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Forum Harmattan : le respect de la dignité humaine des migrants au cœur des débats à Lomé
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Forum Harmattan : le respect de la dignité humaine des migrants au cœur des débats à Lomé
Ndengar Masbé 🇧🇫
Ndengar Masbé 🇧🇫
February 22, 2025

La migration est un phénomène vieux comme l’humanité. Chaque année, il y a des départs et des arrivées d’un pays à un autre. L’Organisation Internationale de la Migration (OIM) a estimé, en 2020, plus de 280 millions de personnes qui vivaient en dehors de leur pays d’origine. Chaque année, les statistiques sont croissantes en la matière, alimentant, souvent, des débats. La question migratoire demeure donc une problématique majeure qui nécessite une réflexion afin de trouver des pistes de solutions. C’est dans cette optique que la Clinique d’Expertise Juridique et Sociale (CEJUS) a organisé, en partenariat avec plusieurs organisations dont AfricTivistes à travers son projet Dialogue Migration, du 19 au 21 février 2025 dans la capitale togolaise la 6e édition du forum Harmattan sous le thème : « Les migrations au rendez-vous du développement durable : garantir la dignité humaine, l’inclusion des jeunes et des femmes ».


La mobilité des populations, depuis toujours, a été un phénomène naturel. Mais cela n’est pas sans contraintes. Ces dernières années, la migration a alimenté des débats très houleux. De l’Europe au Canada en passant par les Etats-Unis avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche et sa politique anti-migration, les migrants broient le noir au mépris du droit international. Ils font face à des situations dégradantes et humiliantes. Ils sont considérés dans certains pays comme des « envahisseurs ». Certains les trouvent « encombrants ». Pourtant « nous sommes tous des migrants », s’est exclamé professeur Adjita AS, Doyen de la faculté de droit de l’université de Lomé. Il rappelle que l’homme, dans son existence, s’est toujours déplacé à la recherche du mieux-être. Dans la recherche des conditions meilleures, les migrants font face à l’incertitude et aux multiples difficultés. Ainsi les migrants sont-ils confrontés aux restrictions dans certains pays et ces restrictions portent atteinte à la dignité humaine des migrants, a fait savoir le Doyen qui relève un paradoxe en disant que le plus souvent ceux qui luttent contre la migration sont des migrants devenus autochtones.


Quitter son pays n’est pas souvent de gaieté. Surtout dans un contexte où la méditerranée est devenue le théâtre d’une tragédie humaine. Des mères et des pères qui continuent de regarder, impuissamment, leurs enfants y disparaitre en tentant un eldorado, en quête d’un monde meilleur. « Lorsqu’on voit des enfants, des mères, des jeunes… en mer sur des embarcation de fortune on ne peut se contenter de dire qu’ils envahissent mais que vont-ils devenir », telle doit être la question qu’on doit se poser, a estimé Dieudonné Kossi, Directeur exécutif de Clinique d’Expertise Juridique et Sociale (CEJUS), structure organisatrice du forum. C’est « le désespoir et le manque de perspective » qui contraignent certaines personnes à quitter leur pays d’origine, a souligné Dieudonné Kossi. Il plaide pour une meilleure condition de vie pour les jeunes africains qui sont contraints d’aller voir ailleurs. La migration, selon le directeur exécutif de CEJUS ne devrait pas être la seule issue pour la jeunesse africaine. Il invite à combattre l’idée qu’on ne peut réussir qu’ailleurs. Pour ce faire, il faut redonner l’espoir aux jeunes en leur faisant savoir qu’ils peuvent bel et bien réussir dans leur propre pays pour peu qu’il y ait de la solidarité et un engagement collectif. Il faut trouver de nouvelles perspectives aux nouvelles générations, a renchéri Dieudonné Kossi.


Pour le 1er vice-président de l’université de Lomé, professeur Komlan Batawila, la migration est un levier puissant de développement et non une fatalité dictée par une précarité. Pour lui, chaque individu qui est en mouvement porte un potentiel qui peut être mis au service de la société. Il rappelle le rôle des jeunes et des femmes en faisant savoir qu’ils sont des moteurs de changement et porteurs de créativité. Il plaide pour l’inclusion de ces derniers dans le processus de développement dans leurs pays d’accueil et cela dans le respect de la dignité humaine.
Le professeur Abdou Khadre Diop, en citant l’OIM, a fait savoir que 80% des migrations africaines se déroulent en Afrique. Il invite de ce fait à être moins alarmiste. A l’échelle mondiale, l’Afrique n’est pas vue comme une grande fournisseuse de candidats à la migration. Ce qu’a fait savoir Guillaume Goulard, Conseiller d’Etat, président adjoint de la section de l’intérieur, France et par ailleurs juriste. Il dresse la liste des pays fournisseurs de candidats à l’immigration avec en tête l’Inde avec 18 millions. Le Mexique vient en 2e position avec 11 millions suivi de la Russie avec le même chiffre ensuite la Chine se place à la quatrième place avec 10 millions, etc. Et les destinations préférées, à l’échelle mondiale, des migrants sont entre autres les Etats-Unis d’Amérique, l’Allemagne, l’Arabie Saoudite… Selon Guillaume Goulard, aucun pays africain ne figure parmi les grands pays ou entités où les ressortissants migrent le plus en mentionnant qu’il y a 40% des Africains qui vivent en dehors de leur pays. Toutefois, il ajoute que ce chiffre augmentera dans les années à venir. M. Goulard a fait remarquer que de plus en plus on constate une hostilité des pays d’accueil contre les migrants. Cette hostilité est estimée à 51% en Europe et 41% en France. C’est le constat fait également par le professeur Gildas Fiacre Nonnou. Selon lui, la cohabitation entre les migrants et les pays d’accueil est menacée et devient de plus en plus difficile avec une criminalisation de la migration car les migrants sont considérés comme une menace à la sécurité, à l’emploi et sont sources de tension sociale. Et pourtant le professeur indique que la migration est un vecteur de croissance économique car, poursuit-il, les migrants envoient des devises dans leur pays d’origine participant ainsi au développement tout en contribuant au développement de leur pays d’accueil. Il a noté également la diversité et le brassage culturel, la diffusion des compétences et des connaissances spécialisées, les échanges commerciaux…


Tous les intervenants ont souligné que les migrants ont des droits qu’il faut respecter. Ils ne doivent donc pas faire l’objet de marginalisation. Pour eux, les migrants doivent bénéficier de la protection juridique et la sanction en cas de violations des droits humains tout en se conformant à la déclaration universelle des droits de l’Homme.


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