
La dynamique de la migration irrégulière au départ des côtes sénégalaises a connu un infléchissement notable en 2025, selon le commissaire de police principal Mor Ngom, secrétaire permanent adjoint du Comité interministériel de lutte contre la migration irrégulière (CILMI). Cette évaluation a été présentée lors d’une table ronde à la préfecture de Bakel, dans l’est du pays, ce 24 novembre.
Les données recueillies par le CILMI mettent en lumière l’action renforcée des forces de défense et de sécurité dans la surveillance et la prévention des départs irréguliers par voie maritime. Le commissaire Ngom souligne le « travail vraiment remarquable » réalisé dans ce cadre. Entre janvier et octobre 2025, 3 763 migrants ont été interceptés, dont 1 598 Sénégalais et 2 165 ressortissants étrangers. Par ailleurs, 47 embarcations ont été arraisonnées et 150 convoyeurs déférés.
Pour le responsable du CILMI, ces résultats confirment que « le Sénégal n’est plus presque une zone de départ », même si quelques tentatives persistent. Il observe que les candidats à la migration privilégient désormais les zones limitrophes, les départs se faisant plus souvent « au niveau des côtes gambiennes ou des pays limitrophes ».
Émergence de Bakel comme zone de transit et facteurs socio-économiques
Malgré la réussite des opérations côtières, le CILMI fait face à une nouvelle réalité géographique : « le département de Bakel, qui n’était pas une zone de départ, est devenu ces derniers mois un lieu de transit et de recrutement de candidats à la migration. »
Cette mutation a nécessité l’adaptation de la stratégie du CILMI, notamment par le renforcement du dialogue avec les communautés locales. Les échanges menés ont permis d’identifier clairement les racines du phénomène : le manque d’emploi et les difficultés de réinsertion professionnelle sont les facteurs majeurs qui alimentent l’attrait pour l’émigration irrégulière.
En réponse, le commissaire Mor Ngom a réitéré l’engagement de l’État à mettre l’accent sur l’accompagnement des jeunes pour les dissuader d’emprunter ces routes dangereuses.
Parallèlement, l’adjoint au préfet de Bakel, Ngor Pouye, a souligné la création récente, en février, d’un Comité départemental de lutte contre la migration irrégulière (CDLMI) local. Cette structure est spécifiquement dédiée à la sensibilisation, à la prévention et à la gestion des frontières dans cette zone nouvellement critique.