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Trajet Etats-Unis Mauritanie : un nouveau couloir vers la “liberté” parsemé d’embûches  
Témoignage
Trajet Etats-Unis Mauritanie : un nouveau couloir vers la “liberté” parsemé d’embûches  
Maïmouna Lo 🇲🇷
Maïmouna Lo 🇲🇷
August 28, 2023

De la Mauritanie aux USA, en passant par la Turquie, l’Amérique centrale et le Mexique, le nouvel itinéraire est tout tracé pour les jeunes mauritaniens, afin d’entrer de manière clandestine au pays de l’Oncle Sam. Non seulement, il faut dépenser beaucoup d’argent, mais, ils peuvent y perdre la vie ou être séquestré. 

Le jour de son quarantième anniversaire, Samba Fall décide de voyager dans la clandestinité à la quête d’une vie meilleure. « J’ai quitté le sol mauritanien à 20h05mn. Nous étions une vingtaine de Mauritaniens à avoir embarqué dans l’avion cette nuit-là. J’ai acheté le billet d’avion aux environs de deux millions d’ouguiya. Nous avons fait six heures de vol avant d’atterrir à Istanbul Aéroport pour faire une escale de 13 heures », raconte-t-il à Dialogue Migration. 

Accordant une interview via visioconférence, le jeune homme marque de temps à autre des pauses, histoire de se rappeler ces longues heures de vol. Après l’escale, direction Bogota dans l’eldorado pour 13 heures de vol.

Pour arriver à la première destination des migrants : Nicaragua, il faut faire trois autres villes : Bogota, San Salvador et Managua. « C’est là que tout a changé », déclare Samba. Dans son récit, ses yeux hagards fixent un horizon lointain. Il se rappelle ces moments où il désespérait d’entendre la voix de ses parents au téléphone. 

« C’était dur », soupire-t-il. « A notre arrivée à l’aéroport El Dorado Intl de Bogota, il y avait une loi interdisant les passagers mauritaniens de faire une escale à San José. Donc, il fallait changer de plan de vol et le décalage horaire faisait défaut pour contacter les agences de voyages en Mauritanie », ressasse notre interlocuteur. C’était donc le silence radio. « J’étais terrifié », se souvient-il. 

« J’ai pris mon chapelet et j’ai commencé a imploré l’aide de Dieu. La situation sera décantée quelques heures après », confie-t-il, non sans rendre grâce à Dieu. « Alhamdoulilah », se souvient-il avoir dit. 

Samba n’en était pas encore au bout de ses peines.  « Arriver à l’aéroport de Nicaragua, on a payé chacun 160 dollars pour la carte de séjour et un appartement de 15 dollars pour 24h, où finalement, on ne passera que 14 heures. Une fois cette étape franchie, les passeurs de migrants viennent prendre les migrants dans des bus. Ils nous ont dit que nous étions loin du Mexique. Et pour continuer le trajet, il faut débourser encore de l’argent », affirme-t-il dans ses confidences. 

Des jours de calvaires et 830 dollars dépensés

L’étape la plus dure du voyage. De Nicaragua à Tapachula, en passant par Honduras et Guatemala, il faut payer un total de 830 dollars. Des jours de trajet, des nuits sans sommeil. La frontière  entre le Mexique et les USA  mesure plus de 3000  kilomètres. Les migrants entrent par plusieurs portes. Il y a ceux qui entrent par Somaita, Arizona, entre autres. Il faut préciser qu’au niveau de beaucoup de points d’entrée, il faut payer. « Mais, j’ai eu la chance de ne pas payer. Je suis entré par San Luis, Colorado  », narre le jeune émigré. 

Après quelques dizaines de minutes, ils voient des soldats américains débarquer dans un bus pour conduire les migrants à une dizaines de kilomètres. Ils les logent ensuite dans un grand camping. 

« Dans ce camping, nous étions traités comme des prisonniers. On s’est débarrassé de tous nos bagages. Passeports, ceintures, habits… Il ne nous restait qu’un caleçon, une chemise, un pantalon et une veste. A part ça, toutes nos autres affaires étaient jetées. On nous prenait en photo et nos empreintes aussi étaient enregistrées », confie le Mauritanien. Il précise qu’il y avait une grande table où il y avait à manger et à boire. 50 personnes partageaient une même chambre. « C’était comme une prison ».  

De Nicaragua aux Etats- Unis, les migrants font des semaines dans des bus. Parfois, certains d’entre eux sont emprisonnés, d’autres sont pris en otage et d’autres subissent des chantages de la part des passeurs. Avant de sortir du camping pour rentrer chez nos correspondants, on remet aux migrants des papiers. « Moi par exemple, on m’a remis un papier avec un rendez-vous et un téléphone. On m’a dit que chaque semaine, je dois prendre une photo de moi et leur envoyer ça ». 


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