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Les pays du Golfe : un enfer pour les jeunes domestiques togolaises
Découverte
Les pays du Golfe : un enfer pour les jeunes domestiques togolaises
Ndengar Masbé 🇧🇫
Ndengar Masbé 🇧🇫
March 05, 2025

La 6ᵉ édition du Forum Harmattan sur la migration, qui s’est tenue à Lomé du 19 au 21 février, a abordé de nombreux sujets à travers huit panels animés par plus d’une vingtaine d’intervenants. Parmi les thématiques soulevées, la situation préoccupante des migrantes togolaises dans les pays du Golfe a été mise en lumière. Le pasteur Édoh Komi, président du Mouvement Martin Luther King du Togo et premier adjoint au maire de la commune Golfe 2, a dressé un tableau alarmant des conditions de vie de ces travailleuses domestiques, estimées à environ quatre millions.

Une réalité dramatique

Le constat dressé par Édoh Komi est accablant. Les jeunes femmes togolaises employées comme domestiques dans les pays du Golfe vivent dans des conditions qualifiées d’« inhumaines ». Attirées par l’illusion d’une vie meilleure dans ces nations à l’économie florissante, elles se retrouvent finalement confrontées à une réalité bien plus sombre, marquée par des conditions de travail extrêmement difficiles et une profonde désillusion.

Un système de traite bien organisé

Intervenant sur le thème « La traite des personnes et le trafic de migrants vus du Togo : état des lieux et perspectives », Édoh Komi a mis en évidence le parcours périlleux de ces femmes. Nombre d’entre elles quittent le Togo de manière irrégulière, via le Bénin, le Ghana ou le Nigeria, avant d’atteindre des destinations comme l’Arabie Saoudite, le Liban, le Koweït, le Qatar ou les Émirats arabes unis. Leur voyage est facilité par des passeurs et intermédiaires qui leur fournissent de faux documents, des visas touristiques ou des contrats frauduleux.

Certaines recrues sont même formées avant leur départ afin d’adopter des comportements dissuadant les contrôles des autorités migratoires. Une grande partie de ces migrantes tombe ainsi entre les mains de réseaux de recrutement, opérant sous couvert d’agences de placement reconnues ou d’organisations clandestines. Selon le pasteur, ces réseaux exploitent la vulnérabilité des candidates à la migration en leur promettant des contrats alléchants, rarement respectés une fois sur place.

Un parcours semé de dangers

Le périple vers ce supposé eldorado expose ces femmes à de nombreux risques : traite humaine, trafic, abus sexuels, violences physiques et psychologiques, voire même la mort. Arrivées dans les pays d’accueil, elles ne sont pas à l’abri du danger. Dès leur arrivée, leurs employeurs ou les agences locales confisquent leur passeport, les plaçant dans une situation de dépendance et de vulnérabilité extrêmes.

Les conditions de travail sont particulièrement éprouvantes : des journées de plus de 18 heures sans repos, des sévices physiques et psychologiques, des privations de nourriture et de soins médicaux, voire des séquestrations. Nombre d’entre elles ne perçoivent pas le salaire promis et se retrouvent dans l’impossibilité de rentrer chez elles.

Les raisons du départ

Plusieurs facteurs expliquent cet exode : la pauvreté, le chômage et le manque d’opportunités économiques au Togo figurent en tête de liste. Face à ces difficultés, de nombreuses jeunes femmes sont prêtes à tenter leur chance à l’étranger, séduites par la perspective de revenus attractifs dans les pays du Golfe, même si les risques sont immenses.

Une alternative possible au Togo

Toutefois, l’ancien ministre Kossivi Hounake, modérateur du panel, a tenu à nuancer cette tendance en rappelant que le gouvernement togolais a mis en place des mesures pour favoriser l’entrepreneuriat des jeunes. Il a notamment souligné que la création d’entreprise peut être facilitée en 24 heures et que 25 % des marchés publics des ministères sont réservés aux jeunes entrepreneurs. Selon lui, ces initiatives offrent des perspectives viables pour réussir au Togo sans avoir à s’exposer aux dangers de l’émigration irrégulière. « En Libye, c’est l’enfer. Je vous le déconseille », a-t-il conclu.


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