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Makaila Nguebla, l’ancien exilé qui murmure désormais à l’oreille du Président tchadien
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Makaila Nguebla, l’ancien exilé qui murmure désormais à l’oreille du Président tchadien
Abdou Aziz Cissé 🇸🇳
Abdou Aziz Cissé 🇸🇳
May 11, 2023

Notre invité du jour a un parcours riche et sinueux. Dès ses premiers billets en 2000, Makaila Nguebla, journaliste et blogueur tchadien s’attire les foudres du régime d’Idriss Déby père qui a régné au Tchad de 1990 à 2021.

Il s’exile alors au Sénégal. au pays de la téranga, il devient correspondant pour deux médias tchadiens et finit même par créer son blog en 2007. Son objectif est alors double : dénoncer la situation des droits de l’Homme et de la liberté de la presse au Tchad, tout en s’assurant une autonomie éditoriale. Il y arrive, jusqu’à ce que sa situation ne se gâte à nouveau en 2013. Il reprend à nouveau le chemin de l’exil.

Aujourd’hui,  Nguebla est Conseiller chargé des droits de l’Homme au Tchad, depuis mars 2022. Lors de sa récente visite de courtoisie au siège de AfricTivistes à Dakar, Dialogue Migration en a profité pour rencontrer pour vous cette plume tchadienne qui a connu la migration, l’expulsion et l’exil avant de rentrer dans son pays.

Le reste c’est lui qui nous le raconte.

Dialogue Migration : On pourrait presque dire que l’exil est dans votre ADN. À 9 ans déjà, vous étiez obligé de fuir avec votre famille au Cameroun, durant la guerre de N’Djamena (1979-1980). Et en 2013 encore, pouvez-vous revenir sur les péripéties de votre dernier exil ?

Makaila Nguebla: Mon histoire est effectivement liée à mon combat démocratique pour les droits de l’Homme, la liberté, l’alternance et la bonne gouvernance. Ce qui m’a valu en 2013 d’être expulsé de Dakar vers Conakry. 

Il a fallu une mobilisation citoyenne au niveau du Sénégal et de la sous-région pour que ma cause soit entendue et défendue à l’échelle internationale. Et c’est bien ce qui m’a permis d’obtenir un visa pour la France en 2013, après mon expulsion de Dakar. En France, j’ai continué à mobiliser sur les mêmes combats, notamment les plaidoyers sur la question du Tchad, en participant à des rencontres et des débats. 

En 2015 à Dakar (Sénégal), j’ai participé au lancement officiel du mouvement AfricTivistes. C’était pour prêcher la cause du peuple tchadien qui aspire à la paix et à la stabilité. C’est à la mort d’Idriss Déby, en 2021 que je suis appelé à rentrer dans mon pays d’origine pour pouvoir continuer à être une force de proposition, contribuer à la stabilité du pays, à la continuité des institutions, mais surtout à une véritable démocratie au Tchad. 

A quel moment votre militantisme vous a valu les foudres du gouvernement tchadien ? 

C’est justement entre 2000 jusqu’en 2005 où j’avais commencé à écrire des articles dans la presse, notamment Jeune Afrique. C’était de petits billets pour dire à la communauté internationale que le Tchad avait mis un verrou sur la démocratie. Il y avait une absence de démocratie, d’élections présidentielles libres et transparentes. Donc en 2005 j’ai été expulsé de Tunis vers Dakar. Et à Dakar, j’ai été successivement correspondant des médias en ligne. Je me suis réorganisé et j’ai créé un blog sur l’actualité tchadienne. En même temps animer une émission radio à Manoré FM (Radio communautaire à Dakar, au Sénégal NDLR) qui donne la parole aux réfugiés “Le banc des réfugiés.” Et c’est cette émission qui permet aux migrants, aux réfugiés et demandeurs d’asile au Sénégal et aux personnes ressources membres de la société civile sénégalaise à prendre la parole, pour non seulement dénoncer le non-respect du droit d’asile au Sénégal, mais également à interpeller les autorités sénégalaises à faire mieux en terme de protection du droit d’asile des personnes qui sont sur le sol sénégalais.

J’ai continué cette activité au Sénégal jusqu’à mon expulsion en 2013. J’ai été privé de mon passeport du Tchad. Je n’avais ni carte d’identité ni statut de réfugié au Sénégal. J’étais dans une situation pratiquement d’apatride. 

Et à quel moment êtes-vous revenu au Sénégal? 

Je suis revenu en 2015, deux ans après mon expulsion. J’étais l’invité officiel du lancement de l’organisation AfricTivistes pour témoigner de mon parcours. Parce qu’il faut signaler que l’idée de mettre en place AfricTivistes est née de de mon expulsion en 2013. 

Cheikh Fall (NDLR: président d’AfricTivistes) et d’autres amis ont pensé qu’il fallait avoir une ligue qui fédère les activistes africains pour défendre leurs causes. C’est comme ça qu’on a lancé le mouvement et donc je suis revenu en terre sénégalaise, mais aussi pour remercier tous mes soutiens sénégalais et africains.

En 2022, vous avez été nommé conseiller chargé des droits de l’Homme au Tchad. Comment décrivez vous la situation des droits de l’Homme dans votre pays et en Afrique de manière générale?

La situation des droits de l’Homme en général sur le continent reste quand même inquiétante. Étant donné que quand vous voyez l’Afrique de l’Ouest, avec le Mali, le Burkina, la Guinée sombre dans une situation désolante. Je n’exclus pas non plus le Sénégal parce qu’il y a des journalistes qui ont été arrêtés et détenus arbitrairement. Ça pose problème en termes de respect des droits humains sur le continent africain. 

Mais en ce qui concerne le Tchad, notre mission, c’est de faire respecter les droits humains dans notre pays. Il est vrai que nous sommes dans un pays en transition politique et que les choses ne sont pas si roses. Il y a certes  des retards sur la question des droits de l’Homme. Mais il y a une attention particulière portée par le chef de l’Etat à cette situation.  

A notre niveau, nous lui avons fait beaucoup de propositions pour améliorer la situation des droits de l’Homme au Tchad. La preuve, c’est qu’il a accepté d’organiser à N’djaména, le Forum national des droits de l’Homme qui a regroupé les défenseurs droits de l’Homme, les activistes, ce qui, à l’époque d’Idriss Déby, n’avaient pas un espace d’expression. Cette rencontre a permis de faire un état des lieux sur la situation des droits de l’Homme au Tchad, mais aussi de proposer des alternatives. 

On avait également organisé le Dialogue National Inclusif et Souverainau cours duquel la Commission droits et libertés a été animée par des forces de l’ordre et des journalistes.

Donc, on ne peut pas dire que la situation est complètement saine, mais, il y a des efforts à faire et des défis à relever et nous sommes conscients aussi que le chef de l’Etat est aussi conscient. La preuve, il a accepté que le Tchad accueille la Conférence des barreaux qui regroupe les avocats tchadiens et qui a fait venir des avocats français, africains pour débattre effectivement du métier d’avocat. Mais également poser des actes importants pour la libération des manifestants des événements du 20 octobre 2022.

La grâce présidentielle a été accordée grâce aux propositions que nous lui avons faites pour rassurer la communauté nationale et internationale. Nous pensons que nous sommes écoutés par le chef de l’Etat qui veut aussi vraiment attenter à cette situation des droits de l’Homme, parce qu’on ne peut pas aujourd’hui transgresser les droits de l’Homme et parler de démocratie dans un pays.

Les droits de l’Homme sont vraiment un des piliers importants tout comme la démocratie, la liberté d’expression et de presse si on veut un essor démocratique. 

Il y a des opposants qui se sont exilés. Mais on parle plus du cas de Succès Masra. Qu’en est-il des autres opposants ? 

La situation des opposants au Tchad est certes préoccupante. Et Succès Masra en est une des figures de cette opposition. D’autres s’en sont sortis, mais la main tendue du chef de l’Etat était toujours orientée vers ce dernier. Parce que pour lui, il a fait un appel au dialogue à tous les opposants qui sortaient, y compris les opposants armés. Il n’y a pas de raison que les personnes qui sont auteures ou pas du mouvement du 22 octobre s’exilent. 

Nous avons défini ce dernier comme une répression morale et donc il faut que ces gens-là acceptent la main tendue du chef d’Etat parce que leur sécurité pourra être garantie à l’intérieur du pays. Aussi, l’appel du chef de l’Etat doit être respecté. Nous sommes là pour faire respecter la parole du président de la transition et que personne ne soit exclu de son pays ou bien arrêté de manière arbitraire. C’est pourquoi nous pensons que vraiment, il faut que tous les fils du pays se réunissent pour parler démocratie et pour trouver des solutions pacifiques aux maux qui ruinent le Tchad depuis une soixantaine d’années. 

Nous avons vu des chefs de l’Etat appelés leurs opposants au dialogue. Mais n’est-ce pas seulement une stratégie politicienne. Pensez-vous que les opposants tchadiens doivent répondre ?

Le chef de l’Etat a dit que tous les fils du Tchad ne peuvent pas rester éternellement en exil. Et être en exil réduit les marges pour poser des actions à l’intérieur du pays. Il est hors de question de rester en exil. Le combat se mène à l’intérieur du pays. Comme nous autres, nous avons été en exil. Pendant des années, j’étais au Sénégal, en France et en Guinée, mais je suis actuellement au Tchad pour mener ce combat aux côtés du chef de l’Etat, pour le sensibiliser sur le respect des droits de l’Homme et des libertés d’expression et surtout pour un ancrage démocratique et une maturité politique. 

Vous étiez l’un des opposants du Maréchal Idriss Deby, ce qui vous a valu d’être exilé à un moment donné. Actuellement, vous êtes le conseiller spécial de son fils, n’est-ce pas contradictoire ?

Ce n’est pas contradictoire, étant donné que la page Déby (ndlr: père)  a été tournée. 

Oui, mais c’est son fils qui assure aujourd’hui la succession, une sorte de continuité.

Justement le fils n’a pas voulu s’emparer du pouvoir. Son père est mort. Des officiers de l’armée tchadienne ont pensé qu’il faisait consensus au sein de la hiérarchie militaire. Donc, quand il a pris le pouvoir, il a d’abord appelé au dialogue l’opposition démocratique interne. Après, il a tendu la main à la diaspora. Et pour nous, en fait, la règle dit que si votre ennemi vous tend la main, pour dialoguer, il faut répondre. Par respect pour lui, mais aussi pour nos amis qui nous ont soutenu, on a voulu répondre à cet appel de la main tendue du chef de l’Etat. On a voulu le prendre au mot, en étant à l’intérieur du pays. 

Nous ne sommes pas en contradiction avec nous même. Parce que le dialogue avec le fils entre dans le cadre d’une transition. Nous pensons que notre présence à côté du chef de l’Etat peut l’aider à améliorer la situation des droits de l’Homme, des libertés et surtout de la démocratie dans notre pays. Donc il n’y a aucune contradiction. 

Si le Maréchal Idriss Déby Itno avait fait preuve de bonne foi, comme son fils actuellement, on serait là pour l’aider aussi. Mais à l’époque, Déby n’avait pas offert l’opportunité à l’opposition de s’exprimer, de répondre à ses appels. Il a voulu discuter avec l’opposition de l’intérieur, mais pas avec celle de la diaspora. 

Quels sont les actes posés qui prouvent la bonne foi de l’actuel Président ? 

Sa bonne foi est matérialisée par un accord de paix signé entre l’opposition armée composés de groupes rebelles opposés au régime de Déby père depuis 2003 et qui ont tenté à plusieurs reprises de renverser le pouvoir de N’djamena, (en 2006, en 2008 et en 2019.) Ils se sont réunis à Doha (Qatar). Ils ont signé l’accord de paix pour renoncer à la lutte armée. 

Le deuxième acte fort, c’est le fait qu’il ait libéré des prisonniers. Y compris des rebelles qui sont à l’origine ou pas de la mort de son défunt père. Le troisième acte est la main tendue à la diaspora tchadienne en exil. Il y a des personnes qui ont fait 40 ans voire 50 ans d’exil et qui n’ont pu revoir le Tchad que sous la présidence de Mahamat Idriss Déby. 

Ces actes nous rassurent. Il n’y a aucune inquiétude. On est là, on se bat de manière démocratique. On donne nos idées sur ce qui se passe. On salue tout ce qui est bien fait, mais on n’hésite pas à dénoncer ce qui n’est pas bien fait. 

Notre mission est de faire respecter les valeurs universelles des droits de l’Homme, de liberté, de démocratie et de bonne gouvernance. 

Donc on peut dire qu’il y a bon espoir pour une amélioration des droits de l’Homme? 

Justement, notre présence à Dakar, c’était également de nous inspirer d’expériences sénégalaises en matière de droits de l’Homme. Le Sénégal est un grand pays démocratique, un pays qui a une culture des droits humains. Donc, nous sommes là pour nous inspirer de ces valeurs afin de les vulgariser au Tchad. Et que cela puisse aider à ce que le Tchad puisse être un pays respectueux des droits de l’Homme. 

Pensez-vous que le fait de tenir un référendum constitutionnel constitue un panacée pour les problèmes démocratiques du Tchad ?

C’était le souhait des participants au dialogue national qu’on appelle le peuple à s’exprimer sur un pays unitaire, décentralisé ou fédéral. Nous pensons que c’est les préoccupations de tout le monde. Si les tchadiens estiment que la fédération est appropriée pour l’unité nationale et pour le pays, pourquoi pas. Mais la plupart de nos compatriotes souhaitent vraiment qu’il y ait un État unitaire auquel tout le monde va s’identifier avec la justice et l’égalité. 

Je pense qu’il est hors de question d’opter pour la fédération étant donné que la fédération n’a pas été et n’est toujours pas une solution. Vous avez le cas du Nigeria avec ses disparités sociales entre des zones riches et des zones pauvres. Vu tout ça, la position des détracteurs est incompréhensible parce que ce référendum est une émanation du dialogue national qui nous amène à faire état. 

Le Sénégal a reculé de 31 places dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans Frontières. Quelle lecture faites-vous de cette situation? 

Le Sénégal est un pays démocratique, respectueux des valeurs universelles, un pays d’alternance politique. Mais nous qui sommes depuis l’étranger, nous suivons avec une attention particulière les arrestations incessantes des journalistes qui sont emprisonnés pour des prises de parole, puis par rapport à leurs écrits sur des sujets qui sont supposés être sensibles. Et cette situation ne ressemble pas un peu au Sénégal que nous connaissons et que nous aimons bien et c’est une régression terrible. Aujourd’hui, Reporters sans Frontières (RSF) classifie les Etats en fonction de leur respect ou non de la liberté de la presse. Cet écart de 31 places est inquiétant parce que RSF est un observateur averti et sérieux.  Et cela est dû au fait qu’il y a eu des actes posés par le pouvoir en place qui n’ont pas permis à RSF et d’autres institutions de mieux juger le Sénégal. Maintenant, cette situation nous inquiète parce qu’il faut absolument que le Sénégal retrouve vraiment sa place historique de pays démocratique avec une maturité politique avec la valeur que nous lui reconnaissons. Mais si cette situation persiste, nous craignons que ça puisse mettre le pays dans une situation extrêmement inquiétante. Il faut que les uns et les autres se ressaisissent. Autant, l’opposition, tout comme le pouvoir qui doivent de privilégier l’intérêt général pour le peuple sénégalais et parce que c’est l’un des pays d’Afrique de l’Ouest les plus stables. S’il vacille, c’est extrêmement dangereux pour la sous région et pour le continent africain.

Selon vous, quels sont les principaux défis auxquels font face les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme en Afrique ?

Les défenseurs des droits de l’Homme ainsi que les journalistes en général sont confrontés à des défis liés à la précarité sociale. Ils n’ont pas des moyens suffisants, ils ont un espace d’expression restreint. Il y a également la censure dans des pays avec des pouvoirs persécuteurs, des régimes liberticides qui n’acceptent pas des voix contradictoires. Tant que ces insuffisances persistent, elles ne permettent pas un épanouissement réel du journalisme et des défenseurs des droits de l’Homme en Afrique. 

Il faut doter les  journalistes et les  défenseurs de l’homme de moyens conséquents pour leur permettre de jouer ce rôle d’acteur du développement. Et là, j’interpelle directement les partenaires internationaux, notamment l’Union Européenne (UE) et les Nations-Unies (Onu), pour leur demander d’allouer des ressources aux médias afin qu’ils puissent faire leur travail de manière optimale. Mais il faut aussi garantir aux journalistes et aux défenseurs des droits de l’Homme la sécurité et la protection pour leur permettre de jouer pleinement leur rôle d’information auprès du public qui malheureusement subit notamment la mauvaise gouvernance et le non-respect de leurs droits.

Quelle lecture faites-vous de la volonté prêtée au président Macky Sall de briguer un troisième mandat ?

De manière officielle, le président Macky Sall ne s’est pas exprimé sur sa candidature. Il se peut qu’il change d’avis dans les prochains jours ou mois. Mais vu la mobilisation au Sénégal de l’opposition, la mobilisation générale et l’attention de la communauté internationale, espérons qu’il peut changer de décision à la dernière minute. Mais les signaux qu’il envoie inquiètent les observateurs sénégalais et les observateurs africains en général. 

En 2012. Monsieur Macky Sall faisait partie de ces dirigeants de l’opposition sénégalaise qui se sont opposés farouchement au mandat d’Abdoulaye Wade (ndlr: La troisième candidature successive de Wade s’est terminée par un échec)) ce qui l’a propulsé au devant de la scène. Il y a eu une coalition autour de lui qui a fait de lui le président du Sénégal. Il ne faut pas qu’il se dédise et qu’il respecte la parole donnée. Et comme il a posé des actes en 2012, je pense que nous sommes encore à 8 mois de l’élection présidentielle, que son entourage le conseille afin qu’il se ressaisisse. Il y a un avenir après le pouvoir. 

La preuve, Mahamadou Issoufou ex président du Niger, qui a cédé sa place à l’actuel président, a obtenu récemment à Nairobi (Kenya) le Prix de la fondation Mo Ibrahim. Et nous appelons toutes les organisations internationales à se mobiliser pour le Sénégal pour que l’alternance se fasse par les urnes et que l’option de la violence soit écartée totalement parce que nous ne voulons pas que le Sénégal tombe dans ce cycle. Parce que c’est le seul, le seul pays en Afrique de l’Ouest et en Afrique francophone qui est le plus stable et qui est vraiment un modèle de développement souhaité et auquel nous sommes vraiment attaché. 

L’opportunité nous est offerte pour lancer aussi un appel au président de la République, Macky Sall, afin qu’il puisse donner une chance à la stabilité, à la paix, à la bonne gouvernance et surtout à l’unité nationale du peuple sénégalais. 

Est-ce que vous attendiez à cette forte mobilisation de la jeunesse sénégalaise contre cette troisième candidature ? 

Oui, je m’attendais à cela parce. Je m’en souviens très bien en 2012. Le mouvement M23 lancé par Monsieur Alioune Tine et d’autres forces vives du Sénégal avait conquis Dakar. Et en 2023, nous suivons de près ce qui se passe à travers les médias et les réseaux sociaux. Et la mobilisation de la jeunesse sénégalaise qui est éveillée, déterminée et mature, est liée également à son histoire. Et donc elle peut surprendre si jamais le pouvoir persiste. Cette jeunesse confrontée à des difficultés liées au chômage et à la mauvaise gouvernance se sent souvent exclue. 

Certes, beaucoup a été réalisé en termes d’infrastructures dans le pays. Mais les défis démocratiques sont immenses.

Au-delà du cas particulier du Sénégal, quel est votre analyse par rapport au phénomène des mandats de trop en Afrique ?

Les mandats de trop sont souvent à l’origine de conflits politiques, de conflits armés. Nous ne souhaitons pas que cela puisse quand même arriver au Sénégal. Nous avons eu dernièrement la RDC sous Joseph Kabila qui avait suscité une mobilisation générale de la société civile.

Au Gabon aussi, il y’a eu Ali Bongo avec son élection controversée en 2016. En Afrique de l’Ouest, on a vu le Mali. L’obsession d’IBK à rester au pouvoir lui a valu le départ du pouvoir. Pour ne citer que ces cas la. 

Donc nous pensons que l’heure est venue pour les dirigeants Africains de développer une culture d’alternance. Parce que s’arc bouter au pouvoir peut souvent être source de conflits politiques qui peuvent saper la stabilité nationale. Ceux qui veulent se pérenniser au pouvoir pensent être indispensables. Alors que nul n’est indispensable. 


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