Au Bénin, des non nationaux contribuent à l’activité économique du pays. Ceci dans des secteurs parfois abandonnés par les autochtones, ou dans lesquels ils sont peu présents. L’activité de ces différentes communautés à un impact remarquable sur l’économie du pays. Toutefois elle n’est pas perçue par grand monde. Dialogue Migration à travers cette enquête, fait le constat de l’impact économique des non nationaux à Cotonou au Bénin.
D’origine nigérienne, et résident au Bénin, Arouna est l’un des grossistes de la vente de nattes en plastiques qu’il importe du Nigéria voisin. Venu à son entrepôt, situé non loin de l’Étoile rouge dans le 8ème arrondissement de Cotonou avec un client, il montre à ce dernier son nouvel arrivage. Au total, 540 pièces dont la douane lui a coûté 216 milles francs CFA. ‘’ J’ai payé la douane, également le transport pour son acheminement … ‘’ indique-t-il, les documents à l’appui.
Du côté du quartier Zongo, dans le 5ème arrondissement de Cotonou, se situe la grande mosquée de Cotonou. C’est ici qu’Ibrahim Abdallah, de nationalité nigérienne, vend des portatifs d’occasion communément appelés ‘’Venus de France’’. Ce quartier est réputé pour être un centre commercial à ciel ouvert regorgeant d’une multitude de nationalités. “Nous sommes en règle” affirme Ibrahim Abdallah. En effet, la location est payée, la mairie et l’impôt aussi, suffisant pour être tranquille. “Vous aurez dû remarquer que nous avons une plaque avec le numéro Ifu (identifiant fiscal unique, ndlr) ‘’, dit-il. Du côté des rails, Adamou, un nigérien, vend entre autres, des objets d’usage ménager et des mobiliers. Il soutient s’acquitter, de ses redevances d’occupation du domaine public pour ses marchandises étalées hors de l’enceinte de ses trois boutiques qu’il loue. En haut de l’entrée de l’une d’elles est affichée la quittance d’une partie de ses versements à la municipalité s’élevant à 120 mille francs CFA soldée au ¾ à cette période de l’année.
Dans cette zone commerciale située au quartier Zongo, la location des boutiques varie de 50 à 80.000 francs CFA, par mois. L’utilisation du domaine public et l’usage d’enseignes sont facturées par la mairie. Le service des impôts quant à lui se charge de la collecte de la fiscalité. ‘’ L’année dernière, on tournait autour de 50.000 francs CFA, pour les impôts ‘’, déclare un des tenanciers. La mesure, selon lui, s’applique sans distinction.
‘’ Quand ils viennent, ce n’est pas pour demander si nous sommes Béninois ou Nigérien. L’essentiel pour eux c’est qu’on a une entreprise et qu’on doit payer l’impôt ‘’, reconnaît Abdoul Kadri. La plupart des entreprises dans cette zone suivant les usagers est composée à 99% d’étrangers. ‘’ Si vous observez bien, vous verrez que c’est totalement une zone commerciale. Une boutique peut engranger en moyenne 100 à 200 mille francs par jour. Imaginez le nombre de boutiques qu’il y a … ‘’, témoigne Abdoul Kadri à Dialogue Migration.
Au marché Dantokpa de Cotonou, le plus grand marché à ciel ouvert d’Afrique de l’Ouest, on répertorie une multitude de nationalités dont des Nigérians, des Ghanéens, des Togolais, des Ivoiriens, des Libanais et des Indo-pakistanais. Une étude sur l’importation de véhicules d’occasion à Cotonou, révèle le contrôle de cette activité par les Libanais selon la Revue européenne des migrations internationales (REMI). Cependant, si dans la ville des entreprises privées sont possédées par des béninois, on dénombre des sociétés d’origine étrangère, principalement française, asiatique, libanaise et autres.
Des impacts économiques …
Aucune des sources officielles, notamment l’Institut National de la Statistique et de la Démographie (INStaD) et la Mairie de Cotonou contactées, n’a donné suite aux requêtes de Dialogue Migration sur l’activité économique des non nationaux à Cotonou, après plusieurs relances.
Évoquant l’activité de communautés non béninoises dont les Nigériens qui font dans de petits commerces ou qui sont des marchands, leurs mouvements participent à l’intégration avec des impacts positifs sur l’économie, relève le professeur Joseph Saguy. Il est enseignant chercheur au Département de Sociologie-Anthropologie de l’Université d’Abomey-Calavi au Bénin, Spécialiste des questions de Migrations transfrontalières en Afrique au sud du Sahara.
‘’ Quand ils viennent ici, les Nigériens sont dans de petits commerces. Ils sont un peu partout… Les conséquences au plan économique sont largement positives. Ils participent au développement économique à travers les différentes activités qu’ils mènent. Quand ils viennent, quelque temps après, ils louent des espaces. Ils ne construisent pas. Sur le plan économique c’est de l’argent qu’ils dépensent”, explique l’universitaire.
Selon lui, bien qu’ils rapatrient leurs bénéfices vers leur pays, le fait d’acheter à manger sur place participe à l’économie.
“Aujourd’hui, poursuit-il, on peut compter plus d’un million de Nigériens ici. Ceux qui viennent et ouvrent des ‘’boutiques’’ au bord de la voie, ils vendent et les gens achètent. Donc sur le plan économique c’est des conséquences positives ‘’, relève l’enseignant chercheur.
Quant aux libanais et Indo-pakistanais qui ont de grands magasins au marché Dantokpa, fait-il constater, ‘’ ils vendent le plus souvent en gros et moins cher. Nos parents achètent et vendent en détails ; ce qui leur permet de gagner un peu ‘’. Au plan économique, sur le plan interne les conséquences de l’immigration sont largement positives conclut-il.
Toutefois, il existe des appréciations négatives par rapport aux activités de certaines communautés, notamment les libanais. Il leur est parfois reproché l’accaparement de nombreux secteurs de l’économie nationale dont le secteur du commerce, où ils sont à la fois grossistes et détaillants malgré l’existence des lois.
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