactive. Il a détaillé les projets concrets mis en œuvre dans le cadre du POC II, incluant la construction de postes frontaliers et de centres d’accueil pour les migrants secourus en mer, l’acquisition de moyens aériens et maritimes pour renforcer la surveillance des frontières, ainsi que le déploiement d’une campagne nationale de sensibilisation aux dangers de la migration irrégulière. “Ce programme illustre la solidité de notre partenariat stratégique et témoigne de notre volonté commune d’agir de façon concertée pour une meilleure gouvernance migratoire et une protection accrue de nos frontières », a affirmé le ministre.
Jean-Baptiste Tine a également insisté sur l’importance d’une approche inclusive, qui implique non seulement les forces de sécurité et les institutions étatiques, mais aussi les collectivités locales, les organisations communautaires et la société civile. Selon lui, seule une mobilisation collective permettra de bâtir une réponse durable face aux menaces sécuritaires et migratoires.
Un financement de 23 Milliards F CFA autour de Cinq axes clés
Lancé en décembre 2023 pour une durée de cinq ans, le POC II s’étend jusqu’en mai 2028 et couvre l’ensemble du territoire sénégalais. Il bénéficie d’un financement de près de 23 milliards F CFA (environ 34,75 millions d’euros) de l’Union européenne et est mis en œuvre par CIVIPOL, l’opérateur français du ministère de l’Intérieur, en partenariat avec l’agence espagnole FIAP, via une équipe mixte sénégalo-européenne.
Ce programme est structuré autour de cinq axes clés : le renforcement des capacités des forces de sécurité dans la lutte contre le trafic de migrants et la traite des personnes ; la sécurisation des frontières terrestres ; la protection des espaces maritimes et les opérations de secours en mer ; la prise en charge et la protection des victimes et la sensibilisation des populations aux risques migratoires et aux opportunités d’emploi local.
Pour l’ambassadeur Jean-Marc Pisani, les avancées significatives depuis le lancement du programme sont notables. Il l’exprime en ces termes : “l’installation d’équipements stratégiques dans les zones sensibles, incluant des drones et des moyens de surveillance maritime, la formation spécialisée des forces de sécurité, axée sur les compétences locales, l’activation d’un mécanisme de coordination entre les différents acteurs sécuritaires”. Pour l’Union européenne, la sécurité doit s’inscrire dans une approche collective et durable, fondée sur la coopération, la confiance et la solidarité. Jean-Marc Pisani a néanmoins souligné la nécessité d’intensifier les efforts, appelant à une accélération de la mise en œuvre, à une meilleure coordination entre les projets financés par l’UE et à un suivi renforcé, avec des indicateurs clairs et partagés.