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Le plan de réponse humanitaire du Niger face au refoulement massif des migrants par l’Algérie
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Le plan de réponse humanitaire du Niger face au refoulement massif des migrants par l’Algérie
Youssouf Abdoulaye Haidara 🇳🇪
Youssouf Abdoulaye Haidara 🇳🇪
May 22, 2025

Depuis la destruction d’un drone de l’armée malienne par l’Algérie dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2025 dernier, la tension a monté d’un cran entre l’Algérie et les pays de l’AES (Mali, Burkina Faso et le Niger). Ces deux derniers pays, en guise de soutien au Mali, ont condamné avec fermeté le comportement de l’Algérie en rappelant pour consultation leurs ambassadeurs. Une décision que l’Algérie a appliqué à son tour par principe de réciprocité. L’Algérie, qui déjà procède à des refoulements des migrants subsahariens vers le Niger, a du fait de la tension avec les pays de l’AES lancé un refoulement de grande envergure des migrants sur le Niger au niveau du point zéro situé à 15 km de la ville frontalière nigérienne Assamaka. Environ 4000 migrants toutes nationalités confondues ont été envoyés à Assamaka entre le 05 et le 21 avril 2025. Cette marée humaine a vite bousculé les capacités d’accueil de la ville de Assamaka et des Organisations non gouvernementales présentes dans la localité comme l’OIM et Alarm Phone Sahara.  Face à la situation, les autorités de la région d’Agadez (région frontalière avec l’Algérie) ont décidé de mettre en place un plan de réponse humanitaire en collaboration avec les organisations humanitaires qui œuvrent dans la zone.

Les migrants : les dommages collatéraux d’une crise diplomatique

Dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2025, l’armée algérienne abattait un drone de l’armée malienne. Selon les autorités maliennes le drone poursuivait des groupes terroristes en territoire malien quand il a été abattu et selon l’Algérie le drone a fait une incursion non autorisée en territoire algérien. Au lendemain de cet incident, les pays membres de l’Alliance des États du Sahel AES, à savoir le Burkina Faso et le Niger, ont condamné à leur tour le comportement de l’Algérie envers le Mali (un des trois pays membre de l’AES). Les deux pays ont aussitôt rappelé leurs ambassadeurs pour consultation. Une prise de position qui a été vite condamné par l’Algérie qui à son tour rappelle son ambassadeur du Niger et retarde la prise de fonction de son nouvel ambassadeur au Burkina Faso. L’Algérie ne s’arrête pas là, il opère le refoulement massif de migrants jamais opérés sur le Niger à partir du 05 avril 2025. Plus de 4000 migrants sont refoulés vers le point zéro au Niger.

La vague de refoulement de migrant sur Assamaka

Avant le 05 avril 2025 déjà, le Niger enregistrait l’arrivée de migrants refoulés de l’Algérie et de la Libye. Dès le début de l’année 2025, les autorités de la Région d’Agadez ont signalé l’arrivée massive de migrants au point d’enregistrement des postes frontaliers. Selon le gouverneur de la Région d’Agadez, « le Comité a relevé que, du 1er janvier au 31 mars 2025, les services compétents en charge de la gestion des frontières ont enregistré 7 125 migrants refoulés, dont 5 148 Nigériens et 1 977 migrants de différentes nationalités, soit une moyenne mensuelle de 2 375 personnes » a indiqué le Général de Brigade Ibra Boulama Issa Gouverneur de la Région d’Agadez.  A ces 7125 personnes refoulées se sont ajoutés environ 4514 migrants refoulés originaires des pays subsahariens dont le Niger, Mali et le Burkina Faso. « Ces migrants arrivent pour la majorité au point zéro étant malade ou gravement blessé » a relevé l’ONG APS d’où le besoin d’une prise en charge immédiate en matière de santé surtout pour les enfants et les femmes.

Le plan de réponse humanitaire de la région d’Agadez 

A la date du 25 avril 2025, la Région d’Agadez a enregistré plus de 11 000 migrants refoulés majoritairement de l’Algérie. Une situation qui dépasse les capacités d’accueil dont disposent la région d’Agadez et ses partenaires. Pour répondre efficacement à la situation des migrants refoulés, les autorités de la Région d’Agadez décident de conjuguer leurs efforts avec les ONG intervenant dans le secteur. C’est ainsi que les besoins humanitaires immédiats évalués sont estimés à 616 376 100 FCFA par les autorités régionales. Les besoins concernent la sécurité, alimentation, abris, Wash, santé, transport et la coordination des opérations. En tout, ce sont les ressortissants de 23 pays y compris le Niger qui seront concernés par cette réponse humanitaire.

Face à une crise humanitaire exacerbée par le refoulement massif des migrants, le plan de réponse de la région d’Agadez se présente comme une initiative décisive et urgente. Les autorités nigériennes, en partenariat avec de nombreuses ONG telles que l’OIM et Alarm Phone Sahara, mobilisent des ressources considérables afin de répondre aux besoins de milliers de personnes contraintes de fuir dans des conditions périlleuses. Cela va du transport des migrants du point zéro à Assamaka et à l’assistance fournie aux personnes blessées ou malades. Cette opération, rendue nécessaire par des tensions diplomatiques accrues entre l’Algérie et les pays de l’AES, illustre comment des différends politiques peuvent engendrer des drames humains dont les conséquences se font lourdement sentir sur le terrain. 

En apportant une intervention immédiate dans les domaines de la santé, de l’hébergement, de la sécurité, ainsi que de l’alimentation et de l’assainissement, le dispositif vise à atténuer la souffrance des migrants, en particulier des enfants et des femmes. Par ailleurs, la somme estimée à plus de 616 millions de FCFA montre l’ampleur de l’engagement des autorités face à une situation nécessitant solidarité et coopération régionale. En définitive, ce plan de réponse ne se limite pas à une action d’urgence ; il incarne également l’espoir d’un renouveau dans la gestion des crises humanitaires, appelant à une vigilance et à une mobilisation internationale pour prévenir de futurs désastres.

Ce défi, à la fois tragique et révélateur, exige que la communauté internationale s’unisse pour restaurer la dignité humaine et garantir la protection des populations les plus vulnérables dans une région en proie aux incertitudes géopolitiques. L’avenir se construit grâce à notre union.


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